Gestion des sociétés d’Etat : « Celui qui veut s’enrichir, il va dans le privé » (Me Kyélèm de Tambèla)

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Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a présidé la réunion de haut niveau sur la stratégie de gestion des sociétés d’Etat, le jeudi 14 septembre 2023, à Ouagadougou. Il a insisté sur la nécessité d’une rationalisation des dépenses, à travers l’harmonisation des rémunérations, l’arrêt des consultations des cabinets privés, et de la formation de certains agents à l’étranger. 

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C’est une position du Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, qui a le mérite de la franchise et de la fermeté : il faut travailler à rationaliser les dépenses, en harmonisant les rémunérations au niveau des sociétés d’Etat.

« Il n’y a pas de raison que, dans les sociétés d’Etat, les rémunérations puissent aller du simple au quintuple voire dix fois plus. Il faut travailler à l’harmonisation des rémunérations dans les sociétés d’Etat, parce que ces divergences entraînent des frustrations. Il y a des gens qui sont dans les sociétés d’Etat qui travaillent beaucoup plus que dans certaines autres sociétés d’Etat, alors qu’ils gagnent beaucoup moins que ceux qui sont dans ces sociétés-là », a-t-il martelé, à l’occasion des travaux de la réunion de haut niveau sur la stratégie de gestion des Sociétés d’Etat.

Dans la même veine, le Chef du Gouvernement a ajouté que : « Celui qui veut s’enrichir, il va dans le privé. On ne peut pas s’engouffrer dans la fonction publique ou dans les structures d’Etat et puis vouloir accumuler de l’argent dedans. Quand on veut s’enrichir, on va dans le privé. C’est aussi simple que ça. Vous avez par exemple des magistrats qui deviennent avocats, s’ils estiment qu’ils n’arrivent pas à s’enrichir comme ils veulent en tant que magistrats. Nous avons de grands entrepreneurs privés qui ont plusieurs milliards.

Cela n’inquiète personne et personne ne s’en soucie car c’est leur domaine. Mais, quand il s’agit de l’argent public, ça doit être géré de telle sorte à ne pas créer de frustrations et des dysfonctionnements ». D’ailleurs, il a également fait savoir que les frais de consultation des cabinets privés doivent également être harmonisés.

« Il faudra qu’à l’avenir tout cela soit harmonisé. Je sais que parfois, il y a des sociétés d’Etat qui prennent des avocats et le montant des honoraires varie beaucoup d’une société à une autre. Cela ne doit pas se faire, d’autant plus que nous avons l’agence judiciaire de l’Etat qui peut, au besoin, prendre la défense de tout ce qui relève de l’Etat.

Donc, il faut harmoniser également les honoraires versés aux avocats et aux sociétés privées, que ce soit le même taux et la même chose pour tout ce qui est société d’Etat. Vous allez travailler et sur ce plan, et éventuellement procéder à l’annulation de beaucoup de contrats, parce qu’il y a des contrats qui sont en fait des récompenses à des amis, et qui sont dans des niches depuis longtemps et qui sont surprotégés par tous les moyens possibles. Tout ça doit prendre fin. La bonne gestion commence par là aussi ».

Comme exemple de rationalisation des dépenses, il a cité le Gouvernement de la Transition. « On nous a privé de beaucoup de financements, mais par la rigueur dans la gestion, nous arrivons à faire mieux qu’à l’époque où on bénéficiait de financements. Le budget se porte mieux, la croissance économique en 2024 sera mieux qu’en 2023, sans avoir eu de financements.

La France, par réaction impulsive, a récemment arrêté ses engagements, notamment son aide publique au développement, à travers l’Agence française de développement (AFD). Cela ne nous dit rien parce qu’on avait anticipé. Dans la bonne gestion, on récolte beaucoup d’argent qu’avant, parce que le peu qu’on a on gère ça bien. C’est cette orientation que j’ai à donner et il faudra désormais procéder de cette façon », a-t-il insisté.

Toujours, pour la bonne gestion des deniers publics au niveau des sociétés d’Etat, le Premier ministre a dénoncé certaines pratiques, notamment celles relatives aux formations des responsables, cadres et administrateurs à l’étranger.

Selon lui, ce sont de « vieilles habitudes » qu’il faut arrêter. « Les gens vivent sur des habitudes. Ce sont des habitudes des années 60. Il n’y avait pas d’experts compétents au Burkina Faso. Donc, partout on allait à l’étranger. Maintenant, on a beaucoup de professeurs d’universités compétents dans tous les domaines. Donc, ces formations peuvent se faire ici sur place. Si on veut vraiment l’expertise, on va en trouver sur place. Certains de nos experts sont invités à l’étranger. Pourquoi, nous on va les laisser et aller chercher ailleurs ? », a-t-il questionné.

Et le Premier ministre de poursuivre : « La plupart de ces déplacements pour raison de formations sont du tourisme. Ils ne reviennent pas avec une connaissance en plus. C’est l’occasion pour certains de voyager et de connaître des pays, d’avoir des frais de missions et des perdiems. Sinon, quand ils reviennent, il n’y a aucun impact positif dans le service. Rien ne change et c’est toujours le train-train quotidien. Nous avons des compétences à l’interne.

C’est l’occasion pour nous de valoriser l’expertise nationale. Quand on cherche, on peut trouver sur place, et on n’a pas besoin d’aller ailleurs pour chercher quoi que ce soit. Les frais de financement, d’hébergement et de séjour pour tous ceux qui vont à l’étranger asphyxient le budget national. Il faut donc veiller à mettre fin à toutes ces pratiques. Ceux qui ne sont pas contents peuvent toujours aller dans le privé. Si vraiment c’est nécessaire, on peut faire venir un expert de l’étranger qui va faire des formations un peu partout et à tout le monde », a-t-il martelé.

Cette réunion de haut niveau a, en outre, constitué une tribune d’échanges et d’appropriation de la stratégie de gestion des sociétés d’Etat. Elle a également été un canal de redevabilité dans la mesure où l’état de mise en œuvre de la stratégie de gestion applicable aux entreprises publiques, à savoir dix-neuf (19) sociétés d’Etat et trois (03) Etablissements Publics de Prévoyance Sociale (EPPS) au 31 décembre 2022 a été présenté ainsi que les difficultés de mise en œuvre y afférentes.

Pour finir, elle a été sanctionnée par plusieurs recommandations, à savoir l’harmonisation de la rémunération du personnel au niveau des sociétés d’Etat, ainsi que les honoraires des cabinets dans le cadre des prestations intellectuelles, notamment en matière de conseil juridique et de formation, la relecture des textes qui entravent la bonne marche des sociétés d’Etat, plus précisément ceux relatifs à la commande publique et la gestion des maîtrises d’ouvrage délégués publics, etc.

Source : DCRP/Primature

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