Déclaration de rentrée du Comité exécutif de l’Association des Étudiants Burkinabè en France (AEBF)

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Ceci est une déclaration de rentrée du Comité exécutif de l’Association des Étudiants Burkinabè en France (AEBF).

Camarades étudiant.e.s

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En ce début d’année académique 2023-2024, le Comité Exécutif (CE) de l’AEBF tient à féliciter les étudiant.e.s Burkinabè en France qui ont réussi leur année écoulée. À celles et ceux qui reprennent leur année pour une raison ou une autre, il leur souhaite du courage et de la persévérance. Aux quelques étudiant.e.s nouvellement arrivé.e.s en France, malgré les difficultés d’obtention de visa,  le CE leur souhaite la bienvenue en France et leur dit courage pour cette nouvelle aventure en France. Cette dernière décision du gouvernement français de suspendre la délivrance des visas a aggravé la situation pour les étudiant.e.s nouvellement inscrit.e.s dans les universités françaises. Une remise en cause frontale de la liberté de circulation et des droits à l’éducation.

Camarades étudiant.e.s,

Cette rentrée académique se tient dans un contexte international d’enlisement de la crise du système capitaliste impérialiste avec ses retentissements en Afrique et dans notre pays, le Burkina Faso.  Cette crise se manifeste notamment par :

  • Les rivalités inter-impérialistes de plus en plus frontales pour le repartage du monde en zones d’influence ;
  • Les guerres civiles réactionnaires et de rapine fomentées par les puissances impérialistes ;
  • La crise économique, caractérisée entre autres par la suraccumulation du capital par une minorité, contrastant avec l’exploitation, le chômage, la misère, la vie chère, les famines, les maladies, etc. qui frappent des travailleurs et travailleuses, la jeunesse populaire et les peuples du monde ;
  • Le développement de luttes multiformes de plus en plus nombreuses et menées par les travailleurs/travailleuses et les peuples contre les conséquences de la crise multidimensionnelle du système capitaliste.

C’est dans cet enlisement de la crise du système capitaliste impérialiste qu’il faut inscrire la multiplication des foyers de tensions, comme c’est le cas en Ukraine, au Sahel, dans la Corne de l’Afrique, en Afrique centrale, au Moyen-Orient, en Extrême-Orient, le regain de la course à l’armement, etc., faisant courir au monde les risques d’une 3ème guerre impérialiste mondiale.

Au Moyen Orient, l’Etat d’Israël, un Etat d’apartheid soutenu par l’ensemble des pays occidentaux (USA et UE en tête), mène une riposte contre la population civile de la Bande de Gaza avec une violence sans précédent en réponse à l’offensive menée par le Hamas le 7 octobre 2023. Nous condamnons ces crimes de guerres qui coûtent la vie à des milliers de personnes et affirmons notre soutien au peuple palestinien qui résiste à la politique de terreur, de colonisation et d’apartheid menée par Israël.

En France, après une année écoulée marquée entre autres par la lutte contre la réforme des retraites instaurant le départ à la retraite à 64 ans et les émeutes de la jeunesse des quartiers populaires, cette nouvelle année académique s’annonce toujours sur le passage en force des différentes lois impopulaires du gouvernement du président Emmanuel Macron par le 49.3 (budget de guerre, budget d’austérité…), mais aussi des luttes des travailleurs et de la jeunesse pour les minima sociaux, l’augmentation des salaires et des pensions.

Camarades, 

Au Burkina Faso, le contexte reste marqué par la guerre civile réactionnaire imposée à notre peuple par les puissances impérialistes depuis plusieurs années. Cette situation a créé une crise politique, économique, sociale et humanitaire sans précédent dans l’histoire de notre pays. Le retour des militaires au pouvoir depuis janvier 2022 n’a pas permis d’améliorer significativement la situation.

Le pouvoir du MPSR2 est loin de se distinguer des autres pouvoirs réactionnaires qui se sont succédés à la tête du pays. On peut noter entre autres :

  • Le bradage des ressources du pays à travers l’octroi de titres miniers à des sociétés minières en dehors des procédures légales en la matière. Ce fut le cas de la cession des mines de Tambao et d’Inata à l’entreprise Afro Turk.
  •  L’interdiction de fait de dénonciation des actes de mal gouvernance, sous peine de se voir envoyer au front ;
  •  L’institution de nouvelles taxes à travers les prélèvements sur les prix de nombreux produits de grandes consommations (des hydrocarbures, des services de téléphonie mobiles, etc)

Pendant que le MPSR2 fait dans la phraséologie anti-impérialiste, les multinationales se frottent les mains. Comment comprendre que c’est aux populations qui souffrent déjà de la crise de payer pour l’”effort de guerre”, elles qui ont déjà de la peine à survivre dans ces conditions ? Cependant, les grandes entreprises et multinationales (les sociétées minières, SODIBO/BRAKINA du groupe Castel et aussi des téléphones mobiles dont Orange, Moov, etc) qui pillent les ressources du pays et se font des profits collossaux sont épargnées de l’augmentation des taxes.

Pire, certaines entreprises refusent de reverser à l’Etat les taxes collectées dont le montant est estimé à environ 800 milliards. Par ailleurs, le Fonds minier de développement, acquis de lutte des populations locale, est en train d’être remis en cause. Il a ainsi été décidé d’utiliser ce fonds pour le financement de l’effort de guerre. Pourtant la part de l’État dans les sociétés minières est de seulement 10 %. Plutôt que d’augmenter la part à 51 % comme le revendique l’Unité d’Action Syndicale (UAS), le pouvoir préfère protéger ces sociétés et pressurer davantage les populations. Ces choix de politiques fiscales du MPSR2 s’inscrivent dans une ligne de politique de classe qui favorisent les riches et pressurent les pauvres.

Par ailleurs, la guerre civile réactionnaire imposée à notre peuple a fait de nombreuses victimes, causant un véritable drame humanitaire et social. A titre illustratif, plus de 10 000 civils et militaires sont tombés depuis le début de cette crise. A ce jour, selon les données du SP/CONASUR, on compte plus de 2 millions de déplacés internes du fait des attaques terroristes. Ce sont majoritairement des femmes et des enfants. Ces déplacés internes vivent dans des conditions difficiles et manquent du minimum vital (logement, nourriture, électricité, eau potable, soins de santé, etc.). Avec la persistance des attaques terroristes, on peut s’imaginer que la saignée risque de se poursuivre. Les militaires au pouvoir, plutôt que de concentrer les énergies pour porter assistance à ces populations qui manquent de tout et surtout éviter que d’autres populations ne se déplacent, sont dans une logique de conservation du pouvoir par des manigances de tout genre.

Camarades étudiant.e.s,

Sous le prétexte de la lutte anti-terroriste, le pouvoir du MPSR s’illustre particulièrement dans des atteintes aux droits fondamentaux des populations. C’est ainsi que l’on assiste à des enlèvements par des escadrons de la mort (cas de Django, l’imam Mahamadou Diallo, Sansan Kambou), des enrôlements forcés de citoyens (cas de Dr Arouna Louré, Boukaré Ouédraogo de l’Appel de Kaya), des menaces de morts contre des personnes considérés comme critiques vis à vis du pouvoir du MPSR2. C’est le lieu pour l’AEBF de dénoncer les attaques contre le collectif syndical CGT-B et les organisateurs du meeting (suspendu) du 31 octobre 2023. Il leur apporte son soutien.

Camarades étudiant.e.s, 

Les étudiant.e.s burkinabè en France font doublement face aux difficiles conditions de vie et d’études auxquelles font face les étudiant.e.s en France, mais aussi à d’autres difficultés particulières en tant qu’étudiant.e burkinabè en France.

La rentrée universitaire en France se fait sous le signe de l’inflation et de la précarité. Selon l’enquête de syndicats d’étudiants français, les frais de la vie courante connaissent une    augmentation d’environ 8%. Ainsi, le montant du loyer, qui représente le premier poste de dépense, a augmenté de 8,95%, quand celui de l’alimentation s’est accru de 15,34%.

Les principales difficultés qu’ils rencontrent sont d’ordre social, académique mais aussi organisationnel. La synthèse de ces principales difficultés, issues d’une enquête menée par l’AEBF entre 2019 et 2020 et confortée en Assemblée Générale (AG), a été remise aux autorités burkinabè. Ces difficultés synthétisées dans une plateforme revendicative (PFR) ont été actualisées en février 2022 en AG et remises aux autorités burkinabè.

Ainsi, le premier problème de l’étudiant burkinabè en France demeure le logement, depuis la recherche de visa, jusqu’à son arrivée en France. Une bonne partie des étudiant.e.s n’ont pas accès aux logements sociaux comme les Cités du CROUS ou la Cité Fessart en ce qui concerne les étudiant .e.s burkinabè de la région parisienne. Le loyer absorbe la quasi-totalité des ressources des étudiant.e.s dans certaines villes. Même ceux et celles qui ont la chance d’avoir la bourse peinent à vivre car son taux demeure dérisoire et n’a pas évolué depuis des années.

 En île de France, le studio meublé coûte entre 500 et 950 euros par mois et la chambre de colocation environ 480 euros/mois, comparé à une bourse nationale de 552 euros et une aide au logement de 76 euros. Pire on peut dire que les boursier.e.s burkinabè en France sont une catégorie d’étudiant.e.s en voie de disparition. En effet, depuis l’application des programmes d’ajustement structurelle (PAS) dans les années 90, la bourse s’est raréfiée.

Face à ces difficultés, nos autorités restent à la fois sourdes et muettes, traduisant ainsi le peu d’intérêt qu’elles accordent à l’éducation. Même sur les domaines les plus élémentaires de leurs compétences, nos autorités (l’Ambassade du Burkina en France) restent indifférentes. Par exemple, la gestion de la cité Fessart à Paris (Maison du Burkina en France) demeure opaque et paternaliste. Il faut d’ailleurs signaler que la réouverture de cette cité est un acquis de lutte des étudiant.e.s burkinabè sous la direction de l’AEBF. Aujourd’hui l’Ambassade refuse d’associer les structures de défense des intérêts matériels et moraux des étudiant.e.s burkinabè à la commission d’attribution des chambres. Cela nous laisse croire qu’il y a un flou total qui fait qu’il vaut mieux tenir l’AEBF à l’écart.

Pour rappel, la Maison du Burkina à Paris, n’accueillait plus d’étudiant.e.s depuis l’année académique 2016/2017. Cette cité qui était dans un état d’insalubrité, dénoncé par notre structure, a été réfectionnée et ouverte aux boursier.e.s et non boursier.e.s en 2021. Cette cité qui a une capacité d’accueil de moins de 50 places depuis 1973 n’a connu aucune augmentation de cette capacité jusqu’à nos jours.

Sur le plan académique, l’année écoulée et  cette rentrée, nous avons eu des retours des étudiant.e.s qui subissent l’application du plan « Bienvenue en France » du gouvernement d’Edouard Phillipe, avec une multiplication par 15 des frais d’inscriptions. Des étudiant.e.s qui nourrissaient l’espoir d’avoir une exonération sur les frais de scolarité ont été obligé.e.s de payer la totalité de ces frais, c’est-à-dire 2770 euros au lieu de 170 euros pour la licence et 3770 euros au lieu de 243 pour le Master. L’avenir du boursier national est même en jeu quand on sait que le plafond de prise de charge de la scolarité est de 2000 euros.

L’impact de la réussite académique des étudiant.e.s est fortement dépendant du temps passé dans les emplois précaires appelés « petits boulots » ou « jobs étudiants », ceci pour pouvoir subvenir aux besoins sociaux de base et aussi pour payer leur frais d’inscription.

Sur le plan organisationnel, les étudiant.e.s burkinabè en France, et plus globalement les associations burkinabè en France, n’ont aucun local pour tenir leurs activités. Ce qui fait que la tenue des rencontres en présentiel est rendue difficile.

Camarades,

Face à toutes ces difficultés, il est extrêmement important pour les étudiants de renforcer leur cadre authentique de lutte afin de se battre pour l’amélioration de leurs conditions de vie et d’études.

C’est pourquoi le CE de l’AEBF :

  • appelle l’ensemble des étudiant.e.s burkinabè en France à se mobiliser davantage dans l’association pour l’amélioration de nos conditions de vie et d’études ;
  • invite les autorités burkinabè à prendre leurs responsabilités vis-à-vis des préoccupations des étudiant.e.s burkinabè en France ;
  • appelle les étudiant.e.s burkinabè en France à participer activement  aux activités entrant dans le cadre de cette rentrée syndicale, à accueillir et soutenir les étudiant.e.s nouvellement arrivé.e.s et à se tenir prêt.e.s pour mener des actions à même d’engranger des acquis en notre faveur ;
  • invite les étudiant.e.s burkinabè en France à garder un regard attentif sur la situation socio-politique de notre pays et à soutenir les mobilisations et luttes de notre peuple et de sa jeunesse dans leur combat pour la sécurité, la liberté et la justice.

Bienvenu aux étudiant.e.s nouvellement arrivé.e.s !

En avant pour la défense ferme de nos intérêts matériels et moraux !

Vive la rentrée syndicale !

Vive l’AEBF !

 Vive l’UGEB !

Pain et Liberté pour le Peuple !

Le Comité Exécutif

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