Ouagadougou : La communauté rwandaise commémore le 31e anniversaire du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994

Le 12 avril 2025 à Ouagadougou, l’Ambassade du Rwanda au Burkina Faso en collaboration avec la communauté rwandaise a organisé la 31eme commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994. La cérémonie d’hommage a réuni des Rwandais, des représentants des Nations Unies et des membres du corps diplomatique burkinabè. Des prières et des projections de films ont ponctué cet événement en mémoire de plus d’un million de victimes.
31 ans après, les Rwandais se souviennent du génocide qui a frappé leur pays. La commémoration a été placée sous le thème national de « Se souvenir -bâtir – ensemble ». L’Ambassadeur de la République du Rwanda accrédité au Burkina Faso avec résidence au Nigéria, Christophe Bazivamo, a indiqué que cette commémoration consiste à réfléchir sur le passé, à renforcer l’unité et à réaffirmer l’engagement pour un avenir sans génocide.

« Kwibuka, un mot signifiant se souvenir en kinyarwanda, la langue nationale du Rwanda, est bien plus qu’un rituel de mémoire. Il s’agit d’un appel national et mondial à affronter la vérité historique telle qu’elle est, à œuvrer pour la dignité et à lutter sans vergogne contre le négationnisme et le révisionnisme du génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994.
C’est un moment où le Rwanda n’agit pas seul, mais avec le monde entier, avec nos frères et sœurs à travers l’Afrique et avec nos amis ici au Burkina Faso en particulier, pour réaffirmer que [plus jamais ça] ne doit plus être qu’un slogan, mais plutôt un principe directeur », a-t-il indiqué.

L’ambassadeur a également rappelé le contexte historique du génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994, le décrivant comme le résultat tragique de décennies de discrimination ethnique alimentée par les politiques coloniales et les régimes post-indépendance, qui ont divisé la société rwandaise.
Il a ensuite évoqué les défis sécuritaires actuels, notamment dans l’Est de la RDC, où des groupes issus des forces génocidaires de 1994 continuent de propager la haine et la violence contre les communautés rwandophones et Tutsis congolaises, en particulier, en utilisant des discours haineux similaires à ceux précédant le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994.

« Aujourd’hui, le Rwanda reste confronté à de graves problèmes de sécurité régionale, en particulier dans l’Est de la République démocratique du Congo, où les forces génocidaires qui ont fui le Rwanda en 1994 restent toujours actives. Ces forces génocidaires se sont reconstituées et ont changé plusieurs fois de nom. Avant, ils étaient (ALIR) Armée de Libération du Rwanda.
Maintenant, ils sont devenus Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDRR) et ils continuent de propager la haine et la violence contre les Rwandophones, en particulier contre des communautés Tutsis congolaises. Aujourd’hui, nous assistons à des discours incendiaires de haine, en public ou dans les réseaux sociaux.
Nous assistons à des propagandes déshumanisantes et à des appels à l’extermination, semblables au langage utilisé et à la situation vécue, peu de temps avant le génocide contre les Tutsis, en 1994 », a fait savoir l’Ambassadeur de la République du Rwanda accrédité au Burkina Faso avec résidence au Nigéria.
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La journée du 7 avril de chaque année a été consacrée par le Système des Nations Unies à la réflexion sur le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994.
Carol Flore Smereczniak, Coordonnatrice résidente des Nations unies au Burkina Faso, a salué la résilience du peuple rwandais. « Nous nous tenons aux côtés des survivants, des familles, des descendants et de tout un peuple qui portent encore les cicatrices de cette tragédie. Le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994 est un chapitre glaçant de notre histoire humaine. Il était prémédité, planifié, exécuté avec une cruauté méthodique, alimentée par des discours de haine, la déshumanisation et l’indifférence de la communauté internationale.
Ce drame nous rappelle que la haine ne connaît pas de frontière et que nul pays, nul peuple n’est à l’abri si nous ne faisons pas preuve de vigilance. Aujourd’hui, les Nations Unies réaffirment leur engagement total à tirer les leçons de cette tragédie », a-t-elle relevé.
Le représentant du Ministre des Affaires Etrangères du Burkina Faso, Dieudonné Désiré Sougouri, a souligné que commémorer le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994, c’est condamner sans équivoque tous les génocides.
« En commémorant le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994, nous dénonçons toutes les formes de génocide, de guerres asymétriques, de fratricides ou de manipulations directes ou indirectes de nos populations, de nos communautés, de nos familles, de nos frères et sœurs. Commémorer, c’est refuser de mourir. C’est aussi transmettre, enseigner, éveiller la conscience de nos jeunes.
Aujourd’hui, nous nous inclinons avec respect devant la mémoire des victimes. Nous saluons la dignité et le courage du peuple rwandais qui, malgré la cicatrice, a choisi la voie de pardon, de la réconciliation. Le Rwanda est devenu un exemple d’unité et de résilience », a-t-il précisé.