Alliance MNLA-Ansar Dine : Vers une légitimation de la partition
Les deux groupes rebelles qui ont combattu au nord du Mali ont signé un protocole le dimanche 27 mai dernier. Cette alliance entre le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le groupe islamiste Ansar Dine s’est nouée en signe de leur volonté d’asseoir leurs bases politiques dans un Etat indépendant et entièrement sous leur contrôle exclusif.
L’accord intervient après plusieurs jours de négociations et de tractations, des concessions ayant été faites de part et d’autre. Ces deux groupes font la pluie et le beau temps depuis qu’ils ont mis en déroute l’armée régulière malienne, et proclamé l’indépendance de l’Etat de l’Azawad.
Les idéaux des deux mouvements n’étant pas tout à fait similaires, ce pacte qui vient de naître a déclaré la création et l’indépendance de l’Azawad, un Etat islamique au nord du Mali; la mise en œuvre de l’Accord reste à définir. Ce protocole qui lie désormais les deux mouvements combattants jusque-là distincts du point de vue objectif politique risque de renforcer la légitimation de la partition du Nord-Mali.
Epouser dorénavant la ‘’même vision’’ de long terme pour l’avenir de l’Azawad octroie déjà plus d’audience au rassemblement séparatiste-islamiste sous l’appellation de ‘’Conseil transitoire de l’État islamique’’ qui du même coup acquiert plus de force.
En attendant que les autorités de Bamako règlent leurs différends et se penchent sur le cas touareg, l’Azawad acquiert le soutien d’une population délaissée, meurtrie, désespérée et perdue.
Le soutien de l’Occident est nécessaire
Leur soif effrénée d’autodétermination politique et juridique soutenue par l’arsenal logistique et militaire ramené de la Libye après la chute du régime Kadhafi fait de cette union une force qu’il sera assez difficile de vaincre.
Sauf avec l’appui des Occidentaux avec de gros moyens et des techniques appropriées comme ce fut le cas en Libye de Kadhafi (frappes aériennes chirurgicales, …).
Cependant, les raisons d’une intervention de l’Occident semblent s’amenuiser du fait de la mise à l’écart d’AQMI (Al-Qaeda au Maghreb islamique), bête noire des Européens et Américains. Même si des divergences demeurent au sein du Conseil transitoire, la donne a réellement changé pour les trois anciens groupes de combattants. Toute situation qui risque de favoriser l’acceptation de la scission, et la légitimation de la création de l’Etat de l’Azawad .
En clair, les Touaregs à l’origine du différend n’ont jamais renoncé à leur projet de création de leur Etat indépendant, un rêve devenu réalité aujourd’hui ou presque. S’il s’avère que l’alliance entre Ansar Dine et le MNLA fonctionne, AQMI serait leur prochaine conquête en toute logique en attendant de se défendre contre ‘’l’agression’’ qui viendra de Bamako ou de la CEDEAO ou encore de la communauté internationale.
Crainte d’une propagation du conflit
La perte des forces d’AQMI ou sa dispersion au Nord-Mali va considérablement réduire la teneur des enjeux dans la région. Le Mali à lui seul ne pourra pas récupérer les deux tiers du territoire conquis par les combattants en l’espace de quelques jours seulement.
La force en attente de la CEDEAO, qui peut se donner les moyens nécessaires, va réfléchir par deux fois avant une quelconque intervention, tant les risques d’enlisement et de propagation du conflit sont réels.
Les Touaregs, principaux acteurs dans ce conflit, s’en trouveront touchés partout où ils se trouvent dans leur berceau naturel (au Burkina Faso, au Niger, en Algérie, en Mauritanie). Dans un tel contexte, la stabilité de la sous région ouest-africaine serait menacée. Une raison de plus qui peut faire trainer les choses et tendre vers une implantation de facto de l’Azawad Etat.
Même si du point de vue juridique et légal la proclamation de l’indépendance de l’Azawad Etat n’est pas acceptée, l’enlisement déjà chronique de la situation de ‘’non droit’’ dans le Nord-Mali donne peu d’espoir pour le pays de se reconstituer.
Plus cette ambiance perdure, plus une légitimation de la partition s’installe. Il est indispensable d’agir vite pour sauvegarder l’intégrité du territoire malien, circonscrire le conflit et éviter une jurisprudence en la matière, tant les mouvements séparatistes sont nombreux sur le continent.
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