Corruption dans le secteur minier : Les hommes politiques sont en tête

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Le Réseau national de lutte anti-corruption REN/LAC a présenté les résultats de son étude sur les perceptions et présomptions de corruption dans le secteur minier au Burkina Faso ce 5 février 2015 à Ouagadougou. L’objectif était de produire une analyse diagnostic de la situation de la corruption dans le secteur minier.

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Entamée en 2013, cette étude menée par le REN/LAC a été réalisée sur 8 sites miniers. L’âge, le niveau de scolarisation, le statut de salariés, l’ancienneté sur le site minier et dans le domaine des mines sont les variables retenues pour 300 personnes enquêtées, avec les approches quantitatives et qualitatives.

Un questionnaire et un guide d’entretien semi directif ont servi à la collecte des données auprès des dirigeants de structures de contrôle et de suivi des activités des sociétés minières, et des acteurs de la société civile. Cela a permis d’identifier un malaise au sein de la population des zones minières.

« Les populations estiment ne pas profiter assez des retombées de l’exploitation minière alors qu’elles sont victimes de la pollution de tout genre et parfois d’expropriations », a expliqué Jean Claude Wetta, secrétaire exécutif du REN/LAC, en plus de la crise de confiance entre autorités politiques, populations et société minières.

Claude Wetta, secretaire exécutif du RENLAC
Claude Wetta, secrétaire exécutif du REN/LAC

De ce fait, la lourdeur des procédures administratives, l’insuffisance des échanges d’information entre les administrations en charge de la gestion minière et de l’opinion publique, l’accès difficile à l’information, la faible présence de l’administration sur le terrain, l’absence ou l’insuffisance du contrôle de l’activité minière ont été retenus comme étant des causes de corruption dans le secteur minier.

En ce qui concerne les acteurs perçus comme les plus corrompus de la filière minière, il s’agit des responsables locaux des sites miniers, des cadres supérieurs des sociétés minières, des autorités délivrant des permis d’exploitation ou d’achat des minerais, des ministres, des directeurs et des agents.

Il ressort également de cette enquête que l’attribution des contrats de recherche se fait de façon mafieuse au profit d’un régime politique plutôt qu’à la nation entière.

En témoigne l’existence des « sociétés prête-nom » qui s’octroient la plupart des marchés relatifs aux mines. Ainsi, 38,13% des enquêtés désignent-ils les hommes politiques comme bénéficiaires de cette corruption, contre 32,49% pour les hauts fonctionnaires, 16,15% pour les cadres moyens et 3,31% pour les agents d’exécution.

Les participants à la presentation du rapport
Les participants à la présentation du rapport

L’enquête a également révélé des présomptions de corruption dans l’attribution et la gestion des autorisations et des titres miniers, dans la gestion de l’environnement, dans l’indemnisation des propriétés du sol et autres occupants, dans la fourniture de rapports périodiques à l’administration des mines, dans le paiement des taxes et redevances, dans l’utilisation d’explosifs et de produits chimiques, dans l’exploitation de l’or, et lors des recrutements et des prestations de services.

Le REN/LAC a donc recommandé la révision de la procédure d’adoption de la réglementation, l’élaboration et l’adoption d’un statut spécial pour le personnel de la géologie et des mines, la réhabilitation et la modernisation du service du cadastre minier. Cette étude va constituer une base pour des échanges en vue d’une meilleure gouvernance dans le secteur minier.

Mouniratou LOUGUE

BURKINA24

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