« Si on ne fait pas attention, la Ve république peut être pire que la IVe république » (Abdoul Karim Saïdou)
Le 10 juin 2016, le Conseil des ministres nommait Me Halidou Ouédraogo à la tête de la Commission constitutionnelle composée de 92 membres pour réfléchir sur les modalités d’un passage de la IVe à la Ve république. Le 11 juin, date anniversaire de l’adoption de la Constitution du 11 juin 1991, le Dr Abdoul Karim Saïdou émet des réserves sur les travaux en passe de débuter. C’était lors du panel organisé par le Balai citoyen et le CGD.
Rappelant que le passage à une Ve république est « une promesse électorale du président » Roch Kaboré, le Dr Abdoul Karim Saïdou affirme avoir cherché en vain le décret pris en Conseil des ministres instaurant la Commission constitutionnelle : « jusqu’à présent, on cherche le fameux décret avec torche, on ne gagne pas ».
Les inquiétudes du Dr s’inscrivent plus dans le « déficit de transparence » dit-il, qui gravite autour de la mise en place de la Commission présidée par Me Halidou Ouédraogo. « Quelles sont ses missions ? Comment elle va travailler ? Il y a un mystère, il y a une opacité. Pourquoi ce déficit de transparence dans le processus de passage à la Ve république ? », s’interroge Abdoul Karim Saïdou.
Ce qui parait le plus important aux yeux de l’homme de droit, c’est moins le passage simple à la Ve république, mais le contenu et ce qui sera fait des conclusions des travaux : « C’est ce qu’on veut de la Ve république », note-t-il avant d’avertir : « si on ne fait pas attention, la Ve république peut être pire que la IVe république ».
Sur un tout autre sujet, Abdoul Karim Saïdou a également marqué son inquiétude sur le respect du principe de la séparation des pouvoirs en ce qui concerne l’exécutif et le judiciaire. Selon les mots du Dr, « l’instrumentalisation » de la justice militaire sur l’affaire du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro est inquiétante. Il en est de même du cas Isaac Zida où Abdoul Karim Saïdou dit sentir des « deals » et des « manœuvres politiques ».
Ainsi, recommande-t-il sur ce dossier, « au lieu de faire du bruit, on aurait mieux fait d’agir ». En ce qui concerne la Transition, l’homme de droit se demande également « pourquoi cette fixation sur la Transition ? ». Pour lui, toutes les accusations peuvent être réglées par les textes. « Est-ce que ce n’est pas de la diversion parce qu’on (le pouvoir en place, ndlr) n’a rien à proposer ? », s’interroge-t-il.
Sur ce point, Abdoul Karim Saïdou cite en exemple les difficultés de desserte des ménages en énergie. « Ce sont les mêmes explications depuis des années ». Autre exemple, sur la question de l’éducation, indique-t-il, « on va recruter 4 200 jeunes diplômés pour les envoyer enseigner, même s’ils n’ont pas la vocation d’enseigner avec une prise en charge squelettique, précaire et maigre ».
Avec cette dernière mesure, Abdoul Karim Saïdou dit avoir l’impression que le Burkina vient de « sortir d’une guerre ». Et de poursuivre, « si nous avons besoin d’enseignants, recrutons les normalement, formons les normalement et payons les normalement ».
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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