JCC 2016 : La sauvegarde du patrimoine cinématographique africain au cœur des réflexions
« Patrimoine cinématographique en péril » est le thème autour duquel se déroulent les réflexions d’un colloque international à la 27e édition des journées cinématographiques de Carthage(JCC). Ce colloque ambitionne baliser la voie pour l’élaboration et la mise en place d’une politique de sauvegarde et de conservation des œuvres cinématographiques en Afrique et le monde arabe. Pour ce faire, des archivistes, conservateurs spécialisés en la matière mais aussi des cinéastes de renom se sont réunis les 29 et 30 octobre 2016 à Tunis autour d’une même table pour partager leur expertise.
Ce colloque s’est déroulé sous plusieurs axes. Il s’agissait tout d’abord de dresser un état des lieux des politiques de sauvegarde, de conservation du patrimoine cinématographique en Afrique avant d’identifier l’approche appropriée au contexte.
Le constat est amer et la problématique de sauvegarde du patrimoine cinématographique bien que toujours soulevée, reste encore dans les sphères de vœux.
Et en Tunisie, « bien que se vantant (JCC) d’être le plus vieux festival de cinéma en Afrique, (50 ans d’existence), aucune politique de sauvegarde n’a été mise en place contrairement au festival sœur (le FESPACO) entamé trois ans plus tard et qui a depuis une cinémathèque», dit Mohamed Challouf, directeur artistique du programme spécial cinquantaine des JJC et chargé de l’organisation colloque, dans son allocution de bienvenue.
Les normes de conservation générale des archives sont celles appliquées aussi aux archives culturelles et dont les œuvres cinématographiques aux dires du directeur général des archives nationales tunisiennes, Hédi Jallab.
Il a été aussi question au cours des échanges du modèle économique viable pour les institutions de sauvegarde et conservation et de la structure idoine.
Il en ressort qu’il faut créer des cinémathèques pour sauvegarder et préserver le patrimoine cinématographique et les archives propres à chaque pays.
« Une structure nationale mais ouverte au reste du continent est la meilleure », estime José Manuel Costa, directeur de la cinémathèque portugaise, car pour lui, une archive continentale ne marchera pas parce que l’Afrique est très variée.
Sur la question du rapatriement des archives cinématographiques, les participants penchent plus pour une collaboration entre les pays du nord et du sud en premier lieu.
« Le nord au vu de sa dette envers le sud pour un passé colonial, il devrait faire plus d’efforts et essayer de rendre ces archives disponibles le plus possible aux pays du sud. C’est vrai que ça coûte cher mais il faut investir dans le domaine pour rendre égal l’accès aux archives. Un cinéaste ou un chercheur du sud qui veut utiliser des archives de son pays conservées dans les pays du nord, paie assez cher. (…) Il faut cesser de nous faire payer les images de notre histoire à des prix exorbitants », explique toujours Mohamed Challouf.
Et s’il faut rapatrier ces archives, poursuit-il plus loin, « il faut s’assurer d’avoir créé les structures adéquates d’accueil. Ce n’est pas la peine de le rapatrier et le bousiller dans des pays où il n’y a pas de structure ».
Une démarche fort appréciée par le directeur de la cinémathèque royale de Belgique, Nicola Mazzantti, qui d’ailleurs s‘est lancé dans cette vision. Des films restaurés sont projetés pour la célébration du cinquantenaire des JCC, notamment le premier long métrage tunisien et le premier court métrage primé en 1966 ainsi que «Wend-kuni » le film long métrage du Burkinabè Gaston Kaboré, « Tanit d’argent » en 1982, pour ne citer que ceux-là. Il a aussi dit toute sa disponibilité à soutenir les pays qui en font la demande.
De ces conclusions, les organisateurs des JCC envisagent de mettre un comité en concertation avec d’autres institutions tunisiennes d’observation et d’action pour la sauvegarde du patrimoine qui aboutiront à un projet de construction d’une cinémathèque.
Revelyn SOME depuis Tunis
Burkina24
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