An I de Roch Kaboré : 10 heurs et malheurs de nouveaux conducteurs
« Votre indulgence s’il vous plaît ! Nouveaux conducteurs ! ». C’est sans doute ce que l’on aurait pu écrire sur le dos du carrosse battant pavillon « Burkina Faso », le 29 décembre 2015. C’est en effet à cette date-là que Roch Marc Christian Kaboré prêtait serment sur la Constitution burkinabè. Un an après, zoom sur les 10 coups de volant heureux ou malheureux de ces nouveaux conducteurs !
1 – Soins gratuits, mais…
C’est sans aucun doute le projet phare de cette première année de gestion du MPP : la gratuité des soins dans les centres de santé.
Elle a été et est brandie à bout de bras à chaque moment de justification du travail du gouvernement. Le projet est bon dans l’âme. Mais sur le terrain, même ceux qui sont censés l’appliquer sont dubitatifs. Le mieux serait d’écouter les différentes critiques pour essayer de rattraper le coup en 2017.
2 – CAMEG, quel merdier !
Le dossier de la CAMEG a été une sorte de pièce de théâtre où le ministre de la santé et les anciens dirigeants de l’association se sont livrés à un pugilat digne des bas quartiers. Au-delà de savoir qui a tort ou qui a raison, il importe de jeter un regard sur les conséquences de ce « kingboxing » sur la santé des populations. Cette bataille où de nombreux intérêts ont tiré les ficelles ont sans doute marqué à vie la CAMEG et si rien n’est fait pour corriger les séquelles, déteindra sur la santé publique au Burkina. Il est à souhaiter que pareil spectacle ne soit plus servi aux Burkinabè.
3 – Roch, le problème des grèves
Sans conteste. Roch Kaboré a eu sa dose de grèves. Rares sont les secteurs qui ont été épargnés. Les causes sont à rechercher dans les grandes attentes des Burkinabè, la générosité de la Transition, mais peut-être surtout dans le péché originel de la « gâterie » offerte aux magistrats en début d’année. Il aurait fallu être moins large à leur endroit. Maintenant qu’une partie des enfants a été gâtée, le reste de la famille veut sa part. Et si le père a donné tout le pain qu’il avait, il devra se débrouiller pour en trouver. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ! A noter cependant que le discours du Chef de l’Etat s’est avéré apaisant à la veille du 11-Décembre à Kaya. Mais il faudra plus dans les prochains mois.
4 – Morts au combat
Le Burkina a été secoué par l’insécurité et les manifestations du terrorisme. Plus d’une douzaine des membres des forces de défense et de sécurité y ont perdu la vie ainsi que près d’une cinquantaine de civils. D’une manière générale, la riposte apportée a été en deçà des attentes des Burkinabè et les critiques ont été acerbes. 2017 doit être l’année où de grands réaménagements doivent être faits pour éviter à l’avenir pareils malheurs au Burkina. Il faudrait aussi que le Chef de l’Etat, chef suprême des armées, songe à être plus réactif quand le malheur frappe ses « troupes », car pendant 2016, ses silences ont souvent assourdi les Burkinabè d’interrogations, même s’il s’est rattrapé lors du drame de décembre 2016. Le véritable rattrapage restera cependant l’arrêt de la sonnerie aux morts dans les cimetières militaires du Burkina.
5 – Simon, le grand parolier
Le ministre de la sécurité intérieure Simon Compaoré a été sans aucun doute le ministre le plus médiatisé de l’année 2016. Au point qu’on se demande souvent où se trouve le ministre de la communication et donnant l’impression qu’il est le seul ministre de la nation. Entre lutte contre l’incivisme, l’insécurité, le terrorisme, la préparation du 11-Décembre et l’affaire des Koglweogo, il a été visible. Certains observateurs lui ont reproché cette volubilité. Certains propos ont souvent aussi dérapé entraînant des sorties de pistes. La gestion de l’affaire des « Koglweogo » a été aussi l’un des moments forts de son ministère. Jusqu’à présent, il réussit à tenir la bride à ce phénomène qui suscite à la fois espoir et inquiétude.
6 – Crédibilité de la justice en liberté provisoire
La crédibilité de l’appareil judiciaire a fait l’objet de beaucoup de doute pendant cette année. Les libérations provisoires des personnes poursuivies dans le cadre du putsch de septembre 2015 et de l’insurrection populaire ont semé la méfiance dans le cœur des Burkinabè, surtout lorsque certains « libérés provisoires » ont donné l’impression d’avoir abusé du terme « raison médicale ». Mais l’arête qui reste en travers de la gorge des Burkinabè reste le « règlement par la voie diplomatique » du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro. Les « Hommes intègres » n’ont pas apprécié. Alors là, pas du tout !
7 – PNDES plein de peine et d’espoir
Le gouvernement de Roch Kaboré n’a pas été tendre avec la Transition. Il l’a accusé d’être l’auteur, en plus de l’ère Compaoré, de sa difficulté à démarrer le moteur grippé du Burkina. Il a cependant omis de dire que la plupart des projets et infrastructures qu’il lance et inaugure ont soit été conçus sous la Transition ou adoptés sous le régime de Blaise Compaoré. Le Plan national de développement économique et social (PNDES) n’a en effet pour le moment pas de carburant financier dans son moteur. Les Burkinabè attendent certainement de voir quel sera le ronronnement de ce « programme ambitieux » en 2017. Maintenant que les promesses de financement ont dépassé de loin des attentes. Les 18 000 milliards de F CFA promis ont en effet permis de couronner l’année en beauté et figurent parmi les succès de ces 12 premiers mois.
8 – Malheureuses tablettes et délicats 127 millions de F CFA
C’est sans doute une affaire qui aura mis mal à l’aise les deux pouvoirs du Burkina : L’Assemblée nationale et le gouvernement. Les tablettes offertes par la société Huawei au gouvernement qui en a donné une partie aux députés ont défrayé la chronique et, enveloppées d’une odeur de corruption, ont fini par atterrir sur la table de l’Autorité de lutte contre la corruption. Les tablettes ont été rendues au gouvernement. Les Burkinabè, qui ont fait preuve de vigilance sur ce coup-là, observent la façon dont les déclarations d’intention de lutte contre la corruption seront appliquées par le cordonnier lui-même ! A cela vient s’ajouter cette affaire de « cadeau de Noël » d’une valeur de 127 millions de F CFA remis aux députés. Légal, peut-être, mais une partie de l’opinion s’interroge sur la légitimité.
9 – Thiéba, sans conviction, jusqu’à Paris
Comme le dirait un Ouagalais, « on ne sent pas le Premier ministre Paul Kaba Thiéba ». Après sa nomination qui est passée par le tunnel d’une cacophonie ubuesque au sommet de l’Etat, l’homme n’a pas véritablement réussi à s’imposer. Le ministre d’Etat Simon Compaoré lui a damé le pion (ou, à tout le moins, il n’a pas eu voix au chapitre) sur pratiquement tous les sujets d’importance nationale, le réduisant à ne s’occuper que de l’aspect économique de la gouvernance du pays et plus précisément du PNDES. Son plus gros boulet restera ces 25 millions de F CFA égarés sur une route aérienne alors qu’il a lui-même crié que les caisses de l’Etat sont vides. Mais il faut néanmoins mettre à son actif les bonnes nouvelles qui sont tombées à Paris, lors de la table ronde des partenaires. Il ne reste plus qu’à les concrétiser.
10 – Les municipales de la mort
https://www.burkina24.com/2016/06/22/elections-de-maires-violentes-comme-jamais-selon-le-balai-citoyen/
C’est la tache noire sur la toile du ministère de la décentralisation et de l’Etat en général. Les municipales de mai 2016, organisées donc par le gouvernement en place, ont été très meurtrières et nimbées d’une violence inouïe, faisant se demander si c’était dans le même pays qu’avaient eu lieu la présidentielle et les législatives couplées tant louées au-delà des frontières du pays. Il est à souhaiter que des dispositions seront prises pour éviter ce spectacle désolant en 2020.
Rédaction Burkina24
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