Burkina : «Mouvements d’humeur » autour du service payé offert par la police nationale
Rapportant l’existence de « mouvements d’humeur », de « soubresauts » au sein des différents services de la police nationale liés en partie à la gestion du service payé, l’Union police nationale (UNAPOL) se demande si « la police serait devenue une société privée, où n’importe quel quidam peut solliciter les services sans que le contrat ne soit conclu ou publié ».
Si l’UNAPOL tire sur la sonnette d’alerte, c’est que « le service payé est confronté à un problème de transparence dans sa gestion », affirme son secrétaire général le commissaire Sienou Wakilou. Une interrogation suivie de bien d’autres à commencer par comment croire qu’une institution comme la police nationale puisse fournir ses services à des compagnies minières en dehors de tout contrat formel. L’étonnement se poursuit par la tentative de la hiérarchie de vouloir convaincre la troupe que de nombreuses banques sont sécurisées « gratuitement ».
En outre, l’UNAPOL affirme que le service payé est confronté à un problème de répartition. Les premiers responsables s’étonnent en effet que la quasi-totalité des « maigres » fonds collectés grâce à ces contrats « fantômes » ou « imaginaires » par les agents soit utilisée « pour le fonctionnement du service ». Se référant à l’article 12 du décret qui stipule que « 30% de ce montant seront versés à la caisse des œuvres sociales de la police… », l’UNAPOL conclut que l’utilisation faite des fonds est l’émanation d’une « mauvaise » interprétation des textes suite à l’apparition de « manœuvres frauduleuses et égoïstes » de la hiérarchie au fil du temps.
« Les Burkinabè devront-ils se passer de la sécurité » ?
Revenant sur leur dernière rencontre avec le ministre de la sécurité, le principal conférencier a indiqué que sans cette utilisation des fonds « pour le fonctionnement du service », les « services de police mettraient presque la clé sous le paillasson ». A la lumière de ces dernières affirmations, le secrétaire général de l’UNAPOL se demande où est la part contributive de l’Etat au fonctionnement des services de police.
Tirant une conclusion de la rencontre, le commissaire Sienou Wakilou se projette dans le futur. En effet, si le fonctionnement des services de police doit dépendre de la sécurisation des banques et autres structures par les agents de la police, un service qu’assurent déjà des compagnies de sécurité privée, le pire serait donc à venir. Le secrétaire général de l’UNAPOL se demande à présent si « les Burkinabè devront se passer de la sécurité » en cas de rupture de ces contrats dits « fantômes ou imaginaires ».
Même sans réponses à leurs multiples questionnements pour le moment, le doute ne plane pas dans la tête des responsables de l’UNAPOL. Le secrétaire général a partagé leur conviction. « Certaines personnes profitent de la discipline si chère à la police pour piller systématiquement les frais qui reviennent à leurs agents et qualifient systématiquement d’indiscipline toute tentative de dénonciation », a déclaré le secrétaire général de l’UNAPOL. Selon lui, l’exemple le plus probant, c’est « l’opposition farouche à la naissance de l’UNAPOL ».
« Solutionner les problèmes réels de la police »
Le syndicat estime que si sa plateforme de cinq points avait été mise en œuvre, « les remous constatés ne seraient pas d’actualité ». Il s’agit notamment de la revendication d’ordre « fondamental » qu’est la relecture de la loi 045-2010/AN du 14 décembre 2010 et qui porte statut du personnel de la police nationale, celle d’ordre « organisationnel » qui traite de la police et la carrière du policier, de la création et l’occupation par des policiers des postes d’attaché de sécurité intérieure dans les représentations diplomatiques et de la mise en place d’un système informatisé de gestion du personnel.
L’argent étant le nerf de la guerre, une revendication d’ordre « financier » comprend la relecture du décret 79-365/PRES/IS/DGSN datant 17 septembre 1979 et portant fixation des montants des rétributions allouées aux prestations de service et de l’arrêté 79/82/MF/DTCP relatif à la gestion du compte 49.126 qualifié de « caisse noire » par les conférenciers qui font part d’une opacité autour dudit compte.
A ces trois s’ajoute la revendication d’ordre « infrastructurel » (construction et réhabilitation de clôture des services de police) et celle d’ordre « social » qui fait appel à l’adoption des décrets pour l’application de la loi 62-2015/CNT portant pupille de la nation et à l’allocation effective des fonds pour la prise en charge des personnes gardées à vue.
Se remémorant les événements du passé, l’UNAPOL dit prendre le peuple à témoin « contre toute tentative de vengeance contre ceux qui ont courageusement exprimé leur mécontentement au lieu de solutionner les problèmes réels de la police comme en 2011 ».
Oui Koueta
Burkina24
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