Rasablga Ouédraogo : «J’ai envie de dire que tout va bien dans un pays qui va très mal»

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Les réalisations à mi-parcours du PNDES ont fait l’objet d’un débat au cours d’un panel organisé ce 11 octobre 2017 par l’Institut Free Afrik ce mercredi 11 octobre 2017 à Ouagadougou. 

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D’entrée de jeu, une présentation des réalisations du PNDES de 2016 à mi -2017 s’impose avant toute évaluation critique. Et Alain Siri, secrétaire permanent du PNDES de communiquer sur un certain nombre de « résultats palpables »

Des progrès de façon générale ont été soulignés. Sur l’axe des reformes des institutions, la modernisation de l’administration publique, il relève que des progrès se consolident dans le cadre de la lutte contre la corruption depuis 2016 avec l’adoption et l’application de la loi anti-corruption.

« Vous êtes sans ignorer les effets de ce texte d’application avec tout ce qu’il y a eu lieu comme procès récemment sur les questions de corruption ou d’utilisation malheureuses de ressources publiques », dit-il.

De l’année 2016 au premier semestre 2017, quelques réalisations, sur l’axe gouvernance de l’administration publique, en matière de justice, il annonce des progrès en termes d’accès à la justice, aux tribunaux, l’amélioration dans le traitement des dossiers. Il estime le temps moyen du traitement des dossiers qui passe à 2 mois 21 jours en 2016, la réalisation d’infrastructure qui permet de réduire le rayon de l’accès aux tribunaux.

Concernant la protection civile, la sécurité et la défense, 2016 a été consacré au recrutement du personnel, permettant ainsi d’avoir de un agent de sécurité pour 940 habitants. Dans le domaine de la santé et nutrition, environ 8 419 millions enfants de moins de 5 ans et femmes enceintes ont bénéficié de la mesure de gratuité des soins. *

Un progrès ressenti pour un taux global est d’environ 33% d’exécution des activités planifiées. Un taux d’exécution calculé au 30 juin 2017, qu’il justifie par la mise en œuvre tardive du budget 2016, le retard dans la réalisation d’études technique de certains projets, la faiblesse des entreprises pour exécuter certains travaux.

Cependant…

Pour Rasablga Ouédraogo, directeur de l’institut Free Afrik, à voir ces politiques de suivi-évaluation, on a l’impression que tout va bien. «J’ai envie de dire que tout va bien dans un pays qui va très mal», commente-t-il .

C’est donc une situation peu reluisante de la gouvernance qu’il dépeint à l’assemblée. 

La loi anti-corruption en son sens présente une belle perspective de la gouvernance économique, « mais le bémol se situe au niveau du financement de la mise en œuvre de cette loi qui concerne notamment le fonds d’intervention de l’autorité supérieure du contrôle d’Etat qui n’est abondé qu’au 10e de ce qu’il devrait être ». De près de 378 millions  de FCFA en 2015, ce fonds d’intervention de l’ASCE est passé à environ 216 millions en 2017.

Selon toujours le directeur de Free Afrik, la récente loi sur les projets de partenariat public-privé va dégrader la gouvernance économique du pays pour plusieurs raisons.

« Parce que, affirme-t-il, nous n’avons pas l’expérience requise pour signer les PPP dans la précipitation actuelle. Nous avons ouvert la porte au gré à gré qui est en fait la porte ouverte à la corruption et cela va avoir des effets importants sur nos finances publiques dans quelques années ».

A cela s’ajoute une faiblesse dans le pilotage de la dette intérieure, un affaiblissement du dialogue sectoriel.

Sur le plan des administrations publiques, il estime que le gouvernement n’a pas été capable en 2016 et en 2017 de mobiliser de façon suffisante les administrations publiques au service de la réalisation de son plan de développement. On a noté en 2016, 39 grèves et sit-in dans l’administration publique avec 169 jours où l’administration a été affectée par les manifestations et déjà 38 cas de grèves notés dans le premier semestre 2017.

Côté défense et sécurité, du 4 avril 2015 au 10 octobre 2017, ce sont 23 institutions et infrastructures de sécurité ou de défense, commissariats, gendarmerie, postes de control de l’armée, postes de douanes qui ont été attaqués par des terroristes. 107 victimes recensées de la cinquantaine d’attaques perpétrées sur le territoire national.

En conséquence, a-t-il laissé entendre, « nous ne pouvons pas être là à pérorer sur l’efficacité des politiques publiques sans considérer le délitement du pays(… ). En réalité tout va mal, car sa gouvernance est réellement dégradée. Il est important de repartir vers le réarmement de cette gouvernance ».

Face à un tel tableau de la gouvernance, des recommandations de sa part n’ont pas manqué pour éloigner le pays du « précipice ». Ce sont, entre autres,  la construction d’un élan national pour la défense et la sécurité, l’engagement d’une réforme, la remobilisation et la mise à niveau des forces de défense et de sécurité, donner un souffle à la lutte anti-corruption, engager une large consultation des forces politiques et sociales et la responsabilité de la justice.

Revelyn SOME

Burkina24

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