G5 Sahel : Avec 423 millions d’euros ou pas, « on est obligé d’engager cette guerre »
Avec 108 millions d’euros d’annonce, les pays du G5 Sahel sont « très loin du compte » pour rendre opérationnelle la force conjointe du G5 Sahel dont le besoin de financement est chiffré à 423 millions d’euros. Le ministre des affaires étrangères Alpha Barry était en opération séduction ce lundi 6 novembre 2017 après la mission effectuée en compagnie de ses homologues du Mali, du Tchad, du Niger et du ministre de la défense mauritanienne le 30 octobre dernier au siège des Nations Unies pour plaider le soutien de l’instance avant la table ronde de Bruxelles prévue pour le 14 décembre.
Le ministre des affaires étrangères burkinabè est catégorique. « Assurer la sécurité au sein du G5 Sahel, c’est assurer la sécurité de tous dans le monde d’où la nécessité d’aider la force du G5 Sahel ». Pour rendre opérationnelle cette force, 423 millions d’euros soit 270 milliards 470 millions de francs CFA sont à mobiliser.
Mais à ce jour, seulement 108 millions d’euros ont été annoncés. Cette somme représente 70 milliards 843 millions de francs CFA et comprend les 50 millions des cinq pays. « Pour le moment, on est très loin du compte », relève Alpha Barry. Partageant les estimations du côté de l’Union européenne, qui souhaite que le montant soit revu à 250 millions d’euros, le ministre a soutenu qu’ « il est important que le traitement des forces du G5 soit le même que ceux de la MINUSMA ». Avec l’estimation des 423 millions d’euros, cette équité du traitement pourra être assurée.
Selon le ministre Barry, la MINUSMA devrait aider la force du G5 Sahel. Et la mission commune de New York a porté fruit. Le département d’Etat américain a partagé « la bonne nouvelle » avec l’annonce d’une contribution à hauteur de 60 millions de dollars. « Pour vaincre le terrorisme, il faut s’assurer que les organisations terroristes ne bénéficient d’aucun refuge sur aucun continent », a déclaré Rex Tillerson dans un communiqué en date du 30 octobre. « Dans cette optique, sous réserve de l’issue des consultations avec le Congrès, les Etats-Unis s’engagent aujourd’hui à soutenir pour un montant pouvant atteindre 60 millions de dollars les efforts antiterroristes de la Force conjointe du G5 Sahel », a ajouté le secrétaire d’Etat américain.
Le chef de la diplomatie burkinabè s’est réjoui de constater que « les lignes sont en train de bouger au niveau américain » avant la rencontre de Bruxelles prévue pour le 14 décembre. Pour s’assurer que le financement soit bouclé et que les 423 millions d’euros soient mobilisés, Alpha Barry a indiqué avoir mené avec ses homologues des activités de lobbying sur place à Washington au Centre d’études stratégiques international, un think thank américain « assez influent » aux Etats-Unis.
En marge de ces actions communes, il ajoute avoir eu des réunions au niveau du département d’Etat. Des réunions à l’issue desquelles, il y a eu une annonce d’un appui américain de 15 millions de dollars pour l’armée burkinabè avec une possibilité que cet appui soit revu à la hausse selon les requêtes qui peuvent être présentées par le Burkina en fonction de ces besoins « pressants ».
De la mendicité ?
Pourquoi attendre du financement étranger avant de procéder au déploiement des troupes nationales pour la défense des cinq territoires ? Alpha Barry est catégorique. « L’argent que nous demandons pour financer la force du G5 du Sahel, ce n’est pas de la mendicité ». Avant que ne soit prise la décision de mettre en place la force multinationale, Français et Américains étaient déjà présents dans la région pour lutter contre le terrorisme et aider à la formation des unités d’élites des forces armées nationales. « S’ils sont là, analyse-t-il, c’est parce qu’ils voient la pertinence du fait que c’est un phénomène qu’il faut combattre ensemble ».
Qu’à cela ne tienne ! « Même avec rien, on est obligé de commencer ». A cela s’ajoute l’obligation de chaque pays d’assurer la sécurité de son territoire. Et ce « même si les contributeurs étrangers ne donnent pas d’argent ». Pour preuve, avance le ministre des affaires étrangères, le Burkina « n’a pas attendu l’argent du G5 pour se déployer là-bas (région du Sahel) ». En conclusion, a déclaré Alpha Barry, que cette somme soit réunie ou pas poursuit-il, « on est obligé d’engager cette guerre ».
Oui Koueta
Burkina24
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