Putsch : « Mon colonel, vous êtes demandé pour lire une déclaration »

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Le capitaine Dao Abdoulaye était bien armé pour parer aux questions du parquet. Procès-verbaux d’audition bien disposés, calepin détaillant toutes les interventions d’accusés en rapport avec sa personne, le mercredi 19 septembre 2018, le capitaine a relaté sa vie durant le coup de force de septembre 2015. Réfutant les faits qui lui sont reprochés, le client de Me Dieudonné Bonkoungou a rappelé, devant le tribunal, avoir été informé de l’existence de « problèmes », le 16 septembre 2015 alors qu’il était en route pour Ouagadougou.

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« Le jour J, j’étais à Bobo-Dioulasso », lance le capitaine Abdoulaye Dao dès l’entame de son audition. Alors qu’il réparait sa voiture en panne, il aurait été informé de l’existence d’une « crise » à la Présidence. Cherchant à mieux comprendre la situation, le Capitaine Dao indique avoir joint l’adjudant-chef Major Combia Moutuan. « Je n’ai eu aucune information car il était paniqué ». Dans la lancée de sa quête d’informations, après un échange téléphonique avec le major Badiel Eloi, il aura eu des bribes d’informations.

La suite, le capitaine Dao a pris la route pour Ouagadougou, le 16 septembre 2015. « Je suis arrivé au camp après minuit », raconte-t-il, pour tomber sur la rencontre de médiation entamée par « les sages ». « Tout ce que les gens évoquaient avaient un lien avec les crises précédentes que nous avons connues au RSP », soutient le capitaine. Au cours du conciliabule, il aurait exhorté les émissaires à trouver des solutions car « tout peut aller très vite ».

Au cours de l’audition du capitaine Dao, les débats se sont focalisés sur la première déclaration du Conseil national de la démocratie (CND) lue par le médecin-colonel Mamadou Bamba. Selon l’accusé, c’est fortuitement qu’il a appelé au téléphone le colonel Bamba et c’est pendant les échanges qu’il lui aurait « donné son point de vue » par rapport à la désignation du lieutenant Boureima Zagré pour la lecture de cette déclaration.

Mais au préalable, le capitaine est revenu sur un des épisodes des crises au RSP, le 4 février 2015. A cette date, il aurait lu un communiqué au nom de l’armée sur instruction des généraux Zagré et Diendéré. « Les généraux m’ont dit qu’ils allaient se tenir derrière moi. Mais à la fin, j’étais seul », se remémore l’inculpé. Fort de cette expérience, le capitaine a ainsi, en donnant son avis au colonel Bamba, suggéré que le communiqué ne soit pas lu par le lieutenant. La même lecture des évènements n’a pas été faite par le parquet.

S’appuyant sur les PV d’audition du colonel Bamba, celui-ci explique avoir reçu un coup de fil du capitaine Dao « vers 4h » du matin et le message à lui transmis est le suivant : « Mon colonel, vous êtes demandé pour lire une déclaration, qu’il y a un coup d’Etat ». Poursuivant la lecture du PV, le colonel Bamba indique avoir soupiré. « J’ai pesé le pour et le contre et j’ai dit oui », aurait consigné le colonel dans le PV, tranchant par conséquent avec les déclarations du capitaine.

Autre fait, le capitaine Abdoulaye Dao, pendant son interrogatoire, a affirmé avoir su l’existence du coup d’Etat qu’à la suite de la lecture du 2nd communiqué du CND. « J’ai pris conscience qu’on était dans un coup d’Etat, dit-il, quand nous avons vu le communiqué qui désignait le général Diendéré comme Président du CND ». Pour se justifier, l’inculpé indique qu’au sortir de la rencontre entre « les chefs militaires » dans la nuit du 16 septembre 2015 au ministère de la défense, « je n’ai pas senti qu’ils se sont quittés à couteaux tirés ».

Cette déclaration a été attaquée par le parquet qui a fait mention du premier communiqué du CND qui dissolvait le gouvernement. Mais l’accusé campe sur sa position. Par ailleurs, pour la lecture du premier communiqué, le capitaine Dao reconnait l’avoir transmis au Colonel Bamba à la Télévision nationale sans avoir pris connaissance du contenu. Le parquet a, là aussi, émis des réserves.

L’audition du capitaine Dao a été écourtée le mercredi 19 septembre pour reprendre le vendredi 21 septembre 2018. A noter qu’il est poursuivi pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline.

Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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