Zéphirin Diabré : Quand l’opposition «se met debout, le gouvernement court »

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Le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) était dans les rues de la capitale burkinabè ce samedi 29 septembre 2018 dans le cadre d’une marche meeting de « contestation contre la gouvernance du MPP et de ses alliés » et pour faire preuve de l’« union sacrée avant tout autour des forces de défense et de sécurité » déployées sur le front dans la guerre en cours contre le terrorisme.

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Partis comme prévu de la place de la révolution les marcheurs y sont revenus le temps d’une heure après avoir bouclé le circuit. « Ceux qui sont en face doivent comprendre que nous sommes maintenant réveillés », alerte le CFOP Zéphirin Diabré. S’affichant satisfait de la « très forte mobilisation », symbole que « les tentatives de débauchage, de boycott ont échoué », il a invité le parti au pouvoir et ses alliés à travailler pour régler les problèmes des Burkinabè, « s’ils veulent vraiment éviter une nouvelle insurrection ».

L’opposition annonce qu’il y aura d’autres marches © Burkina24

« L’annonce de cette marche meeting a contribué à réveiller le pouvoir qui semblait dormir. C’est déjà bon pour nous » se contente pour l’instant Tapsoba David, membre du secrétariat exécutif national de l’ADF/RDA. « Dès l’annonce de la marche, ça allait dans tous les sens », a perçu Aziz Dabo, porte-parole de la Nouvelle alliance du Faso. Partis du constat que le pays est en passe de « retomber dans les mêmes tares du passé », ils n’ont pas hésité à sortir battre le pavé pour « dire non, tirer la sonnette d’alarme ».

Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) était de la marche meeting pour inviter les dirigeants à changer de gouvernance. « Sur le plan économique, politique et social, tout est au bas niveau » peint Eddie Komboigo qui déplore l’absence d’un dialogue avec l’opposition politique.

Les manifestants ont exprimé leur avis sur la gouvernance actuelle

Avis partagé par le chef de file de l’opposition. « Notre pays est profondément divisé » a déclaré Zéphirin Diabré. L’allié d’hier contre la modification de l’article 37 de la Constitution qui a conduit à l’insurrection populaire cohabite sans encombre depuis l’élection présidentielle avec le parti qui a été à l’origine de la tentative. « Au lieu de rassembler les Burkinabè, dénonce-t-il, le MPP et ses alliés se plaisent à les diviser encore plus, à les indexer, à les dresser les uns contre les autres, à instrumentaliser les vieilles querelles et à chercher des boucs émissaires à leur échec ».

Des libertés fondamentales

L’analyste politique Siaka Coulibaly s’est fait le porte-voix des organisations de la société civile regroupées au sein de l’Union d’Action de la Société Civile (UNAS). Leur participation, elles la justifient par le constat que « le chef de l’Etat et son gouvernement semblent incapables d’apporter des solutions qui conviennent aux différentes insuffisances dans la gouvernance du pays ».

Les cas Pascal Zaida, Naim Touré et Safiatou Lopez « arrêtée dans des conditions dignes d’un western », étaient au menu de l’intervention des deux intervenants à la tribune. Siaka Coulibaly ne cache pas ses inquiétudes face à ce qu’il qualifie d’« allergie à la critique » du pouvoir. « Les adversaires politiques et les citoyens qui critiquent sont devenus des ennemis que le pouvoir évite d’affronter dans la contradiction verbale et cherche à anéantir par tous les moyens », observe d’un côté le représentant des OSC.

« Le MPP est en train d’apprendre les nouvelles méthodes des apprentis dictateurs africains », s’inquiète de l’autre le CFOP qui affiche la carte de solidarité d’avec les OSC qui exigent la « libération immédiate » de Safiatou Lopez. Pour toutes ces raisons, justifie Siaka Coulibaly, « la présente marche meeting est plus que nécessaire ».

Du code électoral

Le 30 juillet dernier la loi portant code électoral a été relue et adoptée par l’Assemblée nationale. Les députés de l’opposition avaient choisi l’option de la boutade en s’éclipsant de l’hémicycle juste avant son adoption. Le CFOP ne démord toujours pas.

La pomme de discorde a été l’institution de la carte d’identité burkinabè et du passeport comme seuls documents de votation et l’éjection de la liste de la carte consulaire. Le débat clos à l’assemblée nationale s’est déporté à la commission nationale électorale indépendante, CENI. Pour l’analyste Siaka Coulibaly, cela témoigne d’« une crispation entre les forces partisanes qui créent une atmosphère générale peu sereine ».

En effet, l’organe ne sera plus en charge de l’enrôlement des électeurs. La charge incombe désormais à l’Office national d’identification (ONI). « Ramener le fichier électoral qui était à la CENI pour le donner à l’ONI, c’est repartir 25 ans en arrière, c’est donner la clé de la victoire au MPP », s’alarme le CFOP.  

Union sacrée autour de la troupe

« Ils sont arrivés en disant qu’ils étaient la solution. Aujourd’hui, ils sont le problème pour le Burkina Faso. Notre sécurité n’est plus garantie. Le territoire est envahi et menacé et en face de ça, ils sont dans le tâtonnement », a caricaturé le chef de file de l’opposition politique qui appelle à une « union sacrée avant tout autour des forces de défense et de sécurité (qui) se battent courageusement contre l’ennemi ».

Des slogans contre le terrorisme ont été scandés

Pour témoigner de cette union à leur endroit, les marcheurs ont été invités à participer à la campagne de souscription volontaire. « Que chacun donne ce qu’il peut, ce qu’il a. c’est le symbole qui compte ». Cependant l’opposition qui s’attribue la paternité de la démarche à laquelle s’est adonnée l’assemblée nationale ne passe pas sous silence les attentes en termes de retombées politiques parce que l’union sacrée, « ce n’est pas pour sauver le MPP et ses alliés (qui) ont lamentablement échoué à garantir la sécurité des Burkinabè ».

Le CFOP attend toujours « un gouvernement touma touma ». L’institution demande au président du Faso de « prendre instamment un décret pour limoger purement et simplement les deux ministres en charge de la défense et de la sécurité ». Et elle entend bien provoquer l’arrivée du gouvernement-type. « Quand l’opposition somnole, le gouvernement ronfle et croit qu’il est là pour cinquante ans. Mais quand elle se met débout, le gouvernement court. Les marches meeting sont désormais de retour », annonce Zéphirin Diabré.

Oui Koueta et Ignace Ismaël NABOLE

Burkina24

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Oui Koueta

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