FIFF 2018: Une édition pauvre en films africains
La 33e édition du Festival du Film Francophone de Namur a pris fin ce vendredi 5 octobre 2018. L’édition a été assez faible en films de l’Afrique francophone. On compte une dizaine de films sur les 159 films projetés et aucun prix à la solde.
Seulement 5 films venaient de l’Afrique subsaharienne, avec un seul long métrage en compétition officielle « The mercy oh the jungle », du Rwandais Joël Karekezi. Une sélection aussi dominée par les documentaires. Un fait aussi remarquable, tous ces films avaient une double, voire triple nationalité, européenne et africaine mais aussi des films faits par de jeunes cinéastes. Bien qu’il y ait très peu de films, ils portent des réalités africaines à l’écran.
Les maux qui minent cette partie du continent, la guerre, l’extrémisme religieux, le combat pour la démocratie, la société, sont entre autres termes abordés.
Cependant, certains réalisateurs ont été plus entreprenants, poignants que les autres. Le documentaire « Boxing Libreville» du Gabonais Amadée Pacôme Nkoulou, dresse le portrait de la société gabonaise, les riches d’un côté et les pauvres de l’autre. Bien que le contexte du film se situe au moment des élections, puisque le réalisateur le montre si bien avec des images réelles d’un meeting politique, il n’ose cependant pas s’aventurer ouvertement sur les questions politiques, les exactions qui ont marqué cette période.
Les personnages s’exprimaient peu sur la politique, les images des exactions en ville sont floutées et tremblantes. Seul le son renvoyait à des scènes de coups de feu, de courses poursuites. Par contre, il suit nettement la vie du boxeur qui est déterminé à devenir un champion dans ce contexte. Cependant, ce qui l’empêchait d’arriver à son but a été omis. La peur de la censure ou d’être inquiété a impacté le film en montrant de manière subtile ce qui allait peut-être lui donner du poids.
A son opposé, dans « Kinshassa Makabo », Duedo Hamadi suit la résistance des jeunes Congolais luttant pour la démocratie dans leur pays. Il participe aux marches de protestation contre le régime de Kabila, aux réunions des jeunes leaders de mouvements. Les images sont souvent insoutenables, les cadavres qui jonchent le sol après les courses poursuites entre les forces de sécurité et les manifestants, des mères en pleurs.
Ce documentaire n’est qu’une partie de la longue lutte entamée par les Congolais pour les élections de 2016, reportées en décembre 2017, puis décembre 2018.
A la recherche de ses origines, Gisa, se rend dans le village de sa mère disparue pendant le génocide dans le court métrage «Imfura» de Samuel Ishimwe. Gisa a le même âge que le Rwanda moderne. Très timide, il se retrouve dans un conflit familial pour l’héritage de sa mère. Il est perdu dans ces débats d’intérêts matériels menés par les sages. Son avis n’est pas aussi demandé et il ne prononcera que quelques mots dans le film. Cependant, les chansons et danses traditionnelles traduisent le côté mélancolique dans le film.
Le passé
Il y a ceux aussi qui se sont inspirés du passé. La guerre semble être le terrain de prédilection du Rwandais Joël Karékézi. Après son premier long métrage sur le génocide rwandais, il s’est intéressé à la 2e guerre au Congo en 1998 et qui opposait les rebelles et l’armée congolaise dans «The Mercy of the jungle ».
Par contre, il ne se penchera pas sur la folie de la guerre dans le film mais met en situation deux soldats protagonistes qui se retrouvent seuls dans la jungle. L’amitié naît entre deux ennemis, laissés à eux-mêmes dans une jungle. Ils développent des stratégies pour échapper aux animaux et aux rebelles. L’accent est mis sur les dégâts collatéraux de la guerre, les richesses pillées, les villages massacrés, de jeunes paysans enrôlés.
Fabien Dao, dans «Il pleut sur Ouaga», se servira du contexte de la transition avant le coup d’Etat au Burkina Faso pour parler de romance.
L’Afrique du nord était par contre plus présente avec 7 films. Les tranches de vie dans la société inspirent plus. Les souffrances de l’homme et les tragédies, semblent plus être interrogées avec « Aya » de Moufida Fedhila et « Weldi » de Mohamed Ben Attia, tous deux de la Tunisie.
Malheureusement, aucun de ces films africains n’a été récompensé à cette édition en prix officiels ni en prix spéciaux.
Revelyn SOME
Burkina24
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