50 ans du FESPACO : Les lauréats de l’Etalon d’or de Yennenga attendus à Ouaga
Mémoire et avenir du cinéma africain, c’est sous cet entendement que le cinquantenaire du FESPACO doublé de la 26e édition va se célébrer du 23 février au 2 mars 2019. Pour ce faire, les aînés et la jeune génération du cinéma ont effectué massivement le déplacement de la conférence de presse de Paris pour s’imprégner du programme.
Alimata Salembéré, pionnière du FESPACO, Manu Dibango, musicien habitué du FESPACO, Sidiki Bakaba, Cathérine Ruelle, journaliste et critique de cinéma, Don Pedro, deux fois lauréats au FESPACO, Souleymane Cissé, deux fois etalon d’or, Gaston Kaboré, etalon d’or, Mahamat Cissé, Wassis Diop, pour ne citer que ceux-là, ces grands noms du cinéma africain vivant à Paris sont venus assister à la conférence à l’UNESCO, lieu par excellence de la diversité culturelle même s’ils n’avaient pas de films.
Outre l’aspect artistique, le FESPACO sera un cadre de rencontre et de souvenir entre les pionniers et la jeunesse du continent. D’office, tous les Etalon d’or sont attendus à Ouaga où un hommage leur sera rendu, foi du délégué général du FESPACO.
Ce devoir de mémoire s’impose dira le ministre de la culture, Abdoul Karim Sango, pour montrer tout le chemin parcouru et d’autre part, mettre en lumière ce qui reste du FESPACO aujourd’hui afin que cette jeunesse prenne conscience de sa très grande responsabilité dans la gestion de ce lourd héritage.
Pour l’occasion, Alimata Salembéré, pionnière du FESPACO, est revenue sur l’avènement du festival parti du constat que les films africains n’étaient pas vus par les Africains. Elle cite le cas patent du Burkina Faso qui n’avait que deux salles de ciné exploitées par des étrangers.
La première édition qu’elle a présidée s’est tenue en 1969 avec une douzaine de films africains projetés à la Maison du peuple en présence du président Sangoulé Lamizana et de son épouse. L’engouement autour de l’évènement a fait renouveler l’expérience jusqu’en 1972, année à laquelle il a été institutionnalisé et prenait le nom du Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (FESPACO).
Les uns et les autres sont revenus sur la problématique des archives en Afrique. Et pour Alimata Salembéré, les archives servent de trait d’union entre le passé et l’avenir et doivent avoir une place prépondérante dans l’histoire du cinéma.
Elle n’a pas manqué de dire que cette question ne date pas d’aujourd’hui et que Sankara, alors ministre de l’information, avait vu juste et souhaité cela.
« Lorsque Thomas Sankara était le ministre de l’information donc ministre de tutelle du FESPACO, quand il a visité la télévision du Burkina, il a été ahuri de voir les boites de films et les cassettes qui traînaient dans la cour sous le soleil et la pluie. Je ne vous dis pas la rage et la colère qu’il a piquées, parce qu’il a dit, il faut des archives et je pense qu’il a vu très tôt ce qu’il nous fallait», se souvient-elle.
Pour Manu Dibango, un féru du FESPACO, il ne faut jamais oublier son passé et le cinéma est l’occasion de perpétuer une certaine image passée du continent.
« Le monde se construit sur les archives », a laissé entendre, Souleymane Cissé qui garde toujours de bons souvenirs du FESPACO et attend de voir un film qui sort de l’ordinaire pour le cinquantenaire. « En son temps, le FESPACO voulait juste exister et au prix du papier. Aujourd’hui l’Etalon, c’est 20 millions de F CFA. Nous, on nous a donné seulement une attestation. Je pense que nous sommes à un tournant décisif et que la nouvelle génération doit se dire que des hommes et des femmes se sont unis pour que ça existe et qu’il faut que le cinéma africain arrive à dépasser les frontières », dit-il.
Dresser un pont entre les générations, Appoline Traoré, réalisatrice burkinabè l’a compris et l’a toujours fait, elle qui avait toujours travaillé avec Feu Idrissa Ouédraogo. D’ailleurs son film « Desrances », en lice pour l’Etalon d’or à cette édition, a été soutenu par Idrissa Ouédraogo. « C’est sa mémoire qui parle et cela va continuer puisque c’est grâce à eux (les devanciers) que nous avons pu être là aujourd’hui », dit-elle.
A noter que la restauration des premiers films pour le cinquantenaire est en bonne voie, a assuré le ministre de la culture à la conférence de Paris. Un livre sur le cinquantenaire sera édité qui puisse servir de bible pour le futur. Des personnalités, non des moindres comme Christiane Taubira, Felwine Sarr, Achille M’Bembé, des gens qui ne sont pas impliqués dans le cinéma mais qui connaissent la valeur du cinéma, sont aussi attendus.
Revelyn SOME
Burkina24
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