Universités au Burkina : Le diagnostic de l’UGEB

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Ceci est une déclaration de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) à l’occasion de la rentrée  académique 2019-2020.

Camarades étudiantes et étudiants,

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En cette rentrée académique 2019-2020, l’UGEB souhaite à tous les étudiants Burkinabè une très bonne rentrée académique. A l’endroit des nouveaux bacheliers, l’UGEB leur adresse ses félicitations pour leur succès et leurs souhaite la bienvenue au niveau des universités et instituts d’enseignement supérieur.

Camarades étudiantes et étudiants,

Cette rentrée s’effectue dans un contexte marqué par :

  • La faillite du pouvoir MPP et alliés, aujourd’hui incapable de trouver des réponses aux préoccupations des populations (vie chère, délabrement du système de santé, chômage, inaccessibilité du logement, …) ;
  • La multiplication des attaques terroristes qui frappent plusieurs régions du pays (Sahel, Nord, Centre-Est, Boucle du Mouhoun) avec de multiples conséquences sur les masses populaires (centaines de morts parmi les civiles et les éléments des FDS, déplacés internes, fermetures d’écoles et centre de santé…) ;
  • La fascisation du pouvoir MPP et alliés (code pénal liberticide, assassinats ciblés et exécution de masse, mort suspecte de prisonniers, interdiction des marches du mouvement démocratique et révolutionnaire…) ;
  • L’approfondissement de la crise structurelle qui secoue l’école burkinabè.

Camarades étudiantes et étudiants,

La situation dans nos universités publiques et centres universitaires polytechniques est plus que préoccupante. Dix (10) ans après l’application du système LMD les autorités sont incapables de présenter à la communauté universitaire un calendrier fiable indiquant le début et la fin de l’année académique. Le retard et le chevauchement des années académiques constituent aujourd’hui la règle. Ainsi, dans certaines unités de formations et de recherche, deux, trois voire quatre années académiques se chevauchent. En plus des chevauchements et retards académiques, s’ajoutent les taux de succès catastrophiques. A l’Université Norbert ZONGO de Koudougou, on a enregistré 12 admis sur 160 étudiants en session normale de S2 en philosophie. A l’université Nazi BONI de Bobo, ce fut la même désolation avec 4 admis sur 476 étudiants en session normale du S1 et 00 admis sur 66 étudiants en session normale du S1 et du S2 respectivement en MPI et en IUT/GMP. A l’UFR/SEA de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, c’est le comble avec 26 admis sur 2304 étudiants en session normale pour les bacheliers de 2016.

Comme nous pouvons le constater, la faillite de l’application du système LMD est remarquable à tout point de vue dans nos universités publiques. Comme si cette situation n’était pas suffisamment catastrophique, le pouvoir du MPP et alliés y rajoute en adoptant le 25 février 2019 deux arrêtés portant sur le régime général d’études de Licence et de master. Ces arrêtés remettent en cause les conditions de passages classiques du système LMD et imposent aux étudiants entre autres : des examens en lieu et place d’évaluations continues, des sessions uniques de rattrapage pour les deux semestres de l’année, l’exclusion après deux redoublements en première année, des notes éliminatoires pour les étudiants en master…

Pour le pouvoir MPP et alliés, ce désastre dans le système universitaire n’est guère suffisant. Hélas ! Les autorités ministérielles s’attaquent subtilement au droit d’inscription des nouveaux bacheliers notamment leur droit à s’inscrire dans une filière relevant de leur choix. Il leur est imposé désormais lors de la demande d’orientation sur la plateforme Campus Faso le choix de 12 filières. Il est inimaginable qu’un étudiant puisse avoir 12 vocations. Ces orientations arbitraires préparent à n’en point douter, l’échec des étudiants dès leur première inscription à l’université.

Camarades étudiantes et étudiants,

Sur le plan social, c’est le même spectre de désolation. Les étudiants font face quotidiennement aux multiples problèmes de logement, de restauration, de transport, de santé et d’allocations sociales. En effet, le Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU) ne loge que moins de 4% des étudiants burkinabè. Il n’y a aucune cité universitaire dans les universités de Dédougou, Ouahigouya, Fada, et dans tous les centres universitaires polytechniques. Dans les cités existantes, les étudiants sont dans la promiscuité.

Là où le restaurant universitaire existe, la qualité et la quantité des repas servis laissent à désirer. L’insuffisance du nombre journalier de plats servis (10 000 pour plus de 130 000 étudiants au plan national) amène les étudiants à sécher les cours avant 10h dans l’espoir de se procurer un plat hypothétique. Cette situation est aggravée par l’informatisation du ticket de restauration qui augmente la lenteur du service. Le transport étudiant, n’existe presque pas. Pour les universités qui en disposent, il est principalement réservé aux résidents en cités universitaires (c’est-à-dire les 4% d’étudiants) et à un coût hors de portée. Concernant la santé, les étudiants sont abandonnés à la MUNASEB qui impose des frais d’adhésion et plafonne le montant de sa prise en charge. En matière d’allocations sociales, l’endettement massif des étudiants constitue l’option poursuivie par le FONER au détriment de l’octroi d’une aide conséquente en rapport avec le coût de la vie. A cela s’ajoute la rareté des bourses d’études dont le contingent stagne à 2 300 depuis 2013 malgré l’accroissement du nombre des étudiants.

Non content de tout cela, le pouvoir MPP et alliés assassine les libertés. Nous assistons à un déploiement des forces dites de l’ordre sur les campus pour réprimer les luttes des étudiants en violation flagrante des franchises et libertés universitaires comme ce fut le cas à Dori en juin 2019.

Camarades étudiantes et étudiants,

La situation des étudiants du privé n’est non plus pas reluisante. Les universités et instituts privés pour la plupart brillent par leur caractère mercantiliste que par la qualité de leur formation. Le coût de certaines offres de formation dans le privé atteint 2 500 000F CFA. Le bâclage de la formation par le biais de tripatouillage des curricula de formation, de la non-exécution des travaux pratiques et dirigés et d’exécution partielle des modules d’enseignement est devenu la règle pour bon nombre d’entre eux.

Les étudiants burkinabè à l’étranger, ne sont également pas épargnés par l’irresponsabilité des autorités. En effet, en plus de l’insuffisance et du retard de paiement des bourses, l’Etat burkinabè ne dispose par exemple pas de cité universitaire dans aucun pays de l’étranger pour accueillir les étudiants burkinabè. La cité FESSART en France qui jadis servait de logement aux étudiants burkinabè leurs est désormais fermée. Camarades étudiantes et étudiants,

Face à cette situation, l’UGEB :

  • appelle l’ensemble des étudiants Burkinabè à s’organiser au sein de ses sections et comités d’initiatives afin de lutter pour l’amélioration de leurs conditions de vie et d’études ;

En avant pour la défense ferme de nos intérêts matériels et moraux !

Vive l’UGEB !

Pain et liberté pour le peuple 

 Le Comité Exécutif

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