COVID-19/Couvre-feu : « Les forces de l’ordre doivent arrêter ces comportements » (Paul Sondo, ancien DG de la Police)

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Paul Sondo est Contrôleur général de police à la retraite. Ancien Directeur général de la police nationale du Burkina Faso, il est aujourd’hui Directeur exécutif du Cabinet en conseil consultatif en gouvernance et en sécurité (2CGS). Dans les lignes qui suivent, il livre son avis sur les questions notamment sécuritaires et sanitaires. Sur le volet sécuritaire, l’ancien chef des flics estime que l’accent doit être mis sur la formation des policiers. Et face à la pandémie du coronavirus, pour lui, il faut que les scientifiques disent concrètement ce que l’on doit faire pour que de façon curative l’on puisse renforcer le système immunitaire. Lisez donc !

Burkina24 (B24) : Vous avez passé plus d’une vingtaine d’années à la police nationale. Quels souvenirs gardez-vous de votre parcours ?

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Paul Sondo : J’ai passé une carrière satisfaisante à la police nationale. Les souvenirs, les bons surtout, il y en a beaucoup. Ce que je retiens, ce sont les actions d’innovation que nous avons pu entreprendre dans certains services et qui, à un moment donné, ont permis de juguler certains disfonctionnements à certains niveaux. Je veux parler, entre autres, de la légalisation directe qui a été instituée et qui a permis de diminuer de façon drastique les mécanismes de corruption qui existaient dans des services.

C’est à travers ce modèle de corruption que la police était placée à une position assez déplorable. Cela était dû à la manière dont les légalisations étaient organisées au niveau des services de police. Souvent il y avait trop d’intermédiaires entre les demandeurs et les signataires. Du coup ces intermédiaires souvent vont exiger ou se font exiger des montants aux demandeurs. Le principe de légalisation directe a permis de limiter ces manœuvres.

L’autre souvenir que je garde, c’est le fait d’avoir facilité la délocalisation des sections des accidents. Quand vous regardiez dans la ville de Ouagadougou, il n’y avait qu’une seule section des accidents qui était logée au commissariat central et qui devait couvrir toute la ville avec un seul véhicule et un personnel très réduit. Lorsque je suis arrivé aux commandes, j’ai réussi à déconcentrer ce service chargé du constat des accidents au profit de tous les arrondissements de Ouagadougou.

A ce que je sache, jusqu’à ce jour, ce sont les véhicules que j’ai pu acquérir pour doter et permettre à ces services de fonctionner qui existent toujours. Cela date de depuis 2012 et je déplore le fait que ces conditions n’aient pas été renforcées. En plus de ce souvenir, je voudrais également ajouter la mise en place des ronds-points mobiles dans presque toutes les localités du pays. Ce que je regrette aujourd’hui, c’est que la gestion de ces ronds-points mobiles n’a pas été attribuée à une structure donnée et leur entretien n’a pas été budgétisé. Que ce soit dans la ville de Ouagadougou ou ailleurs, je m’attendais au moins qu’on ait un créneau afin que les mairies puissent s’en occuper.

Car à la police, je l’avais fait en tant que responsable de la sécurité publique, mais l’Etat ne peut pas octroyer des moyens à la police pour entretenir ces box. Conséquence, nous constatons qu’ils sont en train de se dégrader et à certains niveaux, ils constituent même des facteurs criminogènes car une fois dégradés, ils ne répondent plus aux objectifs attendus par la présence au niveau des carrefours. Ce sont, entre autres, ces grands souvenirs que je garde de mon passage à la police et je saisis l’opportunité pour dire aux autorités de voir comment inscrire ces initiatives dans la durée. Sinon, elles risquent de disparaitre alors qu’elles jugulent de façon réelle des préoccupations des populations.

B24 : Pensez-vous que la police nationale de nos jours répond aux exigences du moment ?

Paul Sondo : Ce n’est pas la police nationale seulement, c’est tous les corps qui sont adaptatifs. Que ce soit la santé, l’enseignement, le journalisme, chaque corps doit s’adapter au contexte du moment. La police n’est pas non plus en reste par rapport à cette adaptabilité. Une police nationale évolue en fonction du contexte communautaire. Du coup je ne peux pas dire qu’elle ne répond pas mais il appartient à l’Etat et à ses démembrements de trouver des solutions pour l’adapter au contexte et travailler à renforcer les capacités pédagogiques dans les maisons de formation.

Surtout, instituer le contexte de la formation continue. Sinon, si l’on continue avec les formations classiques de base, depuis de longues années à nos jours, on risque de continuer à enseigner aux policiers ce qui ne leur est pas utile. Il est vrai que la formation coûte chère, mais si l’on continue à les former sur des principes qui ne sont pas adaptés aux contextes, vous créez tout à fait le contraire de ce qui est attendu de ces agents. Je me dis que la police est également un outil mis à la disposition des gouvernants et il devra le rendre adaptatif.  

B24 : Après la retraite, vous avez mis en place un Cabinet en conseil consultatif en gouvernance et en sécurité (2CGS). Qu’est-ce qui sous-tend une telle initiative ?

Paul Sondo : Je suis parti de la dynamique de ma vie professionnelle dans laquelle j’ai navigué pendant plus d’une vingtaine d’années. J’ai cru beaucoup plus au principe de la mission de prévention du policier. Donc je me suis dit que l’on peut élargir. Le policier, à mon avis, n’est pas spécialiste. C’est un généraliste spécialisé. C’est-à-dire que le policier est quelqu’un qui est sensé voir des notions sur ce qu’il doit faire de façon préliminaire, quitte à permettre à une autre structure spécialisée d’aller en profondeur.

Du coup, il devra mettre l’accent sur une situation qui pourrait perturber l’ordre public afin qu’elle ne se produise pas. Dès lors que la situation arrivait à se produire, le policier n’est plus le seul à pouvoir la gérer, il est obligé de se soumettre au principe de la procédure pénale policière notamment dans les délais de garde-à-vue, le traitement de la personne interpellée. Lorsqu’il franchit la base de la prévention, il devient un des acteurs du traitement du dossier judiciaire. Autant faire en sorte pour être le seul à gérer la situation.

Faire en sorte que la faute ne se commette pas. Mener des actions dissuasives, approcher les gens et leur expliquer ce qu’ils sont censés connaître et qu’ils ne connaissent pas. Car, si vous les laissez commettre la faute et vous les interpellez sur la base du fait que nul n’est censé ignorer la loi, vous encombrez vos services et vous êtes en train de faire un travail de renforcement du système carcéral. Cette personne qui a commis une faute sans savoir qu’elle était en train de commettre une infraction, va l’apprendre à ses dépens mais malheureusement il en sort grandi. Il lui faudra encore lutter contre sa volonté pour ne plus tomber dans la même erreur.

L’école contraire, c’est qu’il pourra apprendre à mieux apprendre comment passer entre les mailles du filet. C’est pourquoi, j’estime que la formation du policier doit être axée sur la sauvegarde de la prévention. Au lieu de mettre des méthodes très théoriques dans la formation du policier, il faut aller dans les approches par l’expérience. C’est-à-dire qu’il faut former les policiers par des policiers, former des policiers qui puissent être en mesure de former et éviter que des non-policiers aillent dispenser directement des cours à des policiers. Par exemple, quand on dispense des cours de droit pénal à la police par un magistrat du parquet ou du siège, il prend des exemples du siège ou du parquet.

Par contre si un magistrat du siège ou du parquet forme un policier pour aller dispenser des cours de droit pénal général ou spécial, le formateur qui va repartir va contextualiser en s’appuyant plus sur des exemples de police.  A mon avis, il faut plutôt mettre l’accent sur la formation des formateurs. Cela suppose que le système de formation au niveau de la police puisse travailler à constituer une mallette pédagogique. Et cette mallette pédagogique va être soumise à l’utilisation de ceux qui sont bien formés. C’est-à-dire que ceux qui seront formés par des magistrats, des économistes, des diplomates, des hommes de droit, vont travailler à contextualiser la formation à l’éthique et à la personnalité du policier.

Au lieu de donner le même cours en droit pénal général dans les autres écoles comme l’ENAREF, l’ENAM, l’école des eaux et forêts, que ce même cours soit dispensé aux policiers, alors que le droit pénal est tellement large que ce qui est valable pour les diplomates, les eaux et forêts n’est pas forcément valable pour les policiers. On pourrait extraire les parties qui sont utiles pour les policiers et permettre aux formateurs de s’en aguerrir et pouvoir dispenser les cours au niveau des écoles de police. Lorsque le policier est devant les policiers pour donner les cours, cela permet de faire passer correctement le message. C’est toute cette vision réunie qui m’a poussé à mettre en place le cabinet afin de proposer mon expertise.

B24 : Quels sont les objectifs de ce cabinet ?

Paul Sondo : Mon cabinet a une mission d’appui et d’appoint. C’est-à-dire que nous menons des réflexions et nous accompagnons des institutions dans la conduite de leur activité. Par exemple, nous conduisons actuellement un projet financé par le département américain dans le cadre de la mise en place de la police de proximité. Nous menons également des missions d’audits sécuritaires. Il y a également des organismes qui veulent de la sécurité mais qui ne savent pas dans quel domaine cette sécurité doit venir travailler. Nous les accompagnons dans ce sens. A chaque fois que nous sommes approchés pour une étude, nous nous entourons de techniciens avérés.

B24 : Votre cabinet conduit actuellement un projet en matière de police de proximité. Pouvez-vous en dire davantage ?

Paul Sondo : La police de proximité est un concept auquel les gouvernants burkinabè ont adhéré. Elle n’est pas que burkinabè, elle est mondiale. Elle consiste à faire en sorte que la police puisse travailler avec les populations pour lesquelles il pense assurer la sécurité. Sans l’implication de celui qui bénéficie de ce que vous voulez lui donner comme produit, vous ne pouvez pas atteindre vos objectifs. Nous travaillons avec le projet américain Strategic capacity group. La plupart des concepts, des mécanismes de police proximité, les gens ont beaucoup travaillé à écrire les méthodes qui puissent amener les populations à mieux collaborer. C’est du « up down ».

Quand tout est conçu du haut vers le bas, le bas n’est pas censé comprendre tout ce que le haut a dit. Conséquence, nous sommes confrontés chaque fois à des échecs. Nous, nous travaillons, pas seulement du « down up » mais également de façon circulaire. C’est à dire que nous ne bloquons pas le système en allant seulement sur le principe du down up. S’il y a des insuffisances dans ce que le haut a voulu imposer à la base, il y aurait aussi des insuffisances si l’on part du bas pour imposer à ceux d’en haut. Nous allons du principe alternatif.

Nous prenons ce que le bas pense que c’est applicable pour amener en haut et voir comment l’on peut le concevoir. Nous allons sur le terrain, nous découvrons des préoccupations et nous voyons comment ces préoccupations peuvent susciter des réformes. En regardant les textes académiques, les textes en matière de formation, de communication, de gestion des ressources humaines, nous pensons que sur le terrain, il y a des insuffisances que nous avons identifiées, alors nous nous asseyons de transformer cela en proposition, en projet de réforme que nous allons communiquer aux gouvernants.

Notre cabinet travaille à récupérer le « up down » et le « down up » pour le transformer en circulaire afin de travailler de façon permanente à l’adaptabilité des mécanismes. Mais, bien entendu qu’il s’agit de quelque chose qui est évolutif car ce qui constitue une préoccupation aujourd’hui ne le sera pas demain. Le travail de la police de proximité est un travail continu, ce n’est pas un travail figé où l’on pense ici et maintenant que l’on a trouvé le mécanisme.

B24 : Notre pays fait face au terrorisme depuis plus de quatre ans. Quelle peut être la part contributive de la police de proximité dans la lutte contre le phénomène ?

Paul Sondo : La police de proximité fonctionne en fonction de la situation sécuritaire du moment et du contexte local. Si la police de proximité peut fonctionner dans un pays qui ne souffre pas de terrorisme, elle fonctionnera dans un pays comme le nôtre qui souffre du terrorisme. Il suffit de voir les principes même de la police de proximité et les adapter. Aujourd’hui, le gouvernement a pris des décisions relatives aux recrutements de volontaires pour la défense de la patrie. Ce sont des mécanismes qu’il faut travailler. Ce sont les attaques terroristes qui ont contraint le gouvernement à prendre une telle décision.

S’il n’y avait pas eu de terrorisme, le gouvernement n’aurait pas pris cette initiative.  C’est aussi une forme de police de proximité. Dans la police de proximité, telle que nous l’entendions sans tenir compte des attaques terroristes, le dernier acte pris est le décret 10-52 qui donne tout le mécanisme de tous les acteurs de police de proximité notamment en partant des comités locaux de sécurité, des initiatives locales de sécurité, les initiatives communales de sécurité, la coordination communale de sécurité avec l’implication des maires, des préfets, des Hauts-commissaires, des gouverneurs. Il y a ces mécanismes qui sont là et qui sont fixés par le décret 10-52 mais qui connait également des insuffisances. Est-ce que l’on peut bâtir une chaine de police de proximité en allant seulement du village, de la commune, de la province, de la région en oubliant les acteurs des ministères ?

Aujourd’hui, bâtir la police de proximité sans trouver un mécanisme qui implique l’ensemble des acteurs des couches socioprofessionnelles, vous êtes encore en train de mettre sur les carreaux les acteurs fondamentaux. Nous suggérons que l’Etat mette plutôt en place, en plus de la direction de la police de proximité, un secrétariat permanent chargé de la police de proximité où tous les ministères vont s’impliquer. Vous verrez que tous les fonctionnaires, tous les ministères, s’ils sont au même niveau d’information, chacun saura le rôle à jouer. On ne peut pas limiter la mise en œuvre de la police de proximité aux seules forces de sécurité.

A mon avis, c’est trop limitatif car les forces de sécurité sont déjà dans un système. Elles peuvent demeurer des techniciens d’accompagnement. Quand on parle de police de proximité, il faut créer un système qui implique tout le monde. La police de proximité, c’est un réseautage. Le Burkina Faso a déjà beaucoup écrit sur la police de proximité, il a déjà fait l’expérience sur la police de proximité, mais dans la réalité  le Burkina Faso n’est pas avancé dans la mise en œuvre pratique de la police de proximité. Je vous prends un exemple, si vous arrivez à l’aéroport de Ouagadougou, personne ne vous demande où vous allez. Si votre passeport est à jour, personne ne va vous déranger.

Par contre au Sénégal, tant que vous ne direz pas où vous allez, vous ne sortirez pas de l’aéroport. Or, le Sénégal n’a pas écrit beaucoup en police de proximité comme le Burkina Faso. J’estime qu’au Burkina Faso, nous avons trop écrit en matière de police de proximité, mais dans la pratique, il serait loisible pour nous de revoir un tout petit peu la mise en œuvre de ce que nous avons écrit. Néanmoins je félicite beaucoup les autorités, car tous les régimes qui se sont succédé ont adhéré au principe de police de proximité.    

B24 : Les policiers sont à couteaux tirés aujourd’hui avec leur hiérarchie à propos d’équipements adéquats pour contribuer à la lutte contre le terrorisme. Quelle lecture faites-vous sur la question ?

Paul Sondo : Cela est dû à une question de formation. Une chose est de pouvoir lutter contre le terrorisme, une autre est de pouvoir lutter contre le terroriste. Les policiers, naturellement, beaucoup ont perdu la vie. Pendant qu’ils étaient en train de gérer la sécurité de façon classique, ils se sont vus confrontés à de nouvelles méthodes d’attaque terroriste et ils sont partis. Du coup, l’on constate qu’ils ont été victimes de la disproportionnalité des capacités de riposte. Il est tout à fait normal qu’ils tirent leçon et qu’ils demandent un renforcement de leur capacité de riposte face à l’ennemi. Mais, c’est tout un processus.

Admettons qu’ils disent de leur apporter des 12.7 et des lance-roquettes. Obligatoirement, il faudra les former. Même les ennemis qui viennent nous attaquer, ils n’acquièrent pas les armes sans aucune formation en la matière. Les policiers également, pour que ces armes puissent être mises à leur disposition, il faudra les former. On ne peut pas en même temps demander des volontaires qu’on forme et leur donner des armes et refuser  d’apporter une formation d’appoint à des policiers pour gérer une situation. Tout est formation et organisation.

Dans tous les cas, on a beau vouloir donner des moyens de haute performance aux policiers, ces moyens seront toujours achetés et gérés par l’armée. Je pense qu’il faudra travailler à ce que les états-majors de la gendarmerie, de la police et de l’armée renforcent leur communication. Si la base se plaint, c’est qu’il y a un problème de communication entre les états-majors. S’ils communiquent bien, ils doivent communiquer mieux. Il y a toujours une insuffisance. Je crois qu’il y a un problème de proaction. Il y a un besoin et l’armée n’a pas intérêt à donner l’arme à des gens pour qu’il puisse travailler, encore moins à d’autres qui demandent, qu’ils puissent aussi se faire mieux comprendre.

Dans les deux cas, la police est en bonne position légitime acceptable de demander des armes conséquentes pour combattre le terrorisme. L’armée également est en position légitime de ne pas donner des armes à des gens qui n’ont pas reçue de formation appropriée. Entre ces deux situations, seule la communication pourra trancher. Si on envoie les éléments sur le terrain, on ne leur demande pas quelle formation ils ont reçu. Ils partent avec la volonté loyaliste, du combattant, d’avoir choisi de mourir pour la patrie. Mais, cela ne suffit pas. Parce que plus ils vont vaincre, plus cela donne le courage aux autres de s’engager.

Plus ceux qui vont aller pour périr, plus ceux qui vont partir, partent dans une intention d’aller aussi périr mais pas pour combattre. Donc dès le premier coup de feu, tout le monde prend la débandade. Inutile d’envoyer les gens à la boucherie. Il faut revoir, non seulement la formation mais aussi le problème de communication. A l’étape actuelle des choses, l’on n’a pas le choix, les premiers responsables des trois corps doivent se parler. C’est une obligation. A mon avis, les premiers responsables des trois corps devront tenir au minimum une réunion chaque semaine. Je ne sais pas s’ils le font, mais s’ils ne le font pas, ce n’est pas bon.

Car toutes les situations qui se présentent sur le terrain, se présentent différemment de jour en jour. Par conséquent, les différentes entités sont obligées à un moment donné d’être au même niveau d’information. Autrement dit, nous le ferons à un moment donné mais avec beaucoup de perte. En attendant que les moyens soient à la hauteur, il faudra que les premiers responsables puissent se parler de façon constante.         

B24 : En plus du métier d’arme que vous avez appris, vous avez également des talents d’écrivain. La preuve, vous avez mis sur le marché votre première œuvre le 9 mars 2019. D’où est née cette passion ?

Paul Sondo : On ne peut pas écrire sans avoir lu. Cela est dû au fait que j’ai eu à lire certains ouvrages et je me suis rendu compte que ces auteurs ont laissé beaucoup de choses dont j’ai pu tirer profit dans ma vie. A travers ces œuvres, je me suis dit également que je pourrais laisser quelque chose à la postérité. Je ne me qualifie pas d’écrivain, c’est juste que j’ai pu faire sortir une œuvre. Je me suis inspiré de ma propre vie qui n’est pas très spécifique à moi seul.

Avec cette œuvre, j’ai voulu faire comprendre à la jeune génération qu’en se morfondant sur ses problèmes, on ne pourra jamais réussir. Il faut se dire que les difficultés, c’est tout le monde qui les vit. Tant que tu es en difficulté, tu es le seul à pouvoir trouver la solution. Toute autre solution qui intervient, devra venir en appoint. Et je suis fier que tous ceux qui lisent mon œuvre, trouvent qu’ils ont eu le parcours de vie que moi. Il ne faut pas que les gens se disent qu’ils sont maudits et que les problèmes ne sont faits que pour eux seuls.

B24 : Vos lecteurs doivent-ils s’attendre à une autre œuvre ?

Paul Sondo : Ça c’était « L’aube du sort sacré » qui était paru le 9 mars 2019. Je suis actuellement presque à la fin du deuxième livre qui est « Le crépuscule ». Mes éditeurs procèdent actuellement au toilettage. Je suis pratiquement au 3/5 du livre. En principe si tout va bien, d’ici la fin de l’année, les lecteurs pourront le découvrir. 

B24 : Faites-vous de la politique ?

Paul Sondo : Dire que je fais ou je ne fais pas la politique, c’est difficile. Je ne sais pas ce que l’on appelle faire la politique. Je suis un homme d’action, un homme de terrain, un homme qui est proche de la population. Est-ce par la politique que l’on peut véhiculer, tout comme par le livre, les aspects positifs que l’on a vécus et que ce soit assez riche d’enseignement pour les autres ? Faut-il le faire par la politique ou par un autre canal ?

Effectivement, j’adhère à certains partis, mais pour la politique, c’est pouvoir dire que l’on a quelque chose à enseigner à la population afin qu’elle puisse parvenir à relever ses difficultés. On pense par exemple que si l’on est à l’Assemblée nationale, on peut élever la voix pour contribuer à faire prendre des décisions qui puissent véritablement aider les populations. Dès lors que tu penses à cela, ça te fait faire la politique. On se rend compte également qu’en matière politique, c’est un terrain favorable pour se créer autant d’adversaires.

Tu as beau faire comprendre que ton objectif c’est de pouvoir trouver un créneau pour faire passer un message assez favorable dans le développement et dans la promotion humaine, on trouve que c’est une place que tu veux leur ravir. D’aucuns aussi pensent que si tu n’es pas avec eux, tu es contre eux. Tout cela pose un problème pour moi. Je me dis qu’en faisant la politique, cela ne remettra pas en cause mon élan de sociabilité. Je ne voudrais pas volontairement me créer des ennemis de part et d’autre.

Il y a des hommes politiques aujourd’hui, le fait que je ne suis pas dans leur parti, je n’arrive pas à les contacter. Or en dehors de la politique, c’était des gens qui pourraient me conforter dans mon élan de solidarité envers les autres. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de bâtir son bonheur sur les ruines des autres. J’ai tenté de faire la politique, mais je suis en train de réfléchir voir. Si ça doit me créer beaucoup plus de déperdition en termes de relation, je ne suis pas prêt à me créer des ennemis pour des raisons politiques.  

B24 : Nous voyons que vous intervenez également dans l’humanitaire à travers votre association dénommée « Dalobé ». Qu’est-ce qui a guidé vos pas?

Paul Sondo : J’ai eu une enfance difficile. Cette enfance que j’ai menée en côtoyant le milieu religieux m’a, en même temps, inculqué l’esprit d’humanisme, de solidarité. Je ne veux pas, aujourd’hui, pour des raisons politiques, perdre cet élan. Si je devrais faire de la politique et ne pas pouvoir venir en aide aux autres, je préfère ne pas le faire. Ce n’est pas parce que j’avais les moyens que je venais en aide aux autres. J’ai commencé mon association il y a 15 ans aujourd’hui.

Mais bien avant la création de l’association, j’avais déjà commencé à poser des actes de solidarité par-ci par-là. J’ai commencé par donner d’abord des bols de riz jusqu’à ce que je sois capable de donner des tonnes de riz, de construire des écoles, d’octroyer des microcrédits, d’avoir un partenaire en France avec qui nous travaillons en synergie contre la déscolarisation précoce des enfants. Et  c’est en cela que l’association a commencé à prendre de l’ampleur.

B24 : Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Paul Sondo : Mes projets pour l’avenir c’est de prier d’abord afin que le Burkina Faso recouvre la paix. Le premier des droits, c’est la sécurité et la santé. Aujourd’hui notre pays traverse des difficultés énormes conjuguées qui nous ouvrent très peu de portes en termes de projets. Vous ne pouvez pas bâtir des projets tandis que le pays est encerclé, tandis que le covid-19 contraint tout le monde à rester dans les maisons.

Si ces crises passaient, que la vie reprenait son cours normal et que j’avais encore la possibilité, je vais accompagner les jeunes à pouvoir pérenniser, améliorer ce que j’ai entrepris. Par exemple, si aujourd’hui je dois tenir une rencontre politique dans ma région, c’est pour préparer les gens à voir dans quelle mesure ils peuvent continuer ce que j’ai fait.

B24 : Covid-19 oblige, quel commentaire avez-vous à faire et quel appel avez-vous à l’endroit des populations ?  

Paul Sondo : Si j’ai un commentaire à faire, c’est de déplorer que la maladie puisse, en un temps record, envahir tout le monde entier. C’est un phénomène inattendu, mais aussi interpellateur. Je crois que nous ne devrons pas exclure Dieu de notre vie. Cette pandémie vient, une fois de plus, nous interpeller de faire attention en mettant Dieu dans notre vie, car l’homme croyait réinventer la vie à tel point que d’autres mêmes ne croyaient plus en l’utilité de Dieu.

Je vois que des mesures ont été prises par le gouvernement en demandant aux gens de limiter leur mobilité, de respecter les consignes d’hygiène. Ce sont des mesures anticipatives, des mesures de prévention. Autrement dit, ce sont des mesures qui permettent de limiter la propagation de la maladie, ce n’est pas le remède. Vivement que l’on puisse avoir le médicament et surtout je suis heureux d’apprendre que certaines personnes guérissent sans soin. Il faut que les scientifiques nous disent concrètement ce que l’on doit faire pour que de façon curative l’on puisse renforcer le système immunitaire.

On pense que notre population est assez indisciplinée. Je vois sur les réseaux sociaux le comportement des forces de sécurité. Quand on pense que c’est une maladie qui a de la faveur en se posant sur de l’insalubrité et que vous amenez des gens que vous avez interpellés à se salir, à mon avis, je crois que les forces de l’ordre doivent arrêter ces comportements. Le mécanisme de sanction et d’interpellation n’est pas proportionnel aux mesures prises. Que chacun, en plus du confinement, puisse prendre des précautions pour se protéger de la maladie.  

B24 : Votre mot de fin ?

Paul Sondo : Ce que j’ai comme mot de fin, c’est de demander à Dieu afin qu’il nous prenne en pitié en ces moments difficiles. Il n’est pas intéressant de voir l’économie du pays en train de se confiner et qui pourrait créer d’autres conséquences. Lorsque vous voyez aujourd’hui les marchés qui se ferment, ce n’est pas évident que dans les jours qui suivent les rues ne deviennent pas des marchés. Il est vrai qu’actuellement les gens parlent plus du covid-19 que le terrorisme, mais je crois que le dispositif de lutte contre le terrorisme est encore sur place.

Propos recueillis par Noufou KINDO

Burkina 24

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Noufou KINDO

@noufou_kindo s'intéresse aux questions liées au développement inclusif et durable. Il parle Population et Développement.

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2 commentaires

  1. Vous êtes et demeurez un baobab dans l’univers de la sécurité, et une source intarissable pour le bonheur de la nouvelle génération et celles à venir.
    Chapeau à vous Daddy!

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