Thèse de doctorat : Cyrille Kéré analyse les conflits entre Bissa Gold et les communautés de Sabcé
L’étudiant en Sociologie, Cyrille Kéré a soutenu sa thèse de doctorat unique en sociologie, ce 20 mars 2021 à l’université Joseph Ki-Zerbo. Le thème de sa soutenance était « Exploitation minière industrielle et dynamique des conflits à Sabcé au Burkina Faso ». Le travail du désormais Docteur en sociologie a été sanctionné par la « mention très honorable ».
En 2017, on pouvait compter 23 mines industrielles au Burkina Faso. Ces mines ont produit environs 226 milliards de francs CFA de recettes la même année. Cependant, la présence de celles-ci dans certaines localités, est souvent accompagnée de conflits avec les populations autochtones.
C’est pourquoi Cyrille Kéré a écrit une thèse portant sur des conflits qui ont opposé le promoteur minier « Bissa Gold » aux communautés de Sabcé. Selon ses recherches, ces conflits sont arrivés et arrivent, parce que la régulation minière au Burkina Faso est caractérisée par des insuffisances qui limitent la bonne gouvernance du secteur. Il a fait comprendre qu’ils émanent du promoteur minier, des communautés et de l’Etat.
Etouffer des luttes…
En ce qui concerne « Bissa Gold », le doctorant a indiqué que cette société a une communication à dessein, qui est faite avec des promesses qui sont irréalistes. « Il y a la promesse de renouvellement des indemnisations des communautés après chaque 5 ans. Ce qui n’est prévu nulle part dans le dispositif règlementaire », a-t-il illustré.
En plus, il a noté que la mine lie des alliances avec, ou met la pression sur des autorités étatiques et locales. Il a fait savoir que ces leaders bénéficient d’un certain nombre de privilèges, notamment sur leur indemnisation personnelle, dont le taux est supérieur à celui des autres membres de leur communauté.
Il est allé plus loin sur la question en indiquant que la mine passe aussi par l’octroi d’emploi temporaire aux leaders des groupements de revendication à Sabcé, afin de pouvoir étouffer leur lutte.
Pour finir, l’étudiant en sociologie a indiqué qu’à l’arrivée de la mine en 2011, un mouvement de la société civile avait pris l’initiative de renforcer les capacités de négociation des habitants de la commune. Cependant ce mouvement n’aura pas gain de cause, suite à des empêchements de leaders locaux, qui selon l’étudiant ont été « manipulés » par la mine.
« Il se trouve que c’est le seul ministère sur le terrain qui n’a pas de déconcentration »
Pour ce qui est des communautés de Sabcé, le doctorant a expliqué que les préoccupations des communautés se fondent sur les questions d’emploi, d’indemnisation, et du non-respect des us et coutumes. « Il faut signaler au passage que dans le cadre des activités de Bissa Gold, il y a eu la destruction du lieu des fétiches et cela a amené à une mobilisation des communautés face à la société minière », a-t-il éclairé.
Il a ajouté que dans certains conflits, par manque de capacités de négociation, les communautés donnent leur consentement. Selon lui, ces compromis arrivent, parce que les habitants ont peur de perdre face à la mine et face à l’Etat.
Au niveau de l’Etat, Cyrille Kéré a d’abord indiqué que l’autorité politique a manipulé les communautés pour leur adhésion au projet minier. « En 2011, dans le processus d’implantation de la mine, cela a été exploité par les leaders politiques pour justement être présenté comme une opportunité qui découlerait de leur initiative », a-t-il fait savoir.
Ensuite, il a noté un recul de l’autorité pour faire assumer sa responsabilité par le promoteur minier. « Le ministère des mines et des carrières qui est dans la stratégie gouvernementale visant à faire du secteur minier un pilier de développement socio-économique, il se trouve que c’est le seul ministère sur le terrain qui n’a pas de déconcentration », a-t-il notifié.
Plus loin, Cyrille Kéré a pointé du doigt l’opérationnalisation tardive du décret portant sur le fonds minier de développement local, ainsi que l’absence d’une stratégie nationale de développement et de promotion de la fourniture locale.
Le professeur Alkassoum Maïga a réagi
Le doctorant a aussi indiqué qu’il n’y a pas de décret fixant la nomenclature des postes et des quotas d’emploi des nationaux et des non nationaux.
Il a enfin indiqué que « Bissa Gold » pratique l’indemnisation basée sur la volonté ou sur l’expérience, parce qu’il n’y a pas de référentiel en matière d’indemnisation au Burkina.
Sur ce dernier point, le professeur Alkassoum Maïga, président du jury, a réagi en indiquant qu’il y a un certain nombre de référentiel d’indemnisation au Burkina, notamment le référentiel de la Société Nationale Burkinabè d’Electricité (SONABEL), le référentiel du premier Compact américain, le référentiel de la banque mondiale et le principe d’équateur.
Pour aplanir les conflits entre les communautés et la société, le doctorant a proposé la mise en place de cadres de concertations, sanctionnés par des procès-verbaux. « Il faut des cadres qui soient assez proches des communautés mais aussi, qui prennent en compte les différents acteurs au niveau des communautés », a-t-il précisé. Cyrille Kéré a reçu la mention « Très honorable ».
A noter que le jury était composé du directeur de thèse Augustin Palé, Professeur titulaire à l’université Joseph KI-ZERBO, avec comme rapporteur Ali SANGARE, Maître de recherche au CNRST et membre, Aly Tandian, Professeur titulaire, Université Gaston Berger de Saint Louis (Sénégal).
Josué TIENDREBEOGO (stagiaire)
Burkina 24
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Je soutiens la thèse de Cyrille Kéré laquelle analyse les conflits entre Bissa Gold et des communautés de Sabcé. Je crois qu’ils devraient Gouvernement, les Entreprises Aurifères et ABSM se prévaloir du protocole signé à cette effet entre tous les minières (9) existantes en 2014