Tribune | Le ’tout militaire’, une stratégie de lutte contre le terrorisme au Sahel à questionner, selon Mamadou Diallo

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Ceci est une tribune d’un observateur, Mamadou Diallo, intitulée « Le ’tout militaire’, une stratégie de lutte contre le djihadisme au Sahel à questionner ».

Malgré mes soixante-dix ans que je fêterais le 24 novembre prochain si Dieu le veut comme on dit, j’ai engagé comme qui dirait un ultime combat, celui d’œuvrer du mieux que je pourrais à la naissance et la construction du « Mouvement Deux Millions de signatures en faveur du Dialogue » en perspective de la recherche d’une alternative crédible de sortie de la crise sécuritaire, de reconstruction de notre vivre-ensemble, in fine de la Refondation de l’Etat.

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J’ai été conforté encore plus dans cet engagement par la lecture de l’Ouvrage du Colonel Sékou DOUMBIA « TERRORISME AU SAHEL. Le dialogue avec les jihadistes comme paradigme de sortie durable de crise au Mali » qui vient de paraitre aux éditions de l’Harmatan. Notre élite intellectuelle, politique et militaire devrait en prendre le temps de la lecture, de la réflexion et de l’action en faveur du Dialogue.

Le ‘’Tout Militaire’’ c’est comme l’explicite le Colonel Sékou DOUMBIA dans son ouvrage : « L’option militaire ou guerrière (qui) procède du triomphe du prima répressif dans la lutte contre l’insécurité. Elle est liée à l’histoire de la construction de l’État et de la résolution des conflits. Cette approche est marquée par la figure de la résolution hobbesienne des conflits qui, renvoie à la paix par la victoire et/ou la domination d’une des parties au conflit. Elle mentionne que « la façon la plus simple et la plus radicale de passer de la guerre à la paix, c’est la victoire ». Cette solution militaire des conflits instaure une paix imposée par l’une des parties. Elle est synonyme de soumission ou d’élimination de l’adversaire ».

En cela, l’histoire a montré qu’une victoire UNIQUEMENT militaire, ne serait que temporaire, car n’aurait pas permis de traiter les problèmes de fond qui ont favorisé l’incursion djihadiste et alimentent la crise sécuritaire que traverse le pays.

Rappelons ainsi que les groupes armées Djihadistes ont été défaits au Mali en 2013 grâce à l’opération Serval ; la suite on la connait. Je reviendrais très prochainement sur les fondements de mon approche de Dialogue, qui considère que, au regard des problèmes de fond sous-jacents à la crise sécuritaire, seul le génie politique de nos communautés villageoises en matière de gestion et de résolution des conflits est à même de relever le défi du dialogue pour une paix fondatrice.

C’est sans doute dans une perspective du ‘’Tout Militaire’’ que l’initiative 50.000 VDP est lancée sous l’impulsion des nouvelles autorités de la Transition.

Nous avons à présent par devers nous, l’expérience récente des VDP et avant elle, celle des Koglweogo et celle plus ancienne encore des Dozos ; on pourrait même ajouter celle des CDR ; il ne serait pas intellectuellement, politiquement et militairement honnête de ne pas les scruter profondément et d’en tirer les enseignements les plus utiles au risque de ne pas atteindre les résultats escomptés et ainsi d’alimenter et d’élargir de manière soutenue, les violences intercommunautaires et au sein des communautés villageoises ainsi que la miliciarisation de la vie politique. Pensons à l’appel de certains partis politiques à  leurs militants à s’enrôler comme VDP et à d’autres encore qui pensent par ce biais organiser la ‘’guerre révolutionnaire’’ pour la conquête du pouvoir d’Etat.

Comme déjà indiqué dans ma dernière tribune relative à la récurrence des coups d’Etat dans notre pays, le « Mouvement deux Millions de signatures en faveur du Dialogue », est engagé dans la préparation d’une campagne de collecte de signatures à l’échelle nationale et tout particulièrement auprès des communautés villageoises et des PDI au travers d’une Pétition qui sera lancée bientôt.

Cette campagne dont le lancement était programmé le 30 novembre 2022, sera différée d’un trimestre pour que tous ensemble, nous fassions notre expérience des nouvelles initiatives des nouvelles autorités de la Transition afin de mieux construire le paradigme du Dialogue et nous impliquer activement dans la construction d’une initiative populaire en faveur du Dialogue pour une sortie crédible de la crise sécuritaire au Sahel en donnant l’élan au Burkina.

Dans cette perspective, le « Mouvement deux Millions de signatures en faveur du Dialogue », poursuit la construction de la stratégie opérationnelle de la campagne pour laquelle un BLOG pour la co-construction de cette initiative à venir sera lancé au plus tard le 31 décembre 2022.

Dans cette attente continuons à suivre et à partager l’évolution de ce chantier politique inédit grâce au lien : https://chng.it/RGWtrr6C5F 

Comme disait Joseph Ki-Zerbo, Na an laara an saara !

Alors tous ensemble nous devons et pouvons engager et construire cette voie pacifique et durable de sortie de notre pays de la crise sécuritaire et de Refondation de l’Etat.

DIALLO Mamadou

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Un commentaire

  1. Je viens par cette petite note rappeler Mr DIALLO que le livre du Colonel Sekou DOUMBIA n’est que l’ombre de sa formation militaire occidentale. Je rappelle également Mr DIALLO que les groupes armées Djihadistes n’ont pas été défaits au Mali en 2013 grâce à l’opération Serval. Il est important de savoir que l’opération Serval a juste stoppé l’entrée des terroristes dans la capitale malienne. Le cas du Mali est totalement différent du Burkina dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Au Mali, il y a des groupes d’autodéfense et au Burkina, nous n’avons pas de groupes d’autodéfense (je m’explique: les dozo, les kolgwéogo ne sont sont pas des groupes d’autodéfense mais des initiatives locales de sécurité qui sont apparues par le vide et aussi l’incapacité de l’État à offrir une sécurité à certaines partie de sa population. Les kolgwéogos ne défendent pas un groupe ethnique ni une communauté mais toutes les sensibilités ethniques ou communautaires présentent dans un village ou une localité donnée. Parmi les kolgwéogo, toutes les sensibilités (ethniques, socio-professionnelles) sont représentées.
    Revenons au terrorisme! Le terrorisme est un produit de laboratoire et j’assume mes propos car depuis l’Afghanistan en passant pas l’attentat des du Wold Trade Center. Ben Laden n’était qu’un agent commercial du laboratoire ayant fabriqué le terrorisme. Tout a commencé un 27 décembre 1979 quand la Russie (Ex Union Soviétique) a mordu au piège tendu par les forces occultes en attaquant l’Afghanistan. Cette erreur russe a été l’occasion propice pour activer l’« opération cyclone » avec la complicité des moudjahidines. C’est dans cette longue guerre contre l’Union Soviétique que l’homme de main de la CIA Oussama Ben Laden a été utilisé afin de contrecarrer toutes les actions russes dans cette zone. Cette guerre a permis aux forces occultes de maintenir l’Afghanistan comme le premier laboratoire d’expérimentation terroriste qui se chargera d’assurer la continuité et l’expansion du programme terroriste à travers le monde.
    Après la fin de l’Union Soviétique, Al-Qaïda, cette machine infernale confectionnée depuis l’Afghanistan va alors se poursuivre pour la conquête du monde. Le premier test du produit de laboratoire afghan fut le conflit du Kossovo où ces bébés terroristes devraient aller soutenir les frères musulmans (en rappel, ce mouvement a été fondé en 1928 par Hassan al-Bannâ. C’est le plus grand mouvement que le monde arabe et islamique ait connu au cours du XXe siècle) avec l’appui paternel du royaume d’Arabie saoudite. Conflit qui a abouti au bombardement de l’Otan qui a mis cruellement fin à ce conflit, morcelant ainsi toute la région en des territoires autonomes sous contrôle des forces occultes. Mais le plus important s’est matérialisé car bébé Al-Qaïda a grandi et est efficace.
    Le deuxième test du jeune Al-Qaïda sera effectué à travers l’attentat de l’ambassade américaine au Kenya le 07 août 1998 à Nairobi et ensuite en Tanzanie à Dar Es Salam.
    Le conflit du Kossovo ayant été une expérimentation concluante, Oussama Ben Laden a été alors désigné pour jouer le rôle de chef du « djihad ». La désignation d’Oussama Ben Laden comme le chef incontesté et incontestable d’Al-Qaïda (sachez bien qu’Al-Qaïda signifie base en arabe) tenant une Kalachnikov sur un champ de tir entouré de ces combattants moudjahidines effectuant des manœuvres militaires pour un éventuel combat du « djihad » n’est qu’une simple mise en scène.
    Le terrorisme dans la bande sahélienne tire son origine de la crise libyenne. Dans ce conflit, la France a joué un rôle incontournable dans la déstabilisation de cette partie de la bande sahélo saharienne à travers son aide incontestée qu’elle a apporté aux rebelles de Benghazi en témoignent les propos de Philippe Duval dans les colonnes du journal Le Monde Afrique en ces termes « On largua en masse des lance-roquettes, des fusils d’assaut, des mitrailleuses et surtout des missiles antichars Milan. En utilisant un système très sophistiqué, avec un petit parachute qui s’ouvrait à 200 mètres du sol, se vantaient alors les militaires français. Ces colis tombés du ciel furent accueillis comme une bénédiction, notamment par Mounir el-Haidara, l’un des émirs les plus célèbres du djihadisme tunisien. »
    C’est ainsi que le Président et Guide libyen Kadhafi, sentant le danger venir, lance un appel à tous les peuples maghrébins afin de venir l’aider dans son combat. Ce sont les Touaregs du nord Mali qui répondirent présents à cet appel. C’est alors que des forces militaires occidentales sont vite déployées en Libye, l’étau s’étant resserré sur Kadhafi le Guide de la Djammaryha est alors tué et son corps fut exposé sur la place publique. Quel crime odieux ? Mais aucun organisme des droits humains ne lèvera la petite voix pour condamner cet acte.
    Après la mort de Kadhafi, les Touaregs venus combattre à ses côtés regagnent le Mali, leur bercail. A peine sont-ils arrivés au Mali qu’une rébellion est créée pour revendiquer leur autonomie. Que s’est-il alors passé durant le séjour de ces Touaregs en territoire libyen ? Ont-ils été approchés par les laborantins de la base (Al-Qaïda) d’Afghanistan afin de créer une cellule terroriste dans la bande sahélo-saharienne qui regorge d’énormes potentialités minières ? A la lumière de ces questions, nous pouvons conclure que la guerre contre Kadhafi a été du pain béni pour les forces occultes d’installer une cellule terroriste qui est une des branches de leur base à savoir Al-Qaïda. Cette cellule sera baptisée Al-Qaïda au Maghreb Islamique, en abrégée AQMI.
    De cette cellule (AQMI) renaîtront des groupes comme le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) qui renaît des cendres du Mouvement Populaire de l’Azawad (MPA) dirigé par Lyad Ag Ghali, les Islamistes d’Ansar Dine créent le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA), le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), la Coordination des Mouvements et Fronts Patriotiques de Résistance (CMFPR).
    Faisons un tour d’histoire des rébellions dans le nord du Mali. Il est important de signaler que depuis le VIIè siècle, on note déjà la rencontre et le métissage entre les Songhraïs venus du Dendi et des Berbères originaires du Yémen ; la rencontre entre les Oasiens, les Bellahs, premiers occupants de la terre, et les Touaregs ; la coexistence entre Arabo-Berbères et Négro-Africains au sein des empires du Ghana, du Mali et du Songhaï sous l’autorité des souverains noirs.
    Au XVIè siècle, une invasion marocaine met fin à l’existence de l’empire Songhaï. Elle est suivie de trois siècles d’anarchie. Les Touaregs, les Arabes et les Maures se rendent maîtres du fleuve. Leur hégémonie est contestée, d’abord, par les Peulhs de la Dina d’Hamdallaye avec Cheikhou Ahmadou et son fils Ahmadou Cheikhou ensuite par les Toucouleurs sous les ordres d’El Hadj Omar.
    Vers 1893, les Français sont aux portes de Tombouctou et c’est la conquête de la Boucle du Niger. Cette conquête s’est réalisée en trois étapes à savoir : la prise de Tombouctou, la soumission des Touaregs du fleuve, la marche vers Gao et la confrontation avec les Oulliminden Kel Attaram. Dans le Sud et le Nord, les colonialistes se heurtent à une forte résistance et subissent de cuisantes défaites comme celle de Taquinbawt (Tacoubao).
    La résistance est d’abord celle des Touaregs, Arabes et Maures. Elle sera par la suite appuyée par les Songrhaï dont bon nombre connaîtront des exécutions sommaires, des massacres de masses à la mitraillette et des déportations. Fidèle à sa politique du « diviser pour régner », le colonialiste arme et monte les fils du pays, les uns contre les autres.
    La France met sa présence à profit pour semer les germes de la marginalisation des Arabo-Berbères et de la discorde entre eux et les populations négro-africaines. Les premiers sont soumis au régime de l’administration indirecte, incités à ne pas inscrire leurs enfants à l’école, dispensés du service militaire. Pire, il leur est enseigné par le colonisateur qu’ils sont supérieurs aux populations noires.
    Avec la convention de Bourem du 15 septembre 1907, la France affranchit les Kel Adagh de la vassalité vis-à-vis des Oulliminden et des Kountas en les autorisant à se constituer en confédération en leur reconnaissant un statut particulier sur l’Adrar des Ifoghas qu’elle leur octroie pour les récompenser des services rendus à la colonisation. Les causes des rébellions récurrentes venaient de voir le jour.
    Le Burkina mène une guerre pour sa survie. Pour moi, l’option de la victoire militaire est nécessaire avant d’amorcer toute forme de négociation. Il faut Faire une balance des conséquences dans cette lutte contre le terrorisme : la destruction et la souffrance dues à la guerre contre le terrorisme ne doivent pas excéder le mal contre lequel on lutte actuellement à savoir les terroristes.
    Je ne suis pas pour la militarisation des VDP. Le Burkina aurait à gagner en réglant les petits conflits internes au sein des FDS et revoir les stratégies classiques ainsi que les tactiques sur le terrain de combat. Ici, le Burkina ne mène pas une guerre agressive mais défensive. Si le dialogue pouvait régler la question du terrorisme, le Mali aurait fini avec le terrorisme sur son sol. Combien de dialogues ont été menés depuis le déclenchement du terrorisme au Mali? Le nombre dépasse de nos cent dialogues. Peut-on dialoguer quand on est dans une posture de faiblesse ou d’incapacité à se faire entendre par un groupe donné? Comment dialoguer avec des gens qui ont pris des armes contre leur pays juste pour assouvir les causes du laboratoire des forces occultes qui ne sont autres que des prétextes fallacieux.
    je dirai comme mon ami Rasablaga OUEDRAOGO que cette guerre contre le terrorisme ne nous dépasse pas car il suffit de recadrer les choses militaires et la victoire est à portée de main. Je voudrais également dire ceci:
    « Le premier but dans la guerre est de gagner, le deuxième est d’empêcher la défaite, la troisième c’est de la raccourcir, et la quatrième et la plus importante, qu’il ne faut jamais oublier, c’est de faire une paix juste et durable. […] Et aussi, il est important de: « Il faut toujours garder à l’esprit que, après la guerre, plus tôt ou plus tard, nous
    devons vivre avec nos ennemis en amitié. »
    • N.B. Cela présuppose qu’on ne compte pas les anéantir…

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