Jean-Baptiste Niessi, un « handicapable » au service des siens
Jean-Baptiste (JB) Niessi, handicapé moteur depuis l’âge de 4 ans, est un de ces handicapés qui refusent de voir leur handicap comme une fatalité. Après avoir quitté les bancs en classe de 4e, il décide de se lancer dans la vie active où il embrasse la soudure qui lui permet aujourd’hui, avec une équipe, de mettre à disposition de ses semblables des engins roulants, leur permettant de se déplacer sans grande difficulté. Découverte !
Jean-Baptiste (JB) Niessi alias «Empereur», aîné d’une fratrie de quatre dont trois handicapés, est handicapé moteur et fait de la soudure son gagne-pain. Avec une équipe de cinq personnes, au centre national des personnes handicapées sis à Gounghin, à Ouagadougou, ils réussissent, sous supervisions, à confectionner des bicyclettes adaptées aux handicapés moteurs, mais aussi arrivent-ils à modifier des motocyclettes et des véhicules pour ces personnes.
Chez JB and Co, «vous commandez, vous donnez une avance, on commence le travail en vous donnant un rendez-vous». Deux types de modifications y sont possibles. « Il y a les modifications simples et les modifications pour moto caisse. Pour le premier type, on peut prendre trois jours comme ça. Pour la moto caisse, y compris la peinture, ça peut prendre six jours », détaille JB.
Même si actuellement, c’est la période des vaches maigres, JB n’en veut pas au monde quant à ce qui est des besoins vitaux. «On ne peut pas dire que le travail nous permet de combler tous nos désirs, on se débrouille», confie-t-il.
Handicapé depuis l’âge de 4-5 ans, JB va bientôt avoir 20 ans sans vraiment savoir le type de maladie à l’origine de son état physique. « Je ne suis pas né handicapé. C’est à l’âge de 4 ans, 5 ans comme ça que la maladie a commencé. Quand j’ai grandi, j’ai demandé on m’a fait savoir que c’est une maladie. Pour les autres, (ndlr, ses frères handicapés) c’est la même chose », explique-t-il laissant cependant entendre que ses parents sont valides.
Quinze (15 ) ans donc qu’il vit ainsi, avec toutes les inconsidérations de la part de certains proches. «Concernant le métier, il y a d’autres qui nous envient. Sur d’autres plans, il y a des amis qui ne te considèrent pas parce que tu es handicapé, ça fait que c’est compliqué», fait-il savoir.
Et de poursuivre, « quand tu es handicapé de nos jours, c’est un peu compliqué. Par exemple à l’école, le déplacement était compliqué parce qu’en ce moment, je n’avais pas de moyens de déplacement. Au primaire, j’étais un élève brillant. Au collège, je ne pouvais pas partir tous les jours à l’école, je n’avais pas de moyens de déplacement adapté à ma situation», raconte-il.
«Mendier….ce n’est pas un métier»
Quand il quitte les bancs en classe de 4e, il se retrouve, grâce à une collègue handicapée de sa mère, au centre national pour personnes handicapées en 2022. «Quand je suis arrivé, j’avais la possibilité de faire la maroquinerie, mais quand j’ai vu la soudure…j’ai la passion du métier», dit-il.
Quand on lui demande pourquoi ne pas s’adonner à la mendicité comme le font bon nombre de personnes handicapées, JB rétorque : « Les gens n’ont pas les mêmes problèmes, se lever comme ça et mendier, je peux dire que c’est pas intéressant, c’est pas un métier, on ne peut pas compter sur ça et gérer une famille».
JB invite toutes personnes vivant sa situation physique de ne pas se laisser aller au découragement. «Ce n’est pas la fin du monde, il faut avoir le courage, ce n’est pas une fatalité. Comme on le dit, il faut batailler même étant handicapé ; il y a des valides qui font de la mendicité», lance l’«Empereur».
Au gouvernement et à toutes personnes de bonnes volontés, «n’hésitez pas à nous soutenir moralement ; on a besoin de soutien et d’encouragement».
Koné Boureima, le chef d’atelier du centre, également président de l’association des soudeurs handicapés du Burkina, explique que son équipe est à mesure de faire tout ce qui est en lien avec la soudure. « On fait beaucoup de travail pour les moyens de déplacement des personnes handicapées, les tricycles, les motos, tout ce qui est en lien avec la soudure. Il y a des chaises pour les maquis, des tables, des portes qu’on soude, on fait presque tout ici», avance-t-il.
Les coûts des engins varient en fonction de la commande, nous fait comprendre le chef d’atelier. « Pour les vélos, on fait ça à 150 000 F CFA. Pour adapter une moto, il y a un modèle qui fait 150 000 F CFA. Les handicaps ne sont pas les mêmes. Il y a ceux qui ont des problèmes de dos, donc il faut faire avec une chaise; on fait ça à 300 000 F CFA, mais c’est vous qui venez avec votre moto », donne-t-il les détails.
Si avant, lui et son équipe bénéficiaient des marchés de l’Etat, ce n’est plus le cas depuis 2015. « Depuis 2015, on n’a pas reçu de commandes de l’État. Maintenant ça passe dans les mains d’autres personnes avant de nous arriver. Ce que nous demandons aux autorités, qu’on pense à nous, il ne faut pas qu’ils vont nous oublier», attire-t-il l’attention.
L’autre difficulté, ce sont leurs locaux. «On a un grand problème. Nos bâtiments, quand il pleut, l’eau coule. On a peur qu’un jour ça tombe. Il faut que les autorités pensent à nous, pour régler nos problèmes même si ce n’est pas tout», réitère M. Koné…
Tambi Serge Pacôme ZONGO
Djemal Saddam El Abdallah SIBA (Stagiaire)
Burkina 24
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