SNC 2023 : Le mouvement LEGRATA pour un retour aux pratiques ancestrales

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Depuis le 29 avril 2023, la ville de Bobo-Dioulasso vit au rythme de la 20e édition de la Semaine nationale de la Culture, SNC 2023. Le site de la SNC héberge une foire commerciale et culturelle bien animée. Des magiciens de la santé sont bien présents ainsi que des spiritualistes. Le Mouvement LEGRATA, entendez par-là « Le grand retour de l’Afrique sur la terre de ses ancêtres », possède une tente sur le site. Les passants sont interpellés et accostés pour semer « la bonne nouvelle ». Découverte de LEGRATA avec Saâhar Iyaon Somé Bekuoné, secrétaire adjoint à l’information et à la communication de l’association.  

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Burkina 24 : C’est quoi le mouvement LEGRATA ? 

Saâhar-Iyaon Somé Bekuoné : LEGRATA, c’est une association qui prône le retour à nos sources. Ça veut dire, retourner carrément à l’Afrique exempte de toute colonisation pénétration coloniale et religieuse. Bien avant les religions importées ou les religions dites révélées, on croyait bien en Dieu en Afrique. 

Nous sommes en train de vouloir sensibiliser les gens à ce qu’on revienne sur nos fondamentaux, nos valeurs ancestrales qui pour nous, sont des valeurs sûres pour un développement endogène emprunt de nos cultures africaines.

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné, secrétaire adjoint à l’information et à la communication de LEGRATA

Burkina 24 : Le mouvement existe depuis quand et qui en est le fondateur ?

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : Le mouvement LEGRATA existe depuis septembre 2021. Le premier responsable de LEGRATA s’appelle Noamwinbéguré Somé. Il réside à Bobo-Dioulasso et le siège national se trouve à Bobo. On peut estimer actuellement autour de 200 membres au niveau national. Mais nous sommes représentés dans d’autres pays.

Il y a la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, la France, en Guadeloupe, et d’autres villes qui sont en train de vouloir mettre des sections.

Burkina 24 : Qui sont les adhérents et comment les appelle-t-on ?

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : Les adhérents sont appelés les Kamites. Kamites qui veut dire ressortissants de Kama. Et Kama, c’est l’Afrique. Donc tout habitant de Kama est Kamite. Maintenant pour exprimer cela, tout habitant de Kama qui s’adonne aux pratiques ancestrales aux cultures ancestrales fait que les gens nous dénotent les Kamites. L’essentiel il faut être un Noir, Africain, s’intéresser au retour à nos ancêtres.

Nous sommes organisés en mouvement, voilà pourquoi, parce que simplement on veut interpeler et ramener ceux qu’on peut ramener dans nos pratiques ancestrales afin de corriger assez de maux qu’on voit aujourd’hui.

Burkina 24 : Quelles sont les procédures pour devenir membre de LEGRATA ? 

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : Il y a une initiation des Kamites tout comme le baptême. On fait une formation au préalable et on fait l’initiation pour devenir Kamite. Il y a des documents chez nous et des formateurs qui donnent des B.A.-BA. Ils montrent les procédures à suivre pour devenir Kamite.

D’ailleurs, nous allons débuter une formation pour initier les kamites d’ici le 14 mai 2023. On aura fini de faire des prêtres kamites.

Ces prêtres kamites sauront à la naissance ce qu’il faut faire pour donner un nom kamite à l’enfant, à un décès ce qu’il faut faire avant d’enterrer le corps selon les kamites, à des mariages et bien d’autres situations où on a besoin des prestations de Kamites. C’est un programme de formation que détiennent déjà certaines personnes initiées pour transmettre à ceux qui ne le sont pas d’abord.

Burkina 24 : Quelles sont les valeurs qui sont prônées par le Mouvement LEGRATA ?

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : Nos valeurs, c’est vraiment l’intégrité, l’honnêteté, la probité, aimer beaucoup sa culture, être Burkimdi comme on le dit. Revenir au respect des ainés, revenir à toute honnêteté possible existant dans le temps.

Fondamentalement ressusciter nos fétiches, faire le culte aux ancêtres et restaurer tout ce qui existait comme pratiques ancestrales positives et traditionnelles qui préservaient la quiétude et la bonne cohésion en Afrique.

Burkina 24 : Qui peut être un Kamite ?

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné :  Celui qui accepte simplement de retourner à sa source. Ça veut dire quand on est chrétien, on renonce simplement à sa foi chrétienne et revenir faire des sacrifices, égorger les poulets quand il le faut, respecter tout ce qu’on faisait dans le temps pour exalter nos grands-parents.

Burkina 24 : LEGRATA défend une philosophie ou une religion ?

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : LEGRATA, c’est une spiritualité. Nous n’acceptons pas qu’on dise que c’est une religion. Une religion c’est quelque chose qui vous relie à une divinité, or, nous c’est la spiritualité. Il y a assez d’aspects spirituels. Il y a la nature, des divinités ancestrales comme on les appelle nos ancêtres méritants.

Nous, on ne s’adresse pas directement au Dieu suprême. On a nos ancêtres qui nous ont devancés. Et quand il y a quelque chose c’est à eux on adresse nos doléances et c’est à eux maintenant de faire parvenir à la divinité. Ils ne sont pas de ce monde, mais nous supposons qu’ils sont à côté de Dieu.

Burkina 24 : Qu’est-ce qui fonde la foi du Kamite ? 

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : La foi du Kamite réside dans la croyance de ses ancêtres. Parce qu’ils nous ont devancés ici-bas et sont partis de l’autre côté et nous savons que leurs esprits nous guident toujours. On vit avec eux comme s’ils étaient toujours comme s’ils étaient présents avec nous. C’est vraiment vivre avec les esprits de la nature, les esprits divins et les esprits ancestraux.

Nous on ne croit pas à la question du paradis. On pense que quand tu finis ta mission sur terre tu pars et tu dois être réincarné. Si je dois répondre à la question du chrétien ou du musulman, on se dit que quand tu es sur terre, tu dois rendre hommage à tes ancêtres. Mais un chrétien qui rend hommage aux ancêtres des autres, laissant ces ancêtres à lui, quand il va partir comment ses ancêtres vont-ils le reconnaitre ?

Pour nous, quand tu ne crois pas en tes ancêtres, tu ne les honores pas, tu ne les vénères pas, à la fin ça sera compliqué pour qu’ils puissent t’accepter. S’il ne t’accepte pas, tu seras obligé de revenir en réincarnation, pas forcement en humain. Tu peux revenir purger ta peine ici-bas avant de repartir. Nous tous, on croit qu’on a été réincarné et on sera toujours des réincarnés.

Après la mort pour le kamite, l’homme devient ce qu’on appelle un ancêtre. S’il s’est bien comporté, nous on l’appelle un ancêtre méritant. Tout kamite souhaite devenir un ancêtre méritant que les autres vont venir consulter comme intermédiaire entre les divinités. Nous on rend hommage aux ancêtres méritants.

Si on doit remonter dans l’histoire pour parler comme les chrétiens, il y a Osiris qui est l’un des ancêtres qu’on considère comme divinité. Il a une histoire un peu similaire à celle de Jésus Christ. Pour nous, c’est l’histoire de Osiris qu’il ont pris pour coller à celle de Jésus Christ. Parce que Osiris est mort et ressuscité 3 jours après. Son histoire et celle de Horus se complète pour faire l’histoire de Jésus Christ. Horus qui est fils à Osiris.

Il y a Isis si je dois extrapoler que l’on considère comme la vierge Marie. Chez nous, c’est la déesse du soleil. C’est un peu ce que je peux citer comme ancêtres méritants ou des divinités que nous invoquons dans nos cérémonies de libation. Thomas Sankara, Kwamé N’Krumah, des panafricanistes purs et durs, nous les prenons tous comme des ancêtres méritants.

Burkina 24 : En quoi consiste la pratique de la spiritualité kamite ?

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : Nous faisons la libation à la sortie et le soir au retour. Pendant certaines périodes nous partons faire des sacrifices. Le prochain sacrifice, nous allons le faire à Ouagadougou aux berges du barrage de Tanghin le 04 juin.

Ça s’appelle le Dji-bon (versé l’eau en langue dioula). On sera avec l’association des Dozos du Burkina, Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita, et plusieurs autres associations kamites. Ensuite il y a le 19 juillet qui représente le début du nouvel an. Actuellement nous sommes à l’année 6259 et le 19 juillet prochain nous seront à l’année 6260.

On a nos membres d’honneur qui proposent certains sacrifices de protection à certains membres. On a déjà eu à faire des sacrifices pour protéger certains membres FDS avant qu’ils ne partent au front. Avec la Kalashnikov, c’est bien, mais il faut aussi se protéger et s’équiper mystiquement.

Burkina 24 : Quand monsieur Somé est devenu membre de LEGRATA et quel a été le déclic ?

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : Moi à mon enfance j’ai été baptisé et confirmé comme catholique. Chez nous comme je suis Dagara, quand on veut creuser la tombe on égorge un poulet pour demander aux ancêtres s’ils acceptent le sacrifice, s’ils acceptent accueillir le mort.

C’est une décision du 1er janvier 2019 dans ce diocèse qui a interdit qu’il faudrait plus qu’on fasse cette pratique. Moi j’ai commencé à chercher à comprendre pourquoi nos grands-parents égorgeaient le poulet avant de commencer à creuser la tombe. Et quand on m’a donné la réponse, j’ai vu que ce n’était pas si mal, ni satanique comme on disait.

On m’a dit qu’en faisant cela on demande la clémence de nos grands-pères. J’ai vu que c’est culturel. En disant de le supprimer j’ai compris que ces religions sont vraiment en train de nous attaquer à la racine pour qu’on soit acculturés carrément. C’est de recherche en recherche j’ai trouvé mieux de repartir en arrière pour être animiste.

Des T-shirts portant des insignes de LEGRATA, des bracelets mystiques, des livres sur le mouvement et bien d’autres articles sont exposés

Burkina 24 : Comment procéder pour les sensibilisations sur le terrain ?

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : Nous faisons des expositions dans des marchés et espaces publics et on sensibilise les gens. En plus, nous avons un groupe Facebook le retour de l’Afrique sur la terre de ses ancêtres et on fait des publications régulièrement pour parler des bienfaits du Mouvement. Et de là beaucoup de gens nous approchent pour comprendre et on gagne des adhérents.

Burkina 24 : Quel commentaire face à des religions révélées en pleine extension ? 

Saâhar Iyaon Somé Bekuoné : C’est dommage qu’on en soit là. Avec la naissance de ses mouvements, ce sont nos propres frères noirs qui sont contre nous, plus que les autres. Quand on parle de fétichisme, les gens commencent à bouder.

Cependant quand on part dans les églises, il y a les statuts de la vierge Marie et c’est les mêmes statuts qu’on a, mais on appelle pour les Africains des fétiches et pour les autres on appelle statuts. Le bois qu’on prend pour faire la croix de Jésus, c’est le même bois on prend pour faire les représentants de nos parents quand ils sont décédés pour poser dans les cases. Quand il y a un problème on s’en va les voir pour leur demander clémence et accompagnement.

A travers une étude comparée, un de nos membres a démontré dans un document que toutes les religions viennent de l’Afrique. L’Afrique est le berceau de l’humanité, c’est d’ici tout est parti.  Voilà actuellement nous sommes les derniers et c’est à nous, on revient encore apprendre ce qu’on savait. C’est vraiment dommage qu’on n’ait pas compris que c’est nous-mêmes nous devrons diriger ce monde de par la primeur de nos religions.

Akim KY 

Burkina 24 

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