Saagga ou la pluie : Ce système de distribution intelligente et rationnelle de l’eau

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Finir les corvées d’eau, automatiser l’irrigation, accroitre la production agricole, etc. Serge Zaongo, un jeune ingénieur en électronique industrielle, est engagé à améliorer le quotidien des Burkinabè à travers un système d’irrigation intelligente dénommé « Saagga » (Pluie en langue Mooré). La solution se déploie et convainc. Serge Auguste Zaongo ou le jeune homme qui fleurit le sahel ? L’avenir nous dira plus. Pour le moment, c’est en tout cas un chercheur qui a trouvé. Ses innovations peuvent soutenir, par exemple, l’initiative présidentielle, « Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 ». Un véritable génie, ce type. Lisez ! 

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La quête d’une souveraineté alimentaire et d’une agro-industrie performante passe par la recherche scientifique. Et ça, Serge Zaongo l’a compris.  En 2022, ce jeune ingénieur burkinabè en électronique et automatisme industriel a initié un laboratoire de Recherche et de développement en Électronique, « Innovate Hub ». Ce hub fournit des solutions électroniques aux projets en lien avec des objectifs de développement durable dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de l’environnement, du climat et de la sécurité.

Au Burkina Faso, les corvées d’eau hantent toujours les pensées des braves paysans. Dans des conditions pareilles de manque de pluie, économiser l’eau est devenu fondamental. L’une des pistes est de favoriser l’irrigation. Un concept que le jeune ingénieur burkinabè, Serge Zaongo, a fait sien grâce à un système d’irrigation intelligente dénommé Saagga.

Serge Zaongo, ingénieur en l’électronique industrielle, promoteur de l’espace de recherche Innovate Hub

Saagga, ce terme fait référence à la pluie en langue locale mooré. Pour rendre accessible le projet, l’ingénieur a conçu et intégré 4 kits dans l’application Saagga : kit hydro, kit basic, kit standard et kit family. Chacun de ces kits offre des solutions adaptées aux besoins spécifiques des utilisateurs.

Les besoins peuvent aller de la production de fourrage hydroponique hors sol avec le kit hydro, à la possibilité d’irrigation manuelle ou automatique avec les kits basic et standard, jusqu’à la production de cultures hors sol destinées aux familles avec le kit Family.

La consommation d’énergie, directe et indirecte, représente en moyenne plus de 20 % des coûts d’exploitation d’une ferme

Dans un Burkina Faso au cœur du sahel, carrefour des aléas climatiques, Serge Zaongo, ce jeune qui a la passion de l’électronique et des objets connectés, ambitionne passer par la technologie pour faciliter la production agricole afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Sa conviction est ferme et justifiée.

« La production agricole dépend fortement de l’énergie pour l’irrigation des cultures, l’alimentation des machines et la production des fertilisants. La consommation d’énergie, directe et indirecte, représente en moyenne plus de 20 % des coûts d’exploitation d’une ferme. La croissance de l’énergie consommée par le secteur agricole justifie de mettre en œuvre des technologies et mesures permettant des gains d’efficacité énergétique. 

Il y a entre autres l’adoption de systèmes de pompage photovoltaïque (PV) pour l’irrigation localisée, et le besoin d’un système d’arrosage intelligent tel que Saagga, qui envoie la quantité d’eau nécessaire en fonction des données prélevées dans le terreau à travers des capteurs, développé au Burkina et qui répond parfaitement à leur problématique », justifiait Zaongo sur sa page Facebook le 27 décembre 2022 après son passage à l’AMEE, l’Agence Marocaine pour l’efficacité énergétique.

De là, l’ingénieur a pris l’engagement de développer un outil de supervision et de contrôle d’une installation solaire photovoltaïque accessible à distance et en temps réel adapté à l’environnement burkinabè. Il est au cœur de bien de projets novateurs. Pour avoir maintes fois été témoin des exploits de ce jeune chercheur burkinabè, nous décidons de suivre de près son projet Saagga se déployer sur le terrain.

Nous sommes le 23 septembre 2023. Serge Zaongo et deux éléments de son équipe doivent installer un kit électronique dans un espace agricole à Koudougou, chef-lieu de la région du Centre-ouest située à environ 100 kilomètres de Ouagadougou au Burkina Faso.

Après deux heures de route, la cité du cavalier rouge nous ouvre ses ailes dans une matinée suave. Il est 10 heures environ. Nous frayons des pistes rurales pour rejoindre le site. Ici, nous sommes au secteur 04 de la ville de Koudougou. Le site est nommé Kassou 1.

Site ou se déploie une déclinaison du projet Saagga, a travers la solution koom cash déployée pour ICBD

Il fait partie des portions de terres acquises par l’entreprise Ingénieurs Conseils Bio Design (ICBD) dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Postes d’eaux autonomes solaires pour l’approvisionnement en eau potable des quartiers périphériques des villes du Burkina à des fins agricoles », au profit d’une vingtaine de coopératives du Centre-ouest.

Nous avons travaillé ensemble pendant plusieurs mois à mettre en place la solution qui permet de distribuer de façon efficiente l’eau au niveau des espaces agricoles 

Pour l’historique, monsieur Kaboré, le responsable de l’entreprise Ingénieurs Conseils Bio Design (ICBD), veut segmenter l’utilisation de l’eau. Il souhaite disposer d’un kit similaire au kit Saagga. Le polyvalent ingénieur interroge son génie créateur.

Il entre au laboratoire pour développer la solution qui se déploie actuellement. « Donc nous avons travaillé ensemble pendant plusieurs mois à mettre en place la solution qui permet de distribuer de façon efficiente l’eau au niveau des espaces agricoles », a-t-il dit.

De visu, deux super tanks dressés, des forages, des tuyaux en polyéthylène, des raccords du réseau, des raccords d’irrigation, parsèment le terrain. Le site est en exploitation déjà. Arachide, haricot sont en pleine floraison. C’est le système d’irrigation goutte à goutte qui est en marche ici. Le dispositif est appelé PAYGO aussi appelé Koom-Cash en langue mooré.

La partie électronique, application web et mobile est du ressort de monsieur Zaongo et son équipe. Une fois descendu, l’ingénieur se munit de son matériel de travail composé entre autres de tournevis, pinces, testeur électrique, perçoires et bien d’autres objets électroniques. Il se met tout de suite au travail. Tout était fin prêt sur le site Kassou1.

L’ingénieur est là pour opérationnaliser le programmateur. Ce boîtier électronique est en fait un véritable concentré de technologies. Les meilleurs modèles possèdent même une sonde météorologique, une sonde d’humidité et un pluviomètre. Cerise sur le gâteau, le programmateur peut être couplé au réseau domotique et peut être piloté via un smartphone ou une tablette à distance. C’est le cas pour le système que Serge Zaongo a développé.

Des kits connectés pour communiquer avec un serveur distant

Pour être pratique, l’ingénieur et son partenaire ICBD ont attribué à chaque coopérative un badge électronique. « Et pour faire la différenciation, chaque coopérative reçoit un badge qu’il peut créditer à travers la structure et l’accréditation leur permet d’utiliser ces badges pour déclencher l’arrosage, chacune dans sa zone », nous informe Serge Zaongo.

Sur les trois sites concernés de ICBD, le processus d’installation n’était pas totalement terminé. « Actuellement nous sommes en train de déployer les dispositifs connectés. Ce sont des kits connectés, qui permettent de communiquer avec un serveur distant et les données sont renvoyées dans une plateforme qui permet d’avoir un suivi en temps réel sur l’évolution de l’utilisation et de l’exploitation de l’eau au sein des espaces agricoles », nous édifie toujours l’ingénieur.

Serge Zaongo et son équipe en pleine installation de la partie électronique du dispositif Koom cash

A la date du 23 septembre 2023, l’installation est opérationnelle sur le premier site, Kassou 1. Il faut donc continuer sur un deuxième site où l’équipe de Zaongo doit poursuivre les installations et continuer à vérifier la fonctionnalité, « s’assurer que nous avons les bonnes données ».

Là également, des forages sont installés.  C’est la principale source d’eau qui va permettre l’irrigation. Le badge d’utilisateur permet désormais à chaque coopérative de façon indépendante d’arroser sa parcelle moyennant une recharge de crédit.

Aux environs de 12 heures, soit environ deux heures de travaux, le dispositif est fonctionnel sur le deuxième site, « il reste à créditer les badges et affecter ces badges aux différentes coopératives qui peuvent déjà les exploiter ». Pour mettre les usagers au diapason, et stimuler la productivité, une séance de formation a été initiée au profit des coopératives qui exploitent les espaces agricoles.

Des coopératives qui préparent leur parcelle pour le prochain cycle de production maraichère

Le travail de Serge Zaongo n’est pas qu’électronique. Il a des compétences d’agronome à son arc. « Il y a une première étape qui consiste d’abord à identifier le terrain, après l’identification il faut faire l’aménagement, après l’aménagement on procède à l’identification de nature de sol, quels sont les types de cultures qui peuvent être véritablement productifs, est-ce qu’il faudra enrichir le sol au préalable ou pas.

« Ensuite, on va passer à l’installation des goutteurs, ce sont ces tubes que nous avons ici alignés sur une distance et repartis sur toute la superficie de l’espace cultivable. Une fois que l’on a fait ça, alors si préalablement l’étape de l’installation du forage peut se faire en amont ou aval ; l’idée c’est de s’assurer qu’on a de l’eau disponible avant de procéder à l’installation des tubes. Une fois qu’on a le forage et on a procédé à l’installation des goutteurs, on peut maintenant procéder à l’installation du kit qui va permettre de gérer de façon intelligente le processus », a-t-il détaillé.

Sur ce deuxième site pendant que l’équipe de Zaongo est en pleine installation, un groupe de femmes et d’hommes était en pleine activité. Il s’agit des membres de l’une des coopératives qui préparent leur parcelle pour le prochain cycle de production maraichère. Ils sont coachés par Ki Serge Apollinaire, un agronome agricole. « Nous sommes en train de produire du Bokassi », nous accueille-t-il.

La passion d’introduire de l’électronique dans l’agriculture de Serge Zaongo tire sa source de ses expériences vécues auprès des femmes qui faisaient de l’agriculture hors-sol.  La difficulté pour ces femmes de pouvoir arroser une large superficie a incité le jeune chercheur à développer des solutions alternatives.

« Je me suis rendu compte que de par la connaissance que j’ai dans les domaines de technique, de l’électronique et de l’informatique, je pouvais véritablement automatiser ce processus et donc c’est au fur et à mesure dans les recherches que j’ai pu procéder à concevoir des dispositifs qui peuvent rentrer dans les champs d’action notamment de l’agriculture », rappelle Serge Zaongo.

L’installation a un coût mais un double avantage pour l’utilisateur final. Il n’a absolument pas un investissement assez consistant à faire. Cela, car l’utilisation est faite uniquement sur la base de quantification de l’eau. Le plus gros investissement revient au promoteur du dispositif qui doit assurer toute la recherche et le développement, assurer le suivi et la maintenance du dispositif sur le site.

Serge Zaongo, c’est un parcours académique bien rempli. De l’école primaire à l’université en passant par le secondaire, Serge Auguste Zaongo a eu tout son parcours académique au Burkina Faso. Comme quoi, l’école burkinabè a le mérite de former des Hommes techniquement compétents  et socialement utiles.

Ce chercheur avec bien de trouvailles à son actif a le mérite de pouvoir domestiquer le savoir scientifique et le mettre au service de la population locale. S’il n’est pas familier de faire de brillantes études et acquérir la semence précieuse de la connaissance moderne et revenir à la terre, aux champs, aux jardins, Serge Auguste Zaongo a une vision pour ses pères et mères qui tournent et retournent la terre pour nourrir le peuple.

Serge Auguste Zaongo, promoteur de l’espace de recherche Innovate Hub

Dans la nouvelle donne, l’initiative présidentielle, « offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 » peuvent servir de telles compétences pour le bonheur de la nation. Pour ne pas que l’aile du géant ingénieur industriel ne batte vers d’autres horizons, un engagement du pouvoir public aux côtés de ces jeunes créateurs, trouveurs et développeurs burkinabè est nécessaire.

Avec ses collaborateurs de l’espace de recherche, Innovate hub, plusieurs innovations ont vu le jour

La règle du jeu est d’avoir le savoir, la compétence de l’exploiter, une autre peut être de chercher et trouver, plus loin développer ce qu’on a trouvé scintille la confirmation. Serge Auguste Zaongo a acquis des niveaux de pertinence de la recherche même avec les moyens du bord. La volonté mue par le jeune chercheur le conduit à de nombreux voyages d’études et de stages.

Il a eu le vent en poupe de travailler avec des Taïwanais sur des projets.  « À l’université j’ai été orienté rapidement en électronique, j’ai obtenu après licence un master en automatisme industriel et donc c’est véritablement en travaillant avec les Taïwanais à travers des formations continues que j’ai eu à développer d’autres compétences liées à l’électronique. 

À ce niveau je me suis rendu compte que l’électronique seule ne suffit pas, il faut ajouter d’autres compétences annexes et donc j’ai continué à me former afin de pouvoir véritablement renchérir ce que je peux en tout cas dans le domaine », a-t- il compris.

Il a commencé à initier un certain nombre de projets depuis 2015 et à partir de 2022. Avec ses collaborateurs de l’espace de recherche, Innovate hub, plusieurs innovations ont vu le jour. Parmi lesquels des projets liés au secteur de la sécurité. Et dans ce secteur, il y a des feux tricolores solaires sans fil et connectés qui permettent à un agent de prendre le contrôle du trafic à distance.

On a aussi, « kooglweefo » ou l’anti-vol connecté qui permet de rendre quasi impossible tout vol d’engin ; par la suite nous avons « Saaga ». Au-delà de « Saaga », il y a « wuunug-gԑԑla » qui est un projet lié à l’élevage et qui a un autre aspect qui est la production du fourrage vert pour l’alimentation du bétail.

« Donc pour la cause, nous avons eu à faire des expérimentations avec des lapins où nous produisons leur aliment sur place et nous les nourrissons avec ce qu’on arrive à produire. Dans la même lancée, développer un kit qui permet de produire de la culture hors-sol mais spécifiquement pour les ménages. Ça veut dire que dans un espace restreint, que chaque ménage parvienne à produire par exemple de la salade, de la tomate à travers un kit qui le gère de façon autonome ». Que d’idées, que d’inspiration !

Serge Zaongo fait partie des Techniciens Bénévoles retenus pour le Projet de Construction du Premier Tracteur 100% Solaire Conçu par les Burkinabè. Avec brio, Serge Zaongo avait remporté le Challenge App Afrique en 2018 avec son projet SAAGGA.

Kogolweefo a déjà été lauréat du concours Génie-TIC édition de 2018 catégorie sécurité, organisé par le Ministère en charge du développement numérique. C’est l’apport de ce prix (3 millions de FCFA) qui leur a permis de lancer une production grandeur nature de dispositifs. En 2022, l’application Kogleweefo a remporté la première édition du concours Startup Challenge Moov Africa, etc.

Il n’y a donc pas d’agriculture, dit-on, sans scientifique. Une réalité du siècle que le chercheur a comprise ! L’initiative présidentielle, « Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 », par exemple, pourra bien bénéficier des compétences de ce génie burkinabè.

Lire aussi👉🏿« Cash Koom », la solution intelligente fournie par Orange Burkina Faso, pour la gestion et la maîtrise des consommations d’eau

Akim KY 

Burkina 24 

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