Etude : La forme des mots se rapportant aux choses en langue koromfe d’Arbinda

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Ceci est une réalisée par GUIRE Inoussa, INSS/CNRST Ouagadougou [email protected], et TRAORÉ Daouda, INSS/CNRST Ouagadougou, [email protected], intitulé « La forme des mots se rapportant aux choses en langue koromfe d’Arbinda ».

Résumé

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Cet article tient à vulgariser les travaux de description nominale en koromfe d’Arbinda de GUIRE et TRAORE (2023c). Il se limite aux formes des noms désignant les choses dans cette langue, notamment les modifications que subissent ces noms lorsqu’ils passent du singulier au pluriel.

Introduction

L’étude systématique des structures d’une langue contribue à sa description à l’amorce de la mise à disposition d’outils de développement dans cette langue. L’un des avantages dont a bénéficié la langue koromfe est d’avoir été décrite par le linguiste Rennison (1997). Cette description a permis à la SIL d’entreprendre l’édition de document d’alphabétisation dans cette langue. Mais la description faite ne concerne que la variante parlée autour de Pobé Mengao. Après une esquisse phonologique sur le koromfe d’Arbinda ayant permis de compléter les phonèmes manquant à l’alphabet existant, des différences lexicales ont été constatées.  En dehors des suffixes de classes -ɔ/-ba qui renvoient systématiquement aux humains, on constate une variation des unités lexicales de désignation des objets et des choses. Les mots du koromfe de Mengao comme daaga « marché » et bãka « désherbage » se disent respectivement yaga et doodo à Arbinda. Ce qui nous amène à nous poser la question suivante : Le fonctionnement nominal dans la variante koromfe d’Arbinda est-il morphologiquement identique à celui de la variante de Mengao déjà décrite ? Autrement dit, quelles sont les classes nominales dans la variante koromfe d’Arbinda ?

Le fondement théorique et conceptuel et la méthodologie étant déjà données dans GUIRE et TRAORE (2023c), nous présentons directement les résultats auxquels ils sont parvenus. Nous rappelons néanmoins que nous distinguons la voyelle centrale ouverte [a] et de celle postérieure ouverte [ʌ] déjà proposé par (Rennison, 1997), même si la SIL a préféré utiliser [ə] à la place de [ʌ] pour la même voyelle dans ses documents. Lorsque nous utilisons le schwa [ə] pour casser les séquences de consonnes et pour représenter les voyelles affaiblies. De même, pour les phonèmes consonantiques, les [y] et [j] de l’Alphabet phonétique africain (IAI) à la place respectivement de [j] et [ɟ] de l’Alphabet phonétique international (API).

Résultats obtenus

Nous commençons par présenter les suffixes de classes que nous avons pu dégager de notre corpus. Conformément à notre méthodologie, c’est en procédant par classement des noms par appariement singulier/pluriel, nous obtenons un couple de suffixe que nous considérons comme étant des suffixes de classe. Ces noms répertoriés sont présentés dans des tableaux par regroupements en classes et en sous-types de suffixes de classes.

La classe des noms en Gʊ/bɩ voire gu/bi

Dans cette classe, on note des sous-types comme gʋ/bɩ,  gʋ/ɩ, ʋ/ɩ, gʋ/fɩ, , ʋ/fɩ, et en ø/fɩ.

Singulier Pluriel Classe Sens
tʊgʊ  Tʊbɩ gʊ/bɩ mortier
lʊgʊ  Lʊbɩ gʊ/bɩ prunier sauvage, sclerocarya birrea
yʊgʊ   yɩbɩ gʊ/bɩ termitière
cɔgʊ  Cɛbɩ gʊ/bɩ champ
jɔgʊ  jɛbɩ gʊ/bɩ boule de mil pilée et bouillie
lugu Lubi gʊ/bɩ chat
wugu Wubi gʊ/bɩ guele-tapée

 

Les suffixes de classe non humains sont remplaçables par les pronoms personnels non humains [gʋ] au singulier et [ɩ] au pluriel. Ce couple de suffixe singulier/pluriel constitue en même temps un suffixe de classe.

Exemple de noms à suffixe de classe gʊ/ɩ

pɛ̃rgʊ  Pɛ̃rɩ̃ gʊ/ɩ̃ pagne
kʊrgʊ  Kʊrɩ gʊ/ɩ manche (hache par exemple)
hɑ̃rgʊ   Hɑ̃rɩ̃ gʊ/ɩ̃ sorte d’arbuste (piliostigma reticulatum)
wol-kɔbsgʊ  wol-kɔbsɩ gʊ/ɩ ongle de l’orteil
wʊ̃ndəgʊ  Wʊ̃ndɩ gʊ/ɩ nombril
sʊgʊ  Sʊɩ gʊ/ɩ crique pèlerin

 Le sous-type ʊ/ɩ

La plupart des noms se terminent par ɩ sont en réalité prononcés avec y, notamment le son [j] à la fin.

dʊndʊ  Dʊndɩy ʊ/ɩ Sorte d’antilope d’Afrique subsaharienne
fʊrʊ  Fʊrɩ ʊ/ɩ antilope
kɔsʊ Kɔsɩ ʊ/ɩ fer

 

Les sous-type gʋ/fɩ et ʋ/fɩ

 

bogu bofi gu/fi Corde
kogu Kofi gu/fi Tige de mil
kɔsgʊ kɔsfɩ gʊ/fɩ fer
bʊgʊ  Bʊfɩ gʊ/fɩ Epaule
fʊgʊ  Fʊfɩ gʊ/fɩ Feuille
tʊgʊ  Tʊbɩ gʊ/bɩ mortier
tasʊ  Tasfɩ, tasɩ ʊ/fɩ panier
kasʊ  Kasfɩ ʊ/fɩ prison
hasʊ  Hasfɩ, hasɩ ʊ/fɩ balai
sɛ̃ʊ  Sɛ̃fɩ ʊ/fɩ médicament
wɔʊ  Wɔfɩ ʊ/fɩ épine
sʊ̃mmʊ  sʊ̃mmʊfɩ sʊ̃mmʊnɩ ʊ/fɩ sel
nʊmmʊ  Nʊmmʊfɩ, nʊmmʊnɩ ʊ/fɩ viande

Le sous-type ø/fɩ

Les bases monosyllabiques ou dissyllabiques terminées par une nasale au singulier sélectionnent [-fɩ] comme suffixe du pluriel sans substitution avec un élément quelconque du pluriel. Ce qui permet de matérialiser l’absence du suffixe du singulier par l’ensemble vide et de noter cette classe de [-ø/-fɩ].

Exemple : sous-type [ø/-fɩ]

hem  Hemfi, hemu ø/fɩ eau
nehem  Nehemfi ø/fɩ urine
dɛm  Dɛmfɩ ø/fɩ sommeil
bɛ̃ɛ̃rɛ̃m bɛ̃ɛ̃rɛ̃fɩ/mʊ ø/fɩ gomme
sʊ̃m  Sʊ̃mfɩ ø/fɩ mort
tolom  Tolomfi ø/fɩ potasse
nɔtɔlɔm  Nɔtɔlɔmfɩ ø/fɩ crachat
yɩlam Yɩlamfɩ ø/fɩ lait
doŋkolom  doŋkolomu ø/fɩ Menthe religieuse
hɑ̃m  Hɑ̃mfɩ /mu ø/fɩ faim
tɔn tɔnfɩ ø/fɩ peau
jɔnntɔ jɔnntɔfɩ ø/fɩ fièvre
fɔntɔn fɔntɔnfɩ ø/fɩ lieu
yũ Yũfi ø/fɩ tête

 

La classe des re/ʌ

L’un des couples de suffixes qui a une grande occurrence est le couple -re/-a. Ce suffixe de classe comptabilise 65 noms dans notre corpus. Il faut noter qu’il s’agit non seulement du couple de suffixe -re/ʌ mais aussi des mots dont les voyelles sont lâches et qui portent naturellement le couple -rɛ/-a. A cela s’ajoutent les sous-types comme -rɛ/-ya, et leurs correspondantes nasales ou nasalisées comme rɛ̃/-yã.

Exemple des noms en -re/-ʌ

Singulier pluriel classe sens
bireŋgre bireŋgʌ re/ʌ crépuscule
digre digʌ re/ʌ race, type
dĩŋgre dĩŋgʌ re/ʌ  espèce d’arbre
hubre hubʌ re/ʌ tombe, tombeau
jilemsre jilemsiʌ re/ʌ périmètre
koyre koyʌ re/ʌ bracelet
lubre lubʌ re/ʌ flanc
sondre sondʌ re/ʌ œuf
subre subʌ re/ʌ canari
sukere sukʌ re/ʌ touffe
tĩŋgre tĩŋgʌ re/ʌ bois fourchu
ceŋgeere ceŋgʌ re/ʌ hanche
hilkoŋgoore hilkoŋgʌ re/ʌ œsophage
koŋgoore koŋgʌ re/ʌ sorte d’herbe rampante
tembeere tembʌ re/ʌ brique
wolsibtre wolsibtʌ re/ʌ  paume du pied
zoŋgoore zoŋgʌ re/ʌ aile
yoŋgoore yoŋgʌ re/ʌ arbre de grande taille de la famille des acacia

 

La sous-classes des rɛ/a

 

Nom au singulier Nom au pluriel Suffixe de classe Sens
hɔbrɛ hɔba -rɛ/-a rat
hɩlɔbrɛ hɩlɔba -rɛ/-a gibecière
jibrɛ jiba -rɛ/-a hache
lʋbrɛ lʋba -rɛ/-a fruit du prunier sauvage
nɛbrɛ nɛba -rɛ/-a pois de terre
ŋʋmbrɛ ŋʋmba -rɛ/-a figuier
sabrɛ saba -rɛ/-a foie
subre subʌ -re/ʌ canari
yɩbrɛ yɩba -rɛ/-a oeil

 

On note dans le même groupe, des bases nominales monosyllabiques ou dissyllabiques à syllabes ouvertes de type CVV en finale

Le sous-type -re/-yʌ

Yoore yooyʌ re/yʌ sorte de canari
Debeere debeeyʌ re/yʌ quartier
Sebeere sebeeyʌ re/yʌ cadavre, mort
Seere seeyʌ re/yʌ nom
Zeere zeeyʌ re/yʌ chiffon
Boore booyʌ re/yʌ argile
Foore fooyʌ re/yʌ sueur
Toore tooyʌ re/yʌ baobab

La sous-classe des rɛ/ya

waraŋgrɛ waraŋgya rɛ/ya herbe parasite résistante des champs de mil
kakagrɛ kakagya rɛ/ya salamandre
pakre pʌkiyʌ re/yʌ gros pigeon sauvage
vɩrɛ vɩya rɛ/ya idole
kɔrɛ kɔya rɛ/ya plat en bois
mʋrɛ̃ mʋyã rɛ̃/yã pénis
sɔ̃rɛ̃ sɔ̃yã rɛ̃/yã période, jour
kɔ̃rɛ̃ kɔ̃yã rɛ̃/yã écureuil
ɲɩrɛ̃ ɲɩyã rɛ̃/yã bouche
sɩ̃mrɛ̃ sɩ̃myã rɛ̃/yã tamarinier, tamarin
dɛ̃ɛ̃rɛ̃ dɛ̃yã rɛ̃/yã bois sec
bɛlkɔ̃ɔrɛ̃ bɛlkɔ̃ɔyã rɛ̃/yã vieux homme

 

Le sous-type rɛ/ya à base de structure CVCVV

Font partie de cette classe, les noms contenant une longueur vocalique en médiane, notamment dans la dernière syllabe ouverte de la base lexématique.

 

Nom au singulier Base nominale Nom au pluriel Suffixe de classe sens
dɩdɩɩrɛ dɩdɩɩ- dɩdɩɩya rɛ/ya génie
kaarɛ kaa- kaaya rɛ/ya joue
waarɛ waa- waaya rɛ/yaw hibiscus
Wol-kʋʋrɛ Wol-kʋʋ- wol-kʋʋya rɛ/ya chéville
jẽngʋʋrɛ jẽngʋʋ- jẽngʋʋya rɛ/ya roche
pʋpɔɔrɛ pʋpɔɔ- pʋpɔɔya rɛ/ya sorte de pastèque sauvage
tɔɔrɛ tɔɔ- tɔɔya re/ya excroissance de varice arrondie et douloureuse autour de l’anus, hémorroïde

La classe des dɛ/a

Dans cette classe, nous avons le type dɛ/a et les sous-types le/a et -te/a qui totalisent plusieurs noms.

Nom au singulier Base nominale Nom au pluriel Suffixe de classe sens
yɩ̃mdɛ yɩ̃m- yɩ̃ma dɛ/a dent
tɛmdɛ tɛm- tɛma dɛ/a barbe
dʊmdɛ dʊm- dʊma dɛ/a lion
bʊgʊmdɛ bʊgʊm- bʊgʊma dɛ/a épaule
pʊ̃mdɛ pʊ̃m- pʊ̃ma dɛ/a nez
gʊ̃mdɛ gʊ̃m- gʊ̃ma dɛ/a pièce, motte, bouchée
kɔgɔmdɛ kɔgɔm- kɔgɔma dɛ/a joue
ŋɔ̃mdɛ ŋɔ̃m- ŋɔ̃ma dɛ/a singe, chimpanzé́
tɔnndɛ tɔnn- tɔŋa dɛ/ŋa trou, crevasse
pargandɩndɛ pargandɩn- pargandɩna dɛ/a herbe potagère utilisée pour faire la sauce du tô
bɩ̃ɩndɛ bɩ̃ɩn- bɩ̃ɩna dɛ/a coeur
bɩ̃ndɛ bɩ̃n- bɩ̃na dɛ/a boudin fécal
pɛndɛ pɛn- pɛna dɛ/a racine
mɛndɛ mɛn- mɛna dɛ/a guerre
wɔ̃ndɛ wɔ̃n- wɔ̃ra dɛ/a main
hʌgʌmde hʌgʌm- hʌgʌmʌ de/ʌ molaire
honde hon- hona de/ʌ haricot
koinde koin- koinʌ de/ʌ Caméléon
gʌinde gʌin- gʌinʌ de/ʌ Ratel en botanique Mellivora Capensis
gomde gom- gomʌ de/ʌ boîte
logomde logom- logomʌ de/ʌ dromadaire
munde mun- munʌ de/ʌ souchet
tomde tom- tomʌ de/ʌ travail
zende zen- zena de/ʌ année

Les sous-types e/ʌ et ɛ/a

Les e/ʌ et ɛ/a qui sont des sous-types de la classe dɛ/a apparaissent généralement devant une latérale. Les bases peuvent être de type CV ou CVCV(V).

Nom au singulier Base nominale Nom au pluriel Suffixe de classe sens
pile pil- pila e/ʌ estomac
bile bil- bila e/ʌ puits, bas-fond, rivière ou marigot où l’on peut recueillir l’eau
bole bol- bolʌ e/ʌ noix de pruneau d’Afrique
bũntole bũntol- bũntolʌ e/ʌ bouc
burcele burcel- burcelʌ e/ʌ charbon de bois
sule sul- Sulʌ e/ʌ front
wole wol- wolʌ e/ʌ jambe
yĩntəle yĩntəl- yĩntəlʌ e/ʌ minuit
zele zel- zela e/ʌ crête, bande de tresse
bahɛɛlɛ bahɛɛl- Bahɛɛla ɛ/a gros criquet comestible en zone sahélienne
bɛlɛ bɛl- Bɛlɛma ɛ/a personne de l’éthnie bella
bɛlɛ bɛl- Bɛla ɛ/a dos
gɛlɛ gɛl- gɛla ɛ/a veuvage, période d’attente d’un(e) veuf(ve) avant le remariage
hɑ̃ɲcɛlɛ hɑ̃ɲcɛl- hɑ̃ɲcɛla ɛ/a braise
sʊlɛ sʊl- Sʊla ɛ/a épervier, avion
wɔ̃n-talɛ wɔ̃n-tal- wɔ̃n-tala ɛ/a paume de la main
yɩlɛ yɩl- Yɩla ɛ/a corne

Le sous-type te/ʌ

Nom au singulier Base nominale Nom au pluriel Suffixe de classe sens
dakutre daku- dakura tre/rʌ gros morceau de bois, tronc d’arbre
dʋtɛ dʋ- dʋra tɛ/ra  vagin
fite fi- Firʌ te/rʌ fleur
jete je- jerʌ te/rʌ bâton
kutre ku- kurʌ tre/rʌ souche de bois
pote po- porʌ te/rʌ le premier
sete se- serʌ te/rʌ espèce herbacée pérenne appelée en botanique Andropogon gayanus
sute su- surʌ te/rʌ objet de moindre valeur (?)
tote to- torʌ te/rʌ cochon, phacochère
yãr-jete yãr-je- yãr-jerʌ te/rʌ épis de mil

Le sous-types rẽ/yʌ

Nom au singulier Base nominale Nom au pluriel Suffixe de classe sens
batɑ̃m-pũurẽ batɑ̃m-pũu- batɑ̃m-pũuyʌ̃ rẽ/yʌ̃ coléoptère coprophage, bousier
boore boo- booyʌ re/yʌ argile
foore foo- fooyʌ re/yʌ sueur
fummʌʌrẽ fummʌʌ- Fummʌʌyʌ̃ rẽ/yʌ̃ petit déjeuner
hũĩrẽ hũĩ- hũyã rẽ/yʌ̃ ver
jempõorẽ jempõo- jempõoyã rẽ/yʌ̃ caillou blanc
toore too- tooyʌ re/ya baobab
yoore yoo- yooyʌ re/yʌ sorte de canari
hilkoŋgoore hilkoŋg- hilkoŋgʌ re/yʌ œsophage
koŋgoore koŋg- koŋgʌ oore/ʌ sorte d’herbe rampante
tɛmbɛɛrɛ tɛmb- Tɛmba ɛɛrɛ/a hyène
tembeere temb- Tembʌ eere/ʌ brique
yoŋgoore yoŋg- yoŋgʌ oore/ʌ arbre de grande taille de la famille des acacia
zambaarɛ zamb- zamba aarɛ/a Epi de sorgho
zoŋgoore zoŋg- zoŋgʌ oore/ʌ aile

On note que les suffixes -oore et -eere au singulier deviennent -ʌ au pluriel, de même, -ɛɛrɛ et -ɔɔrɛ deviennent -ya au pluriel. La différence est que lorsque le suffixe du singulier est composé de deux syllabes de type -VVCV, alors le suffixe du pluriel est de forme -V qui se réalise [-a], autrement, il se réalise [-ya].

La classe des fɛ/ɩ

Dans cette classe, certains noms au singulier sont moins usités. Il s’agit des mots qui se rapportent à « morve », « pou » et à « fourmi ». On note que le suffixe du pluriel qui se réduit à une voyelle se nasalise au contact d’un segment vocalique nasal.

celfe celi fe/i ligne (de brique en maçonnerie)
demsəfe demsi fe/i mollet
doɲfe domi fe/i serpent
hileŋgrəfe hileŋgri fe/i sorte de fourmi noire de petite taille attirée souvent par l’huile, le lait…
hũrfe hũrĩ fe/i testicule
jegnəfe jegni fe/i pou
kɔ̃ɩ̃fɛ kɔ̃ɩ̃ fɛ/ɩ̃ poil
pʊ̃mãarfɛ pʊ̃mãarɩ̃ fɛ/ɩ̃ morve
tĩŋgfe tĩŋgi fe/i mouche

 

La classe des ø/w

Cette classe est très fournie. Certains mots admettent à la fois les suffixes du pluriel [-Vw].

 

Nom au singulier Base nominale Nom au pluriel Suffixe de classe sens
baalɩ baalɩ-  baalɩw ø/w amande de noix du prunier sauvage
baŋsʊ baŋs-  baɲsɩy ø /w lance
batʊ batʊ-  batuw ø /w réunion
bɔtɔ bɔtɔ- bɔtɔw ø/w sac
buuru buuru- buurufi ø/w Pain
danagʊ dana-  dannaw gʊ/w Cassia tora
dɔgtɔrɔ dɔgtɔrɔ- dɔgtɔrɔw ø/w infirmier, medécin
deɲfu deɲfu- deɲfuw|fi ø/w couscoussier
dĩŋgu dĩŋgu- dĩŋguw ø/w sorte d’arbre dont le nom scientifique est combretum verticulatum
farãfargu farãfargu- farãfarguw/faranfarsuw ø/w sorte de plante rabougrie à feuilles larges (calotropis procera)
fito fito- fitow ø/w poulailler
gãndu gãndu- gãnduw ø/w jarre
gãɲfu gãɲfu- gãɲfuw ø/w porte
garu garu- garuw ø/w Grenier
gũŋgu gũŋgu- gũngufi ø/w monticule
hɑ̃mbʊgʊ hɑ̃mbʊ- hɑ̃mbʊw ø/w Karité
jɩdaɲsɔɔrɔ jɩdaɲsɔɔrɔ- jɩdaɲsɔɔrɔw ø/w moustiquaire
koŋgu koŋgu- koŋguw ø/w rônier
kudgu kud- kudiy ø/w fesse
kute kute- kutew ø/w tortue
laayɔ laayɔ- laayɔw ø/w singe de petite taille
lammbʊ lammbʊ-  lammbʊw ø/w coton
loku loku- lokuw ø/w puisette
loondi loondi-  loondiw ø/w moelle
mɛntʊ mɛntʊ-  mɛntʊw ø/w réunion
mugu mugu- muguw ø/w muet
mumunte mumunte- mumuntew ø/w animal, être vivant
nunaɲciici nunaɲciici-  nunaɲciiciw ø/w bûche (bois de feu) dont le bout est allumé
pesu pes- pesii ø/w Mouton
siibu siibu- siibuw ø/w fonio
woysɔɔgɔ woysɔɔgɔ- woysɔɔgɔw ø/w femme divorcée ou hors de son foyer
wulgu wulgu- wulgufi ø/w vapeur
wurgu wurgu- wurguw/ wuriy ø/w haut-fourneau
wuskebru wuskebru- wuskebruw/wuskebiyaw ø/w allumette traditionnelle
yalʊ yalʊ-  yaluw ø/w Raisinier
yɑ̃rbutu[gu] yɑ̃rbutu-(gu) yãr-butuw ø/w charbon
yãrgiifu yãrgiifu- yãrgiifuw ø/w crin, fil
yiku yiku- yikuw ø/w obscurité́
zaŋgfɔ zaŋgfɔ- zaŋfɔw ø/w cent
zeefutu zeefutu- zeefutuw ø/w Bandit
zeeti zeeti-  zeetiw ø/w objet servant à récolter le fonio sauvage
zooto zooto- zootow ø/w louche

 

La classe des ɔ/fɩ

 

kʊbɔ Kʊfɩ ɔ/fɩ cou
gɔbɔ Gɔbfɩ ɔ/fɩ houe à manche longue servant à semer
sʊrɔ sʊrəfɩ ɔ/fɩ Tissage de paille fait avec l’herbe appelé sete et servant de porte ou de toît
gʊlɔ gʊlfɩ ɔ/fɩ sac en cuir
hʊlɔ Hʊlfɩ ɔ/fɩ marigot

La classe des suffixes dont le singulier est en -Vŋ

Il s’agit des suffixes composés d’une nasale vélaire précédée d’une voyelle.

Nom au singulier Base nominale Nom au pluriel Suffixe de classe sens
bʊ̃rʊ̃ŋ bʊ̃r- bʊ̃rɩ̃ ʊ̃ŋ/ɩ̃ Chèvre
daŋ Da- Dɛ̃ɩ̃ aŋ/ɛ̃ɩ̃ maison
kotoŋ Kot- kotey oŋ/ei caisse
nʋnɔŋ nʋn- nʋnɛ̃y ɔŋ/ɛɩ autruche
pɩsaŋ Pɩs- pɩsɛɩ aŋ/ɛɩ caïlcédrat
sɔbrɔŋ sɔbr- sɔbrɛy ɔŋ/ɛɩ éléphant
wɔ̃rɔ̃ŋ wɔ̃r- Wɔ̃rɩ̃ ɔ̃ŋ/ɩ̃ Poulet
yoroŋ Yor- Yorey oŋ/ei marmite

 

L’occlusive vélaire sonore [g] n’est pas perméable à la nasalité ; par contre, la roulante r l’est.

Les classes rares

Une dernière liste est composée d’un ensemble de noms qui sont moins fournis. Il s’agit des noms qui portent les suffixes de classe qui sont ga/nɩ, V/nɩ  (a/nɩ, e/ni , ɔ/nɩ) ɔ/na  et ɛɛŋʋ/ɛy.

La classe des V/nɩ

Lorsque le suffixe du singulier est une voyelle (o, ɔ, e, ɛ, ʌ ou a), c’est généralement à des bases monosyllabiques de structure CVC qu’elle se suffixe.

 

Nom au singulier Base nominale Nom au pluriel Suffixe de classe Sens
Tige tig- Tigni e/ni lieu
Yɩga yɩg- Yɩgnɩ a/nɩ Visage
Yaga yag- Yagnɩ a/nɩ marché
gaga gag- gagnɩ a/nɩ couteau
taga tag- tagnɩ a/nɩ marre
saga sag- sagnɩ a/nɩ ville
gasga gasg- gasnɩ ga/nɩ Feuille de baoba
debo deb- debni o/ni tamtam
wol-sobo wol-sob- wol-sobni o/ni rat
zugo zug- zugni o/ni queue
sabɔ Sab- Sabnɩ ɔ/nɩ houe

Dans ce sous-type de suffixes de classe, le suffixe du singulier n’est pas à confondre avec le diminutif. C’est juste un suffixe nominal qui ne porte pas nécessairement un sens diminutif.

Le sous-type -ga/ɩ et sa variante ŋa/nɩ

Les suffixes de classe -ga/ɩ et sa variante ŋa/nɩ s’associent aux bases nominales monosyllabiques de types CV, CVC ou dissyllabiques de types CVCV, CVCCV ou CVCVC.

Nom au singulier Base nominale Nom au Pluriel Suffixe de classe sens
sʋ̃marŋa sʋ̃mar- sʋ̃marʋw   guêpe
Bɔrga Bɔr- Bɔrɩ ga/ɩ esclave
Busgʌ Bus- busi ga/ɩ Jarre pour céréales
Kɔga Kɔ- Kɔrɩ ga/ɩ Plat de sauce en bois
Polgʌ Pol- polii ga/ɩ Sorte d’arbre épineux
pɛrɛɛga pɛrɛ- pɛrɛɩ ga/ɩ sorte d’arbre à feuilles comestibles
nʋmɛɛŋa nʋmɛ- nʋmɛɩ ŋa/ɛɩ scorpion
hɛ̃mɛɛŋa hɛ̃mɛ- hɛ̃mɛɩ ŋa/ɩ arbre épineux du sahel de nom botanique Balanites aegytiaca
mʋsŋa mʋs- mʋsɩɩ ŋa/ɩ Personne de l’ethnie mosse
ɲɩmɛɛŋa ɲɩmɛ- ɲɩmɛɩ ŋa/ɩ crocodile
ŋɔsŋa ŋɔs- ŋɔsɩɩ ŋa/ɩ puits
parkɛ̃ɛŋa parkɛ̃- parkɛ̃ɛnɩ ŋa/ɩ Sorte de margouillat de couleur rouge
pɛ̃rɛ̃ɛŋa pɛ̃rɛ̃- pɛ̃rɛ̃ɩ̃ ŋa/ɩ arbre épineux à gomme rouge, bot. Acacia Nilotica
sɩ̃ŋa sɩ̃ŋ- sɩ̃ŋnɩɩ ŋa/ɩ sexe
tʋfalŋa tʋfal- tʋfalɩɩ ŋa/ɩ Sorte de tourterelle de petite taille
bɩnnəŋa bɩnn bɩnnɩnɩɩ ŋa/nɩ anus
wɔ̃rcɛɛŋa wɔ̃rcɛ- wɔ̃rcɛɛnɩ ŋa/nɩ tourterelle
fileeŋʌ File- filei ŋʌ/i fouet en bois à bout fourchu pour préparer la sauce (ustensile)
Jineeŋʌ Jine- jinei ŋʌ/i lepreux
ɲɩrŋʌ ɲɩr- ɲɩrĩi ŋʌ/i aveugle
dɩlaaŋa dɩla- dɩlaaw ŋʌ/w langue
pɩlaaŋa pɩla- pɩlaw ŋʌ/w Lune, mois

Au niveau sémantique, il pourrait s’agit d’une transformation du sens diminutif initial vers un suffixe à proprement parlé, car certains mots comme kɔga « plat de sauce en bois » sont des diminutifs de korɛ « plat en bois ». De même, on pourrait voir en l’esclave (bɔrga), un homme (bɔrɔ) diminué dans sa valeur existentielle. Aussi, le suffixe du singulier -ŋa ne suit pas une seule règle, il est irrégulier parce qu’on le trouve dans le sous-type ŋa/ɩɩ avec mʋsŋa/ mʋsɩi « moosi » et aussi dans le sous-type de la classe des humains -ma ou -mɔw avec fɩlaŋa/fɩlamɔw « peuls ». Les suffixes de classe des humains sont traités dans un autre article.

La variante koromfe d’Arbinda est une langue à classe nominale avec au moins huit classes et sous-classes. Ces suffixes ont un impact syntaxique sur les autres éléments du discours en termes d’accord.

Certains noms n’ont pas été classés. Il s’agit des noms comme hikəŋʌ « hoquet », pɔtɔŋa « variole », poŋʌ « fonio sauvage », homde « saison sèche », bɔrgɔ « Farine de mil de première main ».

L’accord en suffixes de classe

L’accord en suffixes de classe s’observe aussi bien avec les pronoms qu’avec les adjectifs, les adjectifs numéraux cardinaux et ordinaux et enfin avec les démonstratifs. Mais dans ce dernier cas, seule une analyse peut permettre de percevoir cet accord. De façon général, il s’effectue plus en genre et en nombre qu’en classe.

Les démonstratifs

Les démonstratifs sont repartis en humains, en non humains et en diminutif. Il n’y a pas de forme longue et de forme courte de ces démonstratifs comme décrit dans la variante de l’Ouest.

Non humain diminutif humain
singulier pluriel singulier pluriel
koŋ heŋ keŋ hoŋ beŋ

Exemple :

A     tʊgʊ              koŋ          « ce mortier »

/det./ mortier sg.  /dem. sg. /

A     tʊbɩ             heŋ            « ces mortiers »

/det./ mortier pl./dem. pl./

La relation que l’on peut établir entre les suffixes de classe nominaux et les démonstratifs n’est visible qu’au plan morphophonologique. Pour le démonstratif pluriel humain, cette relation est plus évidente car elle est perceptible dans l’occlusive bilabiale [-b] dans beŋ (démonstratif), ba (pronom) et le suffixe du pluriel humain –ba. Mais pour le démonstratif non humain dont il est question dans ce travail, on retiendra que la lettre [k] de koŋ et la lettre [g] de (pronom) et de – (suffixe) sont toutes identiques en termes de point d’articulation, notamment le fait d’être +vélaire. Ces deux phonèmes ne sont différents que par la sonorité. De même, la voyelle [o] de koŋ et celle [ʋ] de – ont toutes en commun les caractéristiques + postérieur + arrondi. Et ce qui est commune entre le démonstratif pluriel non humain heŋ et le suffixe du pluriel ɩ, ce sont les voyelles qui sont toutes -postérieures – arrondies

Le pronom personnel délocutif

Au niveau de la troisième personne du singulier, certains suffixes jouent le rôle de pronom personnel. Il s’agit des suffixes -gʋ qui signifie « il ou elle non humain » et ga « il ou elle diminutif »

Personne Singulier non humain Pluriel non humain
Simple Emphatique Simple Emphatique
3e personne sujet gʋkɔ ɩ ɩkɔ
3e personne objet gʋkɔ ɩkɔ
3e personne diminutif ga gakɔ    

 

Le phénomène d’accord prenant en compte le pronom de la troisième personne du singulier.

  • A bɔrɔ bɛnɛ « l’homme est venu »
  • Dɩ bɛnɛ                    « il est venu »
  • A nɛfɛ bɛnɛ « le bœuf est venu »
  • Gʋ bɛnɛ                    « il est venu »
  • A nɛɩ-bɩ bɛnɛ            « le veau est venu »
  • Ga bɛnɛ                  « il (dim.) est venu »

Il existe donc un phénomène d’accord entre les pronoms de la troisième personne du singulier et du pluriel non humains et les suffixes de classe non humain gʋ/ɩ exprimé par une similitude morphologique. Ce sont les mêmes suffixes qui sont repris comme pronoms. Si « Beaucoup de langues voltaïques ont autant de pronoms de troisième personne qu’il y a de classes nominales » (Nicole, 1999, p. 16), en koromfe d’Arbinda et même pour le koromfe de façon générale, c’est le couple de suffixe de classe non humain gʋ/ɩ qui est pris comme forme pronominale pour tout le genre non humain, et pour ainsi dire, toutes les classes nominales de ce genre. Le pronom ne s’accorde donc pas en classe d’autant plus qu’il y en a plusieurs, mais en genre avec le nom qu’il représente. En senar (langue senufo du Burkina Faso) par exemple, à chacune des huit classes nominales, correspond un pronom de classe (Traoré, 2016).

On comprend aisément que lorsqu’on a des noms de classes différentes qui sont coordonnés, il est facile de tout reprendre avec le seul pronom personnel représentant le genre ; c’est-à-dire que si ce sont des classes de noms d’humains, on les reprend avec le pronom personnel humain ba, et si ce sont des classes nominales de non humains, on les reprend avec le pronom personnel non humain ɩ.

Exemple:

A     higni,          a     logoma,         a       torʌ,            a       tɛmba,      a        pesii

//det./ perdix pl.  /det./ chameau pl./det./ cochon pl./ det./  hyène pl./det./ mouton pl./

a        tĩŋgi,           a      sɔbrɛɩ,         ɩ           dʋrʋ  yome         yere

det./ mouche pl./det./ éléphant pl./ils n.h../tout/ passer acc./ loc.//

« Des perdrix, des chameaux, des cochons, des hyènes, des moutons, des mouches, des éléphants, ils sont tous passés ici. »

Pour ce qui est des pronoms personnels sujets et les pronoms possessifs, Il y a similitude entre les deux d’autant plus que c’est la même forme qui joue les deux fonctions.

Les interrogatifs

Pour les interrogatifs, il y a accord entre l’interrogatif simple « lequel ? » et le nom auquel il se rapporte.

On dira nde-yʋngʋ « lequel, laquelle » et nde-hɩ̃ « lesquels, lesquelles » pour tous les noms du genre non humain ; nde-yɩndɔ « lequel, laquelle » et nde-yɩmba « lesquels, lesquelles » pour le genre humain ; et enfin nde-yɩnga « lequel, laquelle » pour le diminutif.

Les adjectifs numéraux cardinaux et ordinaux

Au niveau des adjectifs numéraux cardinaux et ordinaux, il y a toujours accord avec le nom auquel ils se rapportent. Pour les adjectifs numéraux cardinaux, en dehors du nombre « dix » et ses multiples, ainsi que « cent » et « mille », on aura le pronom diminutif ga antéposé au numéral « un » et le pronom pluriel ɩ antéposé (et non préfixé) aux autres nombres de « deux » à « neuf ». Pour les adjectifs numéraux ordinaux, en dehors de pote « premier » et porʌ « les premiers », tous les autres ordinaux portent des suffixes liés au genre auquel appartient le nom auquel ils se rapportent. Pour le tableau des nombres dans les deux variantes, confère GUIRE et TRAORE (2023c, p.423).

Les adjectifs qualificatifs

Les adjectifs qualificatifs portent la marque de classe des noms qu’ils qualifient (Congo & Guiré, 2020). Il s’agit de l’accord en genre (humain, non humain) et en nombre (singulier, pluriel).

Exemple d’accord au singulier :

A      daŋ              garɛɛ      « une maison large »

/det./ maison sg./   large sg./

A     daŋ                homeeŋu     « une maison chaude »

/det./ maison sg./   chaud sg./

Exemple d’accord au pluriel :

A      dɛ̃ɩ              garɛɩ      « une maison large »

/det./ maison sg./   large sg./

 

A     dɛ̃ɩ                homei     « une maison chaude »

/det./ maison sg./   chaud sg./

Pour le singulier par exemple, on aura ainsi toujours sur l’adjectif les suffixes -gʊ ou ŋʊ, selon que la base adjectivale porte des segments vocaliques ou consonantiques oraux ou nasaux avec l’harmonie du timbre vocal.

Exemple d’adjectifs de couleur : bĩrẽẽŋu « noir », pũrẽẽŋu « blanc », sɔmɛɛŋʊ « rouge », zɔrɛɛ « jaune », et presque tous les adjectifs de couleurs

Exemple d’adjectifs de qualité physique : kɑ̃ŋɛɛŋʊ « dur », bɔrɛɛgʊ « mou, humide », dubeegu « lourd », hɔbɛɛgʊ « rugueux » someeŋu « aigre ».

L’accord en nombre est également établi entre les adjectifs et les noms qu’ils qualifient.

Le démonstratif et l’adjectif font partie du syntagme nominal. L’accord avec ces éléments grammaticaux constitue le troisième critère de notre orientation théorique pour confirmer que nous sommes en présence de classe nominale parfaite.

Comparaison avec la variante de Mengao

Lorsque l’on compare les suffixes de classes de la variante d’Arbinda ainsi dégagés avec ceux décrits par (Rennison, 1997, pp. 209-228), on constate qu’il y a un bon nombre de suffixes de classe qui semblent identiques aux deux variantes. Ce sont les classes gʋ/ɩ, dɛ/a, ʋ/fɩ et fɛ/ɩ et le diminutif ga. Mais en réalité, on assiste à une réorganisation des suffixes de classe et surtout au niveau des sous-types au regard des modifications phonologiques, morphologiques et même lexicales des noms dans la variante d’Arbinda.

Pour le suffixe gʋ/ɩ, nous constatons qu’il est le plus représentatif de la classe des non humains car il rentre dans la catégorie grammaticale comme pronom faisant ainsi la distinction entre les pronoms humains et les pronoms non humains. Ceci est valable pour toutes les variantes jusque-là connues du koromfe.

Pour la classe dɛ/a, il y a une réorganisation des sous-types de cette classe parce que dans la variante de l’Est (Arbinda), le suffixe nominal du singulier -ne n’existe pas. Il est systématiquement remplacé par le suffixe -re. On dira par exemple dɛ̃ɛrɛ̃ au lieu de dãɩnɛ « bois », hũirẽ au lieu de hũine « chenille », mʋrɛ au lieu de hɔ̃ɩnɛ « penis ». tɛmbɛɛrɛ au lieu de wɔ̃nɛ « hyène »[1].  Aussi, si nous prenons l’exemple du tableau n°544 (Rennison, 1997, p. 221), nous constatons que tous les noms de la première colonne ne peuvent pas exister dans la variante d’Arbinda parce que le suffixe [-frɛ] n’y existe pas.

Et certains noms sélectionnent des suffixes différents selon la variante. A l’inverse, les suffixes de classe rɛ/ya et gʊ/fɩ que nous avons trouvés dans la variante de l’Est sont aussi absents dans la variante de Mengao. Nous les avons considérés comme des sous-types respectivement de re/ʌ et de gʋ/bɩ.

Conclusion

Cette étude a pu dégager des classes majeures de suffixes nominaux avec des sous-types, notamment la classe des gʋ/bɩ avec des sous-types comme gʋ/bɩ, gʋ/ɩ, ʋ/ɩ, gʋ/fɩ, , ʋ/fɩ, et ø/fɩ, la classe des re/ʌ et ses sous-types comme re/ʌ, rɛ/-a, rɛ/-ya et rɛ̃/-yã. ; la classe des dɛ/a  et ses sous-classes de/a, le/a, te/a, e/ʌ et ɛ/a ; la classe des fɛ/ɩ et ses sous-types comme  fɛ/ɩ et  fi/i, la classe des ø/w, la classe des ɔ/fɩ, et les classes rares comme e/ni et V/nɩ où V représente des voyelles différentes. Au total, huit classes et au moins onze sous-types ont été formellement répertoriés. Les autres catégories grammaticales comme les démonstratifs, les pronoms, les interrogatifs, les adjectifs qualificatifs et les adjectifs numéraux cardinaux et ordinaux s’accordent en genre et en nombre avec la classe du nom auquel ils se rapportent.

Une comparaison avec la variante koromfe de Mengao laisse percevoir une réorganisation des suffixes de classe par variante, une présence du suffixe -frɛ dans la seule variante de Mengao, une similitude au niveau pronominale et une différence de fonctionnement syntagmatique marquée par l’accord de l’adjectif qualificatif avec la classe du nom qu’il qualifie dans la variante d’Arbinda. Une liste restreinte de mots est restée sans classement, soit parce que ces mots sont rares dans notre corpus, soit parce que l’explication de leur morphologie va au-delà de la synchronie. Même si la sous-spécification des classes morphologiques peut être revue en fonction des considérations phonologiques, les suffixes dégagés consacrent l’existant. Ils pourraient même être augmentés avec un corpus plus fourni.

Bibliographie

Congo, A. C., & Guiré, I. (2020). Les adjectifs en koromfe, variante d’Arbinda. (U. d. Bouaké, Éd.) Revue ivoirienne des Sciences du Langage et de la Communication (SLC)(14), pp. 588-608. doi:ISSN : 1996-8310

Guiré, I., & Traoré, D. (2023c). Morphologie des classes nominales en langue koromfe d’Arbinda : la classe des non-humains. Revue Ivoirienne des Sciences du Langage et de la Communication(17), pp. 120-143.

Nicole, J. (1999). Les classes nominales dans les langues voltaïques, esquisse d’un cadre de description. (S. T. Collection recherches Techniques, Éd.) Togo.

Rennison, R. J. (1997). Koromfe descriptiv grammar. Lodon: Lodon Routledge.

Traoré, D. (2016). Le système des classes nominales en senar (une langue senufo du Burkina Faso): analyse et esquisse comparative avec le proto-senufo. Proceedings of the èth World Co,gress of African Linguistics (WOCAL-7), Vol. 2, pp. 618-638.

[1] Liste de mots contenus dans le tableau C, (Rennison, 1997, p. 2217) et traduit dans la variante  koromfe d’Arbinda

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