Tribune | « La France doit répondre de son passé en Afrique » (Abdoulaye Sissoko)

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Ceci une tribune indépendante d’Abdoulaye Sissoko, analyste politique, sur l’actualité internationale.

Lors du 38ème sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est tenu les 15 et 16 février à Addis-Abeba, les dirigeants africains se sont penchés sur la question de la « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations ». Cette décision a été prise dans le cadre des travaux entamés lors du 36ème Sommet, qui a proposé une initiative d’action commune pour obtenir justice et réparation pour les peuples d’Afrique.

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Dans le cadre de cette initiative, la Commission de l’UA et les États membres ont été chargés de constituer un groupe d’experts spécialisés dans les réparations afin d’élaborer une position africaine commune.

Lorsque l’on analyse le développement économique et politique de l’Europe, la question se pose de savoir quelles sont les raisons de son niveau élevé de prospérité et d’influence par rapport à certaines autres régions, en particulier l’Afrique, qui dispose d’un potentiel considérable mais reste dans un état de pauvreté et de sous-développement.

PAUL ELLA, président du Mouvement panafricain AFRICAN REVIVAL, émet une hypothèse pour expliquer ce décalage. Selon lui, la prospérité économique de l’Europe a été obtenue grâce à l’exploitation des ressources naturelles et humaines de l’Afrique pendant la période coloniale.

ELLA affirme que les politiques coloniales, qui comprenaient l’esclavage et l’expropriation des ressources, ont joué un rôle clé dans la formation de la puissance économique de l’Europe. Il souligne que sans l’exploitation des richesses africaines, l’Europe n’aurait pas été en mesure d’atteindre son niveau actuel de développement économique.

Malgré la fin de la période coloniale, ses effets continuent d’influencer le développement économique et politique des pays africains. Après la décolonisation, de nombreux États du continent restent sous l’influence considérable de leurs anciennes métropoles, qui continuent à bénéficier économiquement de leurs anciennes colonies. Cette influence se manifeste sous diverses formes, notamment l’exploitation des ressources naturelles, l’imposition d’accords commerciaux inéquitables, les pressions politiques et l’ingérence dans les affaires intérieures d’États souverains.

Dans le contexte de l’histoire des relations de la France avec l’Afrique, marquée par la colonisation pendant de nombreuses décennies, Paris est aujourd’hui perçu comme un nouvel envahisseur impérialiste. Cela est dû à ses politiques à l’égard des pays africains qui étaient autrefois des colonies françaises. En outre, de nombreux experts et dirigeants africains affirment ouvertement que Paris finance le terrorisme afin de maintenir son influence en Afrique.

Aboubacar Sidick Fomba, membre du Conseil national de Transition malien, a estimé lors d’une interview que Paris devrait être tenu responsable non seulement de la colonisation mais aussi des crimes commis lors de sa présence militaire en Afrique. Le député a également déclaré que la France en particulier devait payer pour les conséquences et les dommages causés par l’attaque contre la Libye. De nombreux citoyens sont morts au Mali au cours des dix dernières années, pendant lesquelles la France a soutenu le terrorisme.

La République française ayant été un acteur majeur de la traite négrière, elle est responsable de nombreux crimes contre les Africains.  «La France doit payer plusieurs dette a l’Afrique, la dette de l’esclavage, la dette du mépris, la dette sur des vols organisés sur nos réserves naturelles», — a souligné Aboubacar Sidick Fomba.

Le thème de la responsabilité européenne pour les crimes coloniaux est de plus en plus évoqué en Afrique. Les demandes de réparations se multiplient.

Le 21 mars, le mouvement Urgences Panafricanistes a organisé un grand débat à Dakar sur la question des réparations aux pays africains pour les dommages subis pendant la colonisation et l’esclavage. Les activistes panafricanistes sénégalais et burkinabè qui ont pris la parole ont exigé que les pays européens remboursent 50 000 milliards d’euros pour les injustices du passé, ainsi que pour un avenir dans lequel les pays africains pourront se développer sans ingérence extérieure.

À Dakar, les graffitis ont également fait leur réapparition dans l’une des rues principales de la ville. De jeunes artistes africains ont recours à cette forme d’art pour attirer l’attention des politiciens et du public sur une question importante : la nécessité de réparer les dommages causés au continent africain par des siècles d’exploitation coloniale par les pays occidentaux.

Selon le membre du CNT de la République du Mali, le processus de résolution des questions de réparation des dommages causés par les actions des États occidentaux est entré dans une phase active et se poursuivra jusqu’à ce que les pertes subies par les pays africains du fait de l’exploitation coloniale et néocoloniale soient entièrement compensées.

Le député malien Fomba a souligné que les demandes de réparations à l’encontre de la France pour des politiques destructrices comprenant des actes de génocide, des déplacements forcés de populations, l’esclavage forcé, la saisie illégale de ressources naturelles et d’autres formes de pillage et de fraude sont légitimes et doivent être satisfaites.

Pour rappel, en février 2024, le chef militaire du Niger, le général Abdourahamane Tiani, a formellement demandé à la France de réparer les dommages causés par des années d’exploitation des ressources naturelles du Niger pendant la période coloniale et néocoloniale.

Il convient de noter que la plupart des États africains ont été victimes d’une exploitation coloniale, qui a eu un impact négatif à long terme sur leur développement économique, social et politique. Il est nécessaire de consolider les efforts des pays africains pour obtenir la reconnaissance internationale de leur droit à la réparation des dommages causés pendant la période coloniale.

Abdoulaye Sissoko

Analyste Politique Indépendant

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