Côte d’Ivoire : Un enseignant syndicaliste écope de 2 ans de prison ferme après une grève

En Côte d’Ivoire, Ghislain Assy Duggary, un responsable syndical du secteur de l’enseignement a été condamné le mardi 08 avril 2025 à deux (2) ans de prison ferme au terme d’un procès très suivi par sa corporation et les observateurs. Le secteur de l’enseignement fait face à un remous depuis le déclenchement d’un mouvement de grève des enseignants qui réclament l’instauration d’une prime trimestrielle à l’instar des fonctionnaires des régies financières.
A la suite d’un appel à la grève lancé le 3 avril, les enseignants ivoiriens sont sur la sellette et sont accusés par leur tutelle et le ministère de la fonction publique de rompre les accords sur la trêve sociale conclue en 2022 avec le gouvernement.
L’un des meneurs de cet arrêt de travail, Ghislain Duggary Assy, arrêté manu militari à son domicile quelques jours plutôt, a été présenté devant le juge et condamné à deux (2) ans de prison ferme, notamment pour « entrave au fonctionnement du service public ».
A en croire Me Léon-Paul Boto, l’un de ses avocats, le procès de son client est entaché d’irrégularités et annonce faire appel : « C’est grave ce qui vient d’être dit pour la liberté des personnes en Côte d’Ivoire. C’est pour cela que nous allons interjeter appel. Les faits reprochés à M. Assy, c’est simplement d’avoir véhiculé le message comme quoi il y aura une grève le 3 et le 4 avril », a-t-il déclaré à sa sortie de l’audience.
A quelques heures du jugement de Ghislain Assy Duggary, le mardi 08 avril, plusieurs responsables de l’intersyndicale des enseignants (IS-MENA) ont été brièvement arrêtés après une réunion avec la ministre de l’Education, Prof. Mariatou Koné. Ils expliquent qu’alors qu’ils étant en train de prendre le déjeuner après une séance de travail avec leur ministre, des éléments de la gendarmerie nationale les ont embarqués dans leur cargo pour un interrogatoire à la brigade de recherche à Abidjan-Plateau. Ils ont été libérés après quelques heures d’audition avant d’être reconduits dans les locaux du ministère de l’Education Nationale.
Quant à l’ampleur de la grève, les syndicats assurent que la grève est suivie à plus de 80% au point d’avoir perturbé la tenue des épreuves physiques du BEPC dans plusieurs établissements. En tout état de cause, le bras de fer entre les enseignants et le gouvernement est très tendu alors que les menaces de la ministre d’Etat, ministre de la Fonction Publique, ne semblent pas les émouvoir.
En Côte d’Ivoire, les enseignants perçoivent selon leurs grades, entre 250,000 Fcfa et 600.000 Fcfa. Cette prime qu’ils exigent devraient, selon eux, concourir à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU
Correspondant de Burkina 24 en Côte d’Ivoire