Les non-dits du jeu d’acteur de cinéma : Éléonore Kocty lève le voile sur les défis des artistes-interprètes burkinabè

Éléonore Kocty a soutenu son master en Art, Gestion et administration culturelle sous le thème « Pratique du métier d’artiste-interprète de cinéma au Burkina Faso : état des lieux, défis et perspectives » à l’Université Joseph Ki-Zerbo le mardi 15 avril 2025. Le jury a salué le travail de l’impétrante, mais aussi l’originalité et la pertinence de la thématique.
17/20, c’est la note qui a sanctionné le travail de l’étudiante, artiste-interprète de cinéma, Éléonore Kocty. Dans la peau de la comédienne, la rigueur scientifique a dû prendre le dessus pour mener à bien la soutenance de Master sous le thème « Pratique du métier d’artiste-interprète de cinéma au Burkina Faso : état des lieux, défis et perspectives ».
« Cette thématique, a-t-elle avoué, je l’ai choisie parce que je suis artiste interprète de cinéma moi-même, mais aussi parce que je me préoccupe des problèmes que vivent les artistes interprètes qui, a-t-elle indiqué, « ne savent pas mettre des mots sur les problématiques qui concernent leur domaine« . »
Elle a fait remarquer que pour le moment, il n’existe pas de travaux scientifiques qui parlent du métier d’artiste interprète de cinéma. Aussi a-t-elle insinué : « J’ai voulu innover en prenant en exemple mon propre métier et en mettant des mots sur les problématiques qui minent le métier». À travers une démarche scientifique, elle a donc disséqué la problématique d’un milieu qu’elle connaît bien. Cela, en faisant fi des évidences empiriques pour laisser parler la science dans sa démarche rigoureuse.

« J’ai d’abord mis en lumière les dynamiques qui animent le métier. Quel est l’état de la formation des artistes interprètes au Burkina ? Quel est le marché ? Dans quel marché les artistes se trouvent-ils ? Quelle est la régularité de l’offre de travail ?
Quel est l’usage des outils comme les agents artistiques, les outils de promotion de l’image et de la carrière ? Quel est l’état de l’utilisation de ces outils pour la promotion, sinon la valorisation du métier à l’échelon individuel ? », a-t-elle décrit.
Ce qui ressort du travail de recherche d’Éléonore Kocty sur le métier d’interprète de cinéma :
Elle avoue avoir fait un état des lieux en rencontrant les artistes et en établissant, sur la base des données recueillies, des tableaux et des graphiques clairs à la compréhension. Ainsi, les résultats de ses travaux ont pu révéler que les artistes ne sont pas que des victimes.
Elle a montré comment les artistes eux-mêmes organisent la précarisation du métier en ne s’intéressant pas à la formation ni à la réglementation, et en étant la plupart du temps seulement des gens qui réclament de meilleures conditions de vie alors qu’ils devraient participer à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
Le jury salue le travail de recherche d’Éléonore Kocty
Le jury, par la voix du président de jury, Pr Yves Dakouo, a salué le travail de l’impétrante à sa juste valeur. Ce qui a marqué le jury, selon Pr Yves Dakouo, c’est d’emblée l’originalité de cette recherche. « Nous sommes dans un département de lettres et très souvent les travaux portent sur le produit fini, notamment sur le cinéma, les films, la qualité des films, mais nous nous posons rarement des questions sur ce qui se passe en amont.
Cette recherche nous oriente vers le statut des acteurs du cinéma, ceux qui incarnent, portent l’action du cinéma. Il n’y a pas de cinéma sans acteurs, ce sont eux qui sont la face visible du cinéma », a-t-il indiqué. À l’entendre, le travail de l’impétrante est une recherche qui permet de faire l’état des lieux de la place des artistes dans notre société.

« Si on considère les artistes comme des travailleurs comme les autres, il est tout à fait normal de nous interroger sur leur statut économique, sur leur statut dans la société », a-t-il d’ailleurs fait savoir tout en précisant que le travail d’Éléonore Kocty donne suffisamment d’éléments pour relever les imperfections du métier.
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Quoi qu’il en soit, Éléonore Kocty s’est réjouie du vote de la nouvelle loi qui concerne le statut de l’artiste à l’Assemblée Législative de Transition (ALT). Chose qu’elle a d’ailleurs relevée dans son document de recherche.
Elle a indiqué que les innovations de cette loi épousent parfaitement les conclusions de ses recherches à savoir « Élaborer une grille des salaires pour les artistes interprètes, trouver les moyens d’encourager leur contribution à la construction de l’édifice national et surtout, gérer l’affluence dans le métier avec l’exigence de la formation et la possession de la carte professionnelle ».
Hamadou OUEDRAOGO
Burkina 24
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