Chômage de la jeunesse au Burkina Faso : Quelles solutions ?
Ceci est la contribution d’un étudiant à la problématique du chômage au Burkina Faso.
Le chômage de la jeunesse est l’une des réalités qui limite le développement socio-économique et durable de notre cher pays le Burkina Faso. Officiellement le chômeur est défini en 1982 par le Bureau International du Travail (BIT) comme étant une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :
- Être sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une semaine de référence ;
- Être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
- Avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.
Partant de cette définition des études statistiques ont montré que le chômage au Burkina Faso est passé de 77% en 2004 à 3,3% en 2012. Pouvons-nous croire en une telle performance ?
La réalité sur le terrain semble bien différente. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que la problématique du chômage des jeunes pourrait être un effet boule de neige. En effet le chômage dans sa globalité pourrait influer sur l’exode rural et sur le banditisme urbain pour n’en citer que ceux-ci.
La mesure récente visant à recruter cette année 4200 jeunes diplômés pour l’enseignement post primaire est salutaire. Cependant si nous voulons résoudre durablement la question du chômage des jeunes, d’autres leviers d’actions supplémentaires sont à envisager.
Au Burkina nous avons la culture du « fonctionnariat ». Le schéma est simple, nous formons plus de généralistes que de professionnels. Cependant il est à noter que l’Etat grand employeurs de ces généralistes, a une capacité d’absorption très limitée. Bien évidement la formation reçue permet à certains diplômés généralistes de rejoindre le secteur privé via l’embauche ou l’entrepreneuriat. Malheureusement, au regard d’un secteur privé encore embryonnaire et d’un manque cruel de financement de projet une grande partie de la jeunesse formée à des fonctions d’ordre publique ou professionnel se retrouve sans emploi.
Dure réalité ! Que faut-il faire donc ?
Sans rentrer dans des détails techniques, brièvement, Il faudra revoir les quotas de formation mais au préalable il faudra régler un bon nombre de problèmes sous-jacents.
Aider la jeunesse à monter et financer ses projets
Malgré sa bonne volonté, l’Etat ne peut à lui seul financer les projets des jeunes. Il est de sa responsabilité de mobiliser et d’encourager les acteurs du monde privé à aider les jeunes dans le montage, le financement et le suivi de leurs projets. Ainsi la prolifération des incubateurs, investis d’une mission socio-économique et ayant des garanties adaptées à la jeunesse, est à encourager.
Une autre chose qu’il faut surtout savoir c’est qu’une entreprise naît et grandit. A chaque phase de son développement elle offre des perspectives de réduction du chômage. Mais il faut voir encore plus loin. Il faut travailler à une véritable croissance du secteur privé.
Une harmonisation du cadre des affaires
Une harmonisation du cadre des affaires s’impose. Celle-ci passe par :
- Une bonne gouvernance et une stabilité politique pour attirer les investissements directs étrangers. Quand on investit on s’attend à une rente et la mauvaise gouvernance ainsi que l’instabilité politique sont des facteurs qui peuvent inhiber celle-ci. Personne n’investira au Burkina sachant qu’il ya des détournements de fonds, des risques de destructions d’équipement, etc. Nos édiles et nos populations doivent donc être conscients que de leurs conduites citoyennes et responsables en dépend le dynamisme économique.
- L’efficacité énergétique. Les problèmes énergétiques que connait notre pays freinent non seulement son industrialisation, mais aussi la bonne marche des affaires. Il vous suffit de demander aux acteurs économiques quels sont les effets sur leurs activités lors des délestages. On assiste à une baisse de la demande pour ceux qui ne possèdent pas de groupes électrogènes et pour ceux qui en possède une augmentation des coûts. Le résultat est le même : baisse du profit, moins de croissance, moins de perspectives d’emploi. L’exploitation de l’énergie solaire, mais aussi un plan énergétique d’écologie industriel sont plusieurs actions qui pourraient nous permettre d’obtenir plus d’efficacité dans le domaine énergétique.
Une jeunesse et un secteur privé responsables et engagés
C’est le facteur plus important. Notre jeunesse doit être responsable et engagée à se sortir elle-même du chômage en travaillant ardemment pour obtenir des résultats et rembourser les emprunts contractés, afin de permettre aux structures de financement, de financer d’autres projets. Mais il en est de même pour le secteur privé.
Il doit s’engager sans plus attendre au côté de l’Etat pour un plus grand dynamisme économique. Sachez que dans aucun pays c’est l’Etat qui tire une économie, c’est bel et bien le secteur privé qui est aux avant-postes.
Daniel Eric BICABA, étudiant burkinabè en Développement Economique.
Blog: www.africandevelopment.wix.com/africandevelopment
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