Le boulevard circulaire et le don de la discorde
« Les sermons du vieux Yelmigan » est une chronique satirique proposée par un « Observateur » avisé de la société burkinabè. Elle traite deux fois par mois (le 1er et le 15 du mois) sur Burkina 24 de sujets liés à la vie de la nation burkinabè. Véritable sermonneur, le Vieux Yelmigan ne prendra pas de gant pour parler à ses fils et ses filles de leurs comportements quotidiens dans la société. Ame détestant les sermons, s’abstenir donc de continuer la lecture !
L’avenue des Tansoba, communément appelée « circulaire » se meurt. Pour sauver la situation, le Japon aurait décidé de nous aider à la refaire. Le gouvernement japonais a même pris l’engagement de financer gratis la route pour nous montrer le savoir-faire nippon. En son temps, Zida avait dit oui, mais Roch trouve qu’un prêt est mieux.
Pendant qu’on discute du sexe des anges, de géantes mares à caïmans se forment sur la circulaire
Voilà un peuple qui décide d’aider un autre peuple, mais voilà que le bénéficiaire de l’aide refuse. C’est vrai que ça peut choquer, mais en même temps, on n’est pas obligé d’accepter les dons.
Moi ce qui me paraît bizarre, c’est le débat suscité autour de ce don. C’est à croire que ces « débatteurs » n’ont jamais emprunté le boulevard en question.
Des informations servies dans la presse par un groupe d’OSC, encore eux ! Il ressort que le gouvernement nippon consent de refaire la circulaire pimpante, « bougoumtifié » aller retour, façon japonaise, mais seulement, les travaux ne pourront débuter que dans deux ans.
A l’état actuel, la circulaire peut-elle encore attendre deux ans ?
Actuellement, cette route est en état de déliquescence avancée. Quand on connaît l’importance de cette voie, qui permet de contourner le centre-ville de Ouaga pour tous les gros porteurs maliens, ivoiriens, ghanéens et autres pour rejoindre le Togo, le Bénin ou encore le Niger, deux ans paraissent une éternité. Un don qui se fait attendre arrive gâté !
Aujourd’hui, l’urgence est réelle. Le bitume est complètement parti et de gros trous se sont formés au milieu de la route. Il est devenu difficile de l’emprunter de peur de se noyer ou de casser ses amortisseurs.
Face à cette urgence, que faire ?
Pour les Japonais, dans deux ans ils débloqueront 22 milliards de nos francs pour faire une route digne de ce nom. Mais un don rapide est toujours le meilleur et comme le dit le proverbe, il est difficile pour un homme rassasié de croire qu’un autre a faim.
A mon humble avis, il n’est pas bon pour notre économie d’attendre les deux ans. Cette route est une urgence et un Etat qui se respecte doit l’exécuter comme une priorité de la République. Cette route n’est pas seulement burkinabè, elle sert aux échanges commerciaux entre notre pays et d’autres.
Le gouvernement a donc opté pour un prêt de 20 milliards à la BOAD, là où la transition avait choisi un don de 22 milliards. J’avoue que toute personne a envie d’être aidée, mais comme le disait quelqu’un, la manière de donner vaut mieux que ce qu’on donne.
Le ministre des infrastructures nous a expliqué que le gouvernement a fait un prêt pour parer au plus pressé, mais Siaka Coulibaly et ses amis ont estimé que cela est contraire à l’intérêt supérieur du peuple burkinabè.
Hey ! notre intérêt supérieur là, c’est d’avoir de bonnes routes tout de suite. Ce groupe visionnaire estime même que le gouvernement japonais a déjà rédigé la lettre d’annulation du don Humm ! Comme ils sont informés : c’est encore bizarre ça.
Moi je crois que si vraiment cette aide doit être concrétisée dans les deux ans à venir, quelle que soit la gentillesse du peuple japonais et leur expertise en matière de route, la circulaire doit être refaite immédiatement. Attendre encore deux ans sans rien faire serait de l’insouciance gouvernementale.
Ce don ciblé est-il calculé ?
Quand on écoute le ministre des infrastructures, le Burkina aurait proposé au Japon de détourner le don au profit d’une autre route et cela ne convenait pas au Japon. Il a refusé, c’est son droit le plus absolu. De toute façon l’aide, n’a jamais résolu durablement le problème d’un pays. Si tel était le cas, l’Afrique serait le continent le plus développé.
Moi je préfère souvent que nos pays souffrent pour s’en sortir que d’être assujettis à l’aide.
Dans cette bataille du don nippon, on ne nous dit peut-être pas tout. Quelles sont les conditions du don ? Une aide a toujours des conditions pour être valable. C’est ce qu’on appelle les conditionnalités de l’aide.
Quand on vous donne, on vous impose quelque chose, vous n’êtes pas libres. Pour être libre, il faut être autonome, il faut choisir soi-même son destin.
Lorsque vous êtes perfusé à l’aide, votre destin est aux mains des pays donateurs. On l’a vu avec le FMI et la Banque mondiale. Nos pays sont passés par le PAS, par tous les systèmes, mais aujourd’hui nous sommes toujours pauvres. L’aide nous cause plus de problèmes qu’ils n’en résoud. Nous devons tourner le dos aux dons qui aliènent. Attention hein ! Je ne dis que les Japonais avaient une idée derrière la tête.
Prêt ou don, nous devons choisir celui qui rend libre
Le Burkina étant un pays, sa politique routière doit être définie par lui-même et tout don doit s’insérer dans cette politique routière. Toute intervention extérieure doit tenir compte des priorités dégagées par le pays bénéficiaire.
Même dans notre pauvreté, nous devons pouvoir dire ce qui nous arrange.
Yelmighan
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