L’autoroute transafricaine Tanger-Lagos revigorée : le Burkina Faso se positionne en carrefour incontournable pour la libre circulation civile et commerciale de toute l’Afrique de l’Ouest
Ceci est un article du chercheur Alain Joseph Sissao sur la coopération entre le Burkina Faso et le Maroc.
L’unité africaine est un rêve porté par feu le Roi de Mohammed V du Maroc achevé par le Roi Mohammed VI. Selon le professeur Alain Joseph Sissao de l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS) du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) du Burkina Faso. Dans l’article qui suit, il explique que les jalons de cette union des africains a été posée à travers la Charte de Casablanca de 1961.
Le chercheur burkinabè de renommée africaine, autorité dans son domaine pour ayant réalisé et conduit de multiples recherches, estime également qu’entre le royaume chérifien et le reste de l’Afrique, il y a une coopération gagnant-gagnant fondée sur l’entente et le respect et mutuel. Pr Sissao applaudit aussi la reconnaissance pleine et entière de la souveraineté du Maroc sur ses Provinces sahariennes par le Burkina Faso et les Etats-Unis d’Amérique. Enfin, il décline les atouts et les potentialités du Burkina Faso pour en faire un pays incontournable au cœur de l’Afrique de l’Ouest pour les opportunités économiques, culturelles et géographiques.
Alain Joseph SISSAO
Directeur de recherche
Institut des Sciences des Sociétés
(INSS)
Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST)
Burkina Faso
La création d’un aéroport africain et de l’allègement des tarifs douaniers viennent des actions du groupe de Casablanca.
Un rêve d’unité africaine jamais renié depuis la pierre fondatrice de Casablanca
Les pères fondateurs de l’OUA avaient un rêve : c’est la réunion de Casablanca du 3 au 6 janvier 1961, avec le Roi Mohamed V du Maroc, Kwame Nkrumah du Ghana, Modibo Keita du Mali, Amadou Sékou Touré de Guinée-Conakry, Jamal Abdel Nasser d’Egypte, Ferhat Abbas du gouvernement provisoire de la république algérienne et d’Abdelkader Allam qui représentait le roi libyen Idris Ier.
Le groupe des révolutionnaires et des modérés ont ainsi coexisté. La création d’un aéroport africain et de l’allègement des tarifs douaniers viennent des actions du groupe de Casablanca. Les prémisses de la coopération économique avec les pays africains ont commencé depuis ce moment et se sont poursuivies jusqu’à nos jours à travers la solidarité et le pragmatisme dans tous les volets de la coopération.
Du 4 au 7 janvier 1961 : La Conférence de Casablanca, prélude à la création de l’OUA en 1963 à Addis Abeba.
L’Union africaine, d’abord Organisation de l’unité africaine, est officiellement née un 25 mai 1963 avec l’adoption d’une charte à l’initiative de l’Éthiopie. Mais l’organisation panafricaine, est le fruit de plusieurs initiatives entreprises bien avant cette date. Feu le roi Mohammed V réunissait déjà quelques pays africains pour ce même rêve continental.(1)
La charte de Casablanca et l’unité africaine :
Lorsque le 4 janvier 1961 feu Sa Majesté Mohamed V réunissait à Casablanca une conférence africaine dans le but d’examiner la situation politique, économique et sociale en Afrique et d’adopter la charte dite de Casablanca, charte de l’Afrique nouvelle traçant le cadre de l’action à engager pour la réalisation des principaux objectifs africains, l’initiative du souverain défunt avait suscité le plus vif intérêt. En effet, connaissant l’homme, sa sagesse et sa pondération, la sincérité de ses sentiments et la profondeur de sa foi dans tout ce qu’il entreprenait, les observateurs s’accordaient à attacher aux travaux de la conférence une attention toute particulière(2).
Une année avant cette rencontre, Mohammed V recevait en août 1960 Patrice Emery Lumumba, le leader nationaliste congolais. Son pays venait à peine d’arracher l’indépendance à la Belgique (30 juin 1960). Une occasion pour le souverain marocain de rassurer sur ses intentions de soutenir jusqu’au bout ses frères africains. Les déclarations tenues par Mohammed V avaient irrité à l’époque plusieurs pays occidentaux alors même que le continent africain était encore sous l’emprise coloniale : « Le Maroc est à vos côtés et met à votre disposition les enseignements de son expérience, ainsi que ses moyens d’action diplomatiques, militaires et techniques pour vous aider à vaincre vos difficultés actuelles. Vous êtes du côté du droit et de la justice qui finissent toujours par triompher. »
Le Maroc dans l’Afrique : une coopération gagnant-gagnant
On pourrait se poser la question de savoir si le Maroc a « une politique africaine » ? A cette question, plusieurs observateurs avertis dont les diplomates marocains répondront par l’affirmative avec des exemples à l’appui. D’une part il y a le soutien aux mouvements de libération de l’Afrique Australe et des pays lusophones d’Afrique, d’autre part la revendication d’un nouvel ordre économique international, en particulier en ce qui concerne le « droit à la mer pour les pays n’ayant pas de débouché maritime, et défense du droit à l’intégrité territorial des Etats africains. (3)
La politique africaine du Maroc se traduit par le maintien d’étroites relations humaines et économiques et diplomatiques avec les régimes modérés, en particulier au niveau des chefs d’Etat. Les Provinces Sahariennes sont pour le Maroc une voie de communication avec le reste de l’Afrique ou du moins l’Afrique occidentale.
Les idéaux du panafricanisme sincère et de l’intégration régionale sur la base du partenariat gagnant-gagnant sont contrariés par les miliciens du Polisario, groupe séparatiste dont les velléités de déstabilisation ne sont plus à démontrer pour la région Saharo-sahéliennes.
Pour preuve de la dangerosité du « polisario » en Afrique et dans la région du Sahel en particulier c’est qu’à la tête du soit disant Etat Islamique du Grand Sahara (EIGS ), se trouve Abou Walid Al Sahraoui. Cet ancien polisarien terrorise tout le grand Sahara et le Sahel et s’évertue à revendiquer sans vergogne les attentats terroristes perpétrés de manière ostentatoire au Burkina Faso, de Koutoukou août 2019 et Tin-Akkof dans l’Oudalan en novembre 2020 (zone dite des trois frontières) en pleine période électorale pour les présidentielles et les législatives du 22 novembre dernier. La dernière attaque en date est un message de défiance aux Forces de Défenses et de Sécurité du Burkina Faso mais surtout aux autorités pour dissuader les populations de voter (le 22 novembre) et de montrer les revendications territoriales sur ces zones sahéliennes minées par ces groupes extrémistes et les plus violents des terroristes.
La population burkinabè doit ouvrir les yeux pour comprendre ces enjeux et savoir que la lutte du peuple marocain et burkinabè est intimement liée par un même destin face aux actes terroristes de ces groupes armés meurtriers qui écument le sahel et sont animés de velléités déstabilisatrices de toute la région Ouest-Africaine.
– Le Maroc restaure l’autorité de l’Etat dans le poste frontalier de Guergarate à la frontière avec la Mauritanie :
le rétablissement du trafic et les enjeux de la libre circulation civile et commerciale avec l’Afrique de l’Ouest
Face aux agissements inacceptables du « polisario » dans la zone de Guergarate au Sahara marocain, « Le Maroc a décidé d’agir, dans le respect de ses attributions, en vertu de ses devoirs et en parfaite conformité avec la légalité internationale », a indiqué le communiqué du ministère des Affaires étrangères du Maroc. Cette réaction intervient après que le Royaume du Maroc se soit astreint à la plus grande retenue, pour ne pas envenimer la situation dans cette zone.
Selon les termes du communiqué « le Royaume du Maroc n’avait d’autre choix que d’assumer ses responsabilités afin de mettre un terme à la situation de blocage générée par ces agissements et restaurer la libre circulation civile et commerciale ». Il n’a pas manqué de relever que « ces agissements documentés constituent de véritables actes prémédités de déstabilisation qui altèrent le statut de la zone.
Les miliciens polisariens, fidèles à leur doctrine déstabilisatrice, ont tenté vainement de porter atteinte aux intérêts du Royaume du Maroc et de toute l’Afrique de l’Ouest en faisant obstruction au passage frontalier de El Guergarat entre le Maroc et la Mauritanie. Pendant quelques jours les miliciens s’étaient adonnés à leur vrai métier à savoir le banditisme, actes de racket et d’intimidations, de coupeurs de routes, des infortunés chauffeurs de camions africains toutes origines et nationalités confondues.
Le Maroc a agi avec fermeté face aux provocations du « Polisario » à Guergarate dans le Sud de ses Provinces Sahariennes. Le 13 novembre courant, le Maroc a décidé de mettre en déroute les milices du « polisario » qui avaient bloqué cette zone. Un cordon de sécurité a ainsi été mis en place dans la nuit du jeudi 12 novembre par les Forces Armées Royales en vue de sécuriser les flux de biens et de personnes dans cette zone.
Le Maroc a fait montre depuis l’éclatement de cette crise de la plus grande retenue et du plus grand attachement à la légalité internationale, une attitude saluée par la Communauté internationale. Depuis donc le vendredi 13 novembre 2020, ce passage d’El Guergarate, entre le Maroc et la Mauritanie, est complètement et hautement sécurisé.
Grâce à l’action déterminante du Royaume du Maroc, la libre circulation des populations et des biens a pu reprendre son cours normal sur cette voie terrestre stratégique sur le plan de la circulation civile et commerciale entre le Maroc et toute la sous-région sahélienne et au-delà à toute l’Afrique de l’Ouest via la route emblématique Tanger-Lagos, qui fait de l’intégration régionale entre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest l’un de ses principaux idéaux.
La libre circulation des biens et des personnes a donc repris dans cette partie du pays, à partir du 13 novembre 2020, après une opération qui se voulait « non offensive et sans aucune intention belliqueuse » et selon « des règles d’engagement claires, prescrivant d’éviter tout contact avec des personnes civiles et de ne recourir à l’usage des armes qu’en cas de légitime défense ».
La Zone de El Guerguarate s’étend sur environ 5 kilomètres. Son poste-frontière est le seul entre le Maroc et la Mauritanie. La route qui traverse EL Guerguarate constitue l’unique pour les échanges humains et commerciaux avec les pays d’Afrique de l’Ouest.
Cette situation de blocage a créé une pénurie de fruits et légumes en Mauritanie entrainant une flambée des prix dans les marchés de Nouakchott et d’autres capitales ouest-africaines. Plus d’une centaine de camions chargés de produits traversent par jour cette zone pour ravitailler la Mauritanie. Les enjeux de cette crise provoquée par des éléments du « polisario » étaient non seulement politiques mais aussi commerciales d’où la réaction des Forces Armées Royales.
Ce que les africains doivent savoir ainsi que les tous les burkinabè, c’est que ce corridor de El Guerguarate est le point de passage des véhicules des biens et personnes qui viennent de l’Espagne pour rejoindre la Mauritanie et le reste de l’Afrique de l’Ouest ; le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, et le Nigeria, et bien au-delà vers le Tchad en Afrique centrale. Plusieurs de nos compatriotes burkinabè qui reviennent avec leurs véhicules et marchandises achetés en Europe passent par cette route. Le « polisario » ne peut pas donc bloquer toute l’économie de ces pays qui va se trouver ainsi asphyxiée. Les actes de déstabilisations du « polisario » portent un grave préjudice aux économies des pays enclavés comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso notamment.
- Atouts et potentialités pour que le Burkina Faso se positionne en tant que plateforme incontournable pour la libre circulation civile et commerciale de toute l’Afrique de l’Ouest
- Situation géographique du Burkina Faso : un pays au cœur de l’Afrique de l’Ouest :
Le Burkina Faso est appelé à transformer sa situation de pays enclavé en opportunités et pays de transit incontournable, un carrefour au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Ce n’est pas un rêve, mais une réalité géographique et stratégique.
Le Burkina Faso bénéficie aussi de la libre circulation civile et commerciale en provenance du Maroc via El Guergarate, du fait qu’une grande partie de ses exportations y transitent offrant ainsi des débouchés à ses produits locaux.
- Le Burkina Faso est un champion de la CEDEAO en matière du libre-échange
Le Burkina Faso est un champion de la CEDEAO en matière de la libre circulation des personnes et des biens : médiation réussie du Burkina Faso pour le règlement de la question de fermeture des frontières entre le Nigeria et les pays limitrophes (Bénin, Niger), comme en témoignent les visites et bons offices du Président du Faso auprès du Président Muhamadou Buhari pour le règlement des litiges commerciaux entre les pays de la sous-région concernés. Ce sont là des réalités qui plaident en faveur de son positionnement comme pays carrefour du libre- échange dans la zone CEDEAO.
- L’offre d’exportation du Burkina Faso
Le Burkina Faso possède plusieurs atouts en matières premières et produits de l’agriculture de rentes notamment le coton et sa transformation, la canne à sucre, les produits textiles, les produits agricoles du terroir. Elle a une main d’œuvre qualifiée, tout le potentiel économique, les réalisations économiques ces dernières années en font foi (pôles de Bagré et Samandéni) les voies de contournement de Ouagadougou pour fluidifier le trafic, la réhabilitation des routes terrestres, la connectivité régionale et internationale sur le plan aérien, les ports en cale sèche, la modernisation des moyens de transports, la digitalisation de l’administration, et des moyens de paiement (Cartes de paiements bancaires)
- Le domaine des énergies :
On peut noter de grands atouts dans ce domaine. C’est ainsi qu’à Ouagadougou s’est tenue les 9 et 10 décembre 2020 une réunion des experts des Etats membres de la CEDEAO sur le processus de développement du Projet d’extension du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP) avec la participation de la Société Nationale des Hydrocarbures et des Mines du Maroc (ONHYM).
La première phase de ce projet concerne l’extension du gazoduc à la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso.
Le développement de l’énergie dans l’espace CEDEAO est accompagné de fortes recommandations pour le déploiement du projet d’extension du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest(4).
C’est ainsi que le communiqué de la CEDEAO à la réunion de Ouagadougou, le jeudi 10 décembre 2020 recommande la poursuite des discussions avec les promoteurs du projet du Gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP) en vue de la conclusion d’un Mémorandum d’entente (MoU) devant permettre d’aboutir à l’étude détaillée d’un projet unique de gazoduc en Afrique de l’Ouest, c’est l’une des recommandations issues de la rencontre des acteurs du secteur énergétique de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est achevée le jeudi 10 décembre 2020 à Ouagadougou, au Burkina Faso.
A la fin de leurs travaux, les participants ont demandé à ce que les études FEED à conduire pour le projet de Gazoduc incluent l’analyse de faisabilité pour la fusion des deux projets en un projet unique et que les résultats soient présentés aux Etats membres en vue d’une décision finale.
Les experts ont en outre souligné que la réalisation d’un gazoduc unique reliant l’ensemble des états membres de la CEDEAO est une réelle opportunité pour la région. De ce fait, ils ont recommandé la prise en compte de la satisfaction des besoins en gaz de tous les Etats membres dans le processus de fusion des deux projets. A cet effet, les études à mener avec les promoteurs du NMGP devront inclure la phase 1 du projet d’extension du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP) dont la préparation avait été entamée par la CEDEAO.
De la présentation du projet WAGPEP faite par la Commission de la CEDEEAO et celle du projet NMGP faite virtuellement par la Société Nationale Pétrolière du Nigeria (NNPC) et l’Office National des Hydrocarbures du Maroc (ONHYM), il ressort que les deux initiatives ont à peu près le même tracé et sont au même stade d’avancement. De plus, les conclusions des deux études ont montré que ces projets concourent à des objectifs similaires notamment la valorisation des ressources gazières de la région et l’approvisionnement des pays en énergie propre y compris les États membres de la CEDEAO.
La réunion de deux jours a été également marquée par des présentations des experts du West African Gas Pipeline Company Ltd. (WAPCo) et du West African Gas Pipeline Expansion Project (WAGPEP) sur l’état de fonctionnement actuel du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (GAO) et des actions entreprises pour améliorer les performances de l’installation existante.
À la clôture de cet atelier de concertation de deux jours, le Directeur Energie et Mines de la Commission de la CEDEAO, Bayaornibè DABIRE, a, au nom du Commissaire Sédiko Douka en charge de l’Energie et des Mines, remercié les participants pour leur diligence et les d’échanges fructueux, francs et constructifs en vue de l’aboutissement du processus de développement d’un marché régional intégré du gaz naturel dans la région. Ce qui permettra de franchir un nouveau cap dans le développement du projet de gazoduc ouest africain.
Il est important de rappeler que cette initiative fait suite à la recommandation des Chefs d’Etats et de Gouvernements des pays membres de la CEDEAO qui ont instruit la Commission de la CEDEAO à conduire une étude de faisabilité pour l’extension du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest, en réponse aux besoins énergétiques des populations et au regard de l’énorme potentiel en gaz naturel dont dispose la région.
Les Chefs d’Etats et de Gouvernements de la CEDEAO ont adopté en 2018, le rapport issu de cette étude dont l’une des conclusions les plus importantes est le développement du projet d’extension du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP) en 5 phases. La première phase de ce projet concerne l’extension du gazoduc à la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso.
- Le cadre réglementaire d’incitation à l’investissement :
Les réformes entreprises sur le plan économique sont appréciables notamment le guichet unique, l’Agence de Promotion des Investissements, le nouveau code d’investissement, les garanties pour les IDE et enfin le recours à l’arbitrage dans le code des investissements.
- Le tourisme, l’art, la culture
Les points forts du Burkina Faso dans ces trois domaines sont : le FESPACO, les SOTIGUI Awards, le SIAO et tant d’autres rencontres et fora.
- Le soft-power du Burkina Faso
Le pays jouit d’une tradition de tolérance avec le vivre ensemble multiséculaire et la cohésion sociale légendaire. Le Burkina Faso a toujours été une terre d’entente et de cohabitation de toutes les soixante communautés ethniques à travers les mécanismes endogènes de maintien de la paix notamment l’alliance et la parenté à plaisanterie(5),. Les quelques défis que traverse le pays n’entame en rien cette constante.
Le positionnement diplomatique du Burkina Faso sur la façade atlantique Nord de l’Afrique :
Les atouts explicités ci-dessus et tant d’autres dont regorge le Burkina Faso, les prédisposent à se positionner en tant que partenaire incontournable sur l’autoroute mythique transafricaine Tanger-Lagos, qui s’est vue revigorée par l’adoption du tracé du Pipeline et de l’ouverture du Consulat général à Dakhla (Maroc), au même titre que les USA, ce qui permet au Burkina Faso de s’ouvrir sur la façade maritime de l’Atlantique, et partant de bénéficier de toutes les opportunités offertes par la région Dakhla-Oued Eddahab, en termes économiques, d’investissement, de formation professionnelle(6), sans occulter le potentiel que représente le nouveau port maritime en cours finalisation dans la ville de Dakhla (infrastructures de connectivité, mise en place d’un parc d’activités industrielles halieutiques, développement d’une nouvelle zone industrielle et logistique, station de dessalement de l’eau de mer, STEP, alimentation en électricité, etc.).
La récente ouverture d’un Consulat général du Burkina Faso dans la ville de Dakhla le place en position privilégiée pour gérer les flux des burkinabè et de leurs biens dans les deux sens Afrique de l’Ouest / Afrique du Nord, et au-delà vers l’Europe via le détroit de Gibraltar. Le Burkina Faso étant le premier Etat sahélien à disposer d’un Consulat Général à Dakhla et devrait être fier de la réalisation de cette percée diplomatique(7),.
Le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Burkina Faso, Alpha Barry a affirmé que l’ouverture du Consulat Général du Burkina Faso à Dakhla vient consolider une relation « déjà très forte » sur le plan économique, comme en témoigne la présence marocaine au Burkina Faso, dans plusieurs domaines tels que les télécommunications, l’industrie, le commerce, les banques et les assurances.
« Nous avons beaucoup de perspectives suite à l’ouverture de cette représentation consulaire à Dakhla, qui va permettre de renforcer davantage les relations économiques et consolider les relations humaines qui existent déjà entre le Maroc et le Burkina Faso », a tenu à préciser le chef de la diplomatie Burkinabè.
Pour sa part, Mr. Bourita Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Africaine du Royaume du Maroc a précisé que
« L’ouverture d’un consulat général du Burkina Faso à Dakhla est en conformité avec sa position de soutien à la marocanité du Sahara, toujours exprimée dans les fora et forums régionaux et internationaux. Cette décision renferme plusieurs significations juridique, politique et diplomatique, en ce qui concerne le renforcement de la dynamique de soutien à la marocanité du Sahara et le renouvellement du soutien absolu des revendications légitimes du Royaume sur cette partie de son territoire », a souligné M. Bourita lors d’un point de presse conjoint avec son homologue burkinabè, M. Alpha Barry, tenu à l’issue de la cérémonie d’inauguration du consulat général du Burkina Faso à Dakhla.
Il a aussi mis en exergue la solidité des relations bilatérales et les concertations politiques permanentes entre les deux pays sur plusieurs questions régionales et internationales, avec le soutien fort de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Excellence le Président du Burkina Faso, Roch Marc Christian KABORE.
BOURITA a aussi signalé que l’inauguration de cette représentation consulaire contribuera également au renforcement de la coopération économique entre les deux pays, en cohérence avec la place de choix que le Maroc accorde à la ville de Dakhla en tant que locomotive économique étant donné qu’elle constitue un véritable trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine.
Dans ce contexte, il a mis en exergue l’importance de la présence économique marocaine à Burkina Faso et son rôle dans l’accompagnement des programmes de développement dans ce pays, précisant qu’environ 10 % des investissements extérieurs du Royaume dans le continent africain sont concentrés au Burkina Faso, à travers une forte présence des banques et des sociétés marocaines œuvrant dans les domaines des télécommunications, des assurances et de construction.
BOURITA a dans ce sens considéré que l’ouverture d’une représentation consulaire à Dakhla permet également de revigorer les relations bilatérales en matière de formation, rappelant que le Maroc a assuré, des années durant, la formation de centaines d’experts et étudiants burkinabé, avec l’octroi chaque année de 150 bourses de formation dans les instituts du Royaume.
A cette occasion, il a été convenu d’octroyer 30 bourses supplémentaires au profit du Burkina Faso dans les instituts de formation à Dakhla dans des domaines variés tels que le tourisme, l’artisanat, la santé, la gestion, le commerce. De même, l’accent a été mis sur la coopération permanente entre le Maroc et le Burkina Faso dans les domaines sécuritaire et militaire, mettant en exergue le soutien constant du Royaume du Maroc au Burkina Faso en matière de lutte contre le terrorisme.
La reconnaissance américaine pleine et entière de la marocanité des Provinces sahariennes s’inscrit dans le sillage d’une conscience internationale :
La reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis marque un tournant historique dans le différend régional sur le Sahara marocain. Dans l’histoire de la région. Cette décision des Etats-Unis d’Amérique constitue l’aboutissement d’un travail de longue haleine et s’inscrit dans le prolongement de l’appui des Etats-Unis à l’Initiative Marocaine d’Autonomie en tant que solution réaliste, crédible, et sérieuse à la question du Sahara marocain (8).
Il s’agit d’une décision d’autant plus importante qu’elle émane d’une grande puissance dotée d’un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui en fait un garant de l’ordre mondial basé sur le droit international.
La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara vient s’ajouter aux efforts importants consentis par les Etats-Unis, en leur qualité de porte-plume de toutes les résolutions du Conseil de Sécurité sur la Question du Sahara marocain, pour parvenir à une solution politique définitive à ce différend régional.
Cette décision juridique est conforme aux arrangements institutionnels propres au Gouvernement américain. Prenant effet immédiatement, elle s’articule autour de quatre axes principaux :
- La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur l’entière région du Sahara ;
- L’appui à l’Initiative marocaine d’Autonomie comme seule et unique solution pour parvenir à une solution juste et durable à la Question du Sahara marocain ;
- L’ouverture d’un Consulat général à Dakhla ;
- La promotion des investissements dans la région du Sahara marocain.
Conformément à la pratique établie, les Etats-Unis ont communiqué au Secrétaire général de l’ONU et à ses Etats membres leur décision.
A l’occasion de cette reconnaissance, les américains n’ont pas manqué de rappeler les liens historiques qui existent entre les deux Etats depuis 1777, date de reconnaissance de la souveraineté des Etats-Unis d’Amériques eux-mêmes par le Maroc, en tant 1er pays à prendre cette décision.
Signature de l’Accord entre le Maroc et le Burkina Faso sur la suppression des visas sur les passeports ordinaires :
La signature de ce document juridique est une opportunité supplémentaire pour le renforcement des liens et des alliances, ainsi que pour les rencontres d’affaires, dans l’esprit d’une coopération Sud-Sud agissante et mutuellement bénéfique, basée sur un partenariat gagnant-gagnant.
Les deux Parties se sont félicitées de la signature d’un accord entre le gouvernement de son pays et le Royaume du Maroc, portant sur la suppression de visa, en faveur des ressortissants des deux pays titulaires de passeports ordinaires.
Pour le Ministre Alpha BARRY, le Maroc est une destination privilégiée pour les Burkinabè souhaitant mener des affaires, recevoir les soins médicaux compte tenu de la technologie avancée du Royaume en la matière, à même de fluidifier le flux de la circulation entre les deux pays », a-t-il poursuivi.
Conclusion
La nécessité de l’histoire pour une intégration régionale accrue : des échanges transsahariens au commerce moderne
Les échanges ont toujours existé depuis la nuit des temps entre le Royaume Chérifien et l’Afrique de l’Ouest et au-delà. Les Etats modernes de la sous-région dans la période post-indépendances n’ont fait que formaliser et institutionnaliser ces relations humaines et commerciales dans l’esprit d’une coopération Sud-Sud agissante et mutuellement bénéfique, basée sur un partenariat gagnant-gagnant.
Il faut dire que les relations entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest remontent dans l’histoire des échanges commerciaux, religieux et humains qui se sont tissés au fil de l’histoire depuis le 8e et 9e siècle. Nous avons un ancrage du Maroc en Afrique de l’Ouest à travers la route du sel et des épices ainsi que les confréries Tidjana à Fès, témoins de contacts commerciaux et religieux riches entre le Maroc et l’Afrique Occidentale.
Dans ce berceau de l’humanité qu’est l’Afrique, les relations humaines qui se sont forgées au-delà des frontières géopolitiques ont ainsi donné naissance à une histoire commune, inégalement partagée mais –heureusement- de plus en plus connue grâce aux nombreux travaux scientifiques de ces dernières décennies. Reliés par de multiples pistes caravanières, les lieux de mémoire de cette histoire, toujours actifs voire en expansion pour certains, disparus ou menacés pour d’autres, témoignent de cette histoire, de ses accomplissements et de ses tourments. Djenné, Ghana, Awdaghost, Gao, Agadès, Touat, Tamedoult, Noul, Ghadames, Zawila, Marrakech, Sijilmassa, Sabta, autant de carrefours, d’escales et de relais entre le bassin méditerranéen et Blad Es Soudan, sillonnés durant des siècles par d’entreprenants négociants musulmans et juifs de Fès ou de Marrakech. Mogador/Essaouira fonctionne alors comme le port de Toumbouctou, dont les zaouias et les bibliothèques, témoignent de cette mémoire et de son intense dimension spirituelle. De même, les relations des Haoussa au Nigeria (Les émirs de Kano, Kaduna et de Sokoto et autres dignitaires religieux) avec les dynasties chérifiennes qui se sont succédées dans le fil de l’histoire écrite à l’encre indélébile ne sont plus à démonter. Les processions majestueuses des Emis et leurs suites à dos de cheval pur-sang et les habits traditionnels en sont symboles illustrant cette parfaite symbiose.
Je renouvelle mon propos qui invite les Marocains et les africains subsahariens en particulier et les Maghrébins en général à se tourner l’un vers l’autre (sud vers le nord, vice versa) car c’est là que se situe l’avenir de notre continent.
Cette continuité des échanges dans l’histoire permettra de nourrir les grands projets routiers panafricains notamment l’autoroute transafricaine Tanger-Lagos revigorée : le Burkina Faso se positionne dès lors comme un carrefour incontournable sur ces routes pour la libre circulation civile et commerciale de toute l’Afrique de l’Ouest, une place qu’il appartient aux Burkinabè de conforter et de consolider pour être en parfaire synergie des développements prometteurs qui s’annoncent avec le lancement effectif début 2021 de la Zone de Libre Echanges Continentale (ZLECAf).
Le Burkina Faso et le Maroc, deux partenaires de choix, en joignant leurs efforts et en capitalisant sur les acquis déjà engrangés au niveau de leur partenariat multidimensionnel, peuvent être la locomotive d’un co-développement fondé sur la coopération intra‑africaine et la complémentarité économique, sur la solidarité active et la mutualisation des moyens et des efforts, en travaillant sur la base du développement du commerce intra-africain, à favoriser l’emploi de la main d’œuvre africaine, à industrialiser l’Afrique, et à assurer une montée dans les chaines de valeurs mondiales du “made in Africa”.
Références :
1https://www.yabiladi.com/articles/details/49827/janvier-1961-conference-casablanca-prelude.html
2 https://www.monde-diplomatique.fr/1962/06/BALAFREJ/24768; Ahmed Balafrej
Représentant personnel de S.M. le roi Hassan II et ministre des affaires étrangères du Maroc
3BOUZIDI Mohammed, « Le Maroc et l’Afrique Sub-saharienne », in Le Maghreb et l’Afrique Sub-saharienne, pp.88-111
5 SISSAO Alain Joseph, Alliances et parentés à plaisanterie au Burkina Faso, mécanisme de fonctionnement et avenir, Sankofa et Gurli, Ouagadougou, 2002, 186p.
6 Le 18 décembre 2020, lancement de la formation à l’Institut Spécialisé de l’Hôtellerie et du Tourisme de Dakhla. Cet institut est ouvert aux stagiaires africains, dont les pays souhaitent bénéficier de cette plateforme de formation et de renforcement de compétentes. https://www.ecoactu.ma/dakhla-institut-hotellerie-tourisme/
Le dispositif de formation de l’OFPPT dans les 3 Régions du Sud offre actuellement plus de 18 000 places pédagogiques à travers 15 établissements de formation professionnelle couvrant 16 secteurs d’activités. Cette offre de formation est ouverte sur 04 niveaux de formation (Technicien Spécialisé, Technicien, Qualification et Spécialisation), en plus du Bac Pro, du Parcours Collégial et de la Formation Qualifiante. Il conviendrait de mentionner également que l’ouverture de la Cité des Métiers et des Compétences de la région Dakhla-Oued Eddahab permettra d’élargir et de diversifier l’offre de formation de l’OFPPT dans les Régions du Sud à plus de 19 000 places pédagogiques.
7http://www.equipement.gov.ma/ports/Grands-Projets/Pages/Nouveau-port-de-Dakhla-Atlantique.aspx
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Texte plus politique que scientifique. L’auteur verse dans l’apologie balayant de ce fait la critique et l’analyse qui sont les fondements de la démarche scientifique.