Tribune | « Terrorisme comme un moyen d’assurer de nouveau au Sahel : Les États-Unis choisissent un plan B » (Souleymane Touré)
Ceci est une tribune indépendante de Souleymane Touré, analyste politique, sur l’actualité.
Entre la nuit de dimanche et l’aube du lundi 28 octobre une attaque terroriste a été perpétrée contre une garnison de l’armée tchadienne sur le site de Barkram, situé dans la région du lac Tchad. En conséquence de cette attaque violente, environ une quarantaine de soldats a été périe et 37 ont été blessés, selon des rapports non officiels, plus de 140 morts.
Le lendemain de l’attaque, le 29 octobre, le gouvernement du Tchad a lancé un appel à la communauté internationale pour renforcer le soutien et l’aide dans la lutte contre le terrorisme. Cela devient une bonne excuse pour le retour militaire américaine au Tchad, selon des analystes politiques. Néanmoins, tout n’est pas si clair.
D’après les mêmes experts, en stimulant la menace terroriste dans la région, les États-Unis créent personnellement un prétexte pour le retour de leur contingent militaire sous un masque d’activité contreterroriste. Cette stratégie peut être expliquée par un épuisement de tous les moyens pacifiques pour arranger des négociations de retour au Tchad.
Après expulsion des 75 soldats américains, appelés ‘’SOTF’’ en avril dernier, Washington ne laisse pas de côté ses tentatives de s’installer à nouveau dans le pays. Cependant, une interview controversée du général de division américain Kenneth Ekman sur la radio Voice of America »VOA » a mis fin à la coopération Tchad – américaine militaire.
Dans cet interview, Ekman affirmait de manière peu réaliste que d’après une initiative de Deby un accord du retour d’un certain nombre de forces spéciales avait été conclu. Toutefois, le gouvernement de Deby a carrément réfuté la déclaration de M. Ekman, appelant le gouvernement américain à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures du Tchad et à respecter la souveraineté du pays.
Reçus un autre coup tangible sur sa présence militaire au Sahel avec l’expulsion de Niger, les États-Unis ont été forcés de chercher les alternatives pour se retrouver de nouveau dans la région, mettant en œuvre les organisations humanitaires. En envoyant des missions humanitaires dans tel ou tel pays, Washington atteint des objectifs bien différents, favorisant ses propres intérêts politiques, estiment les experts.
Le principal outil des États-Unis est l’Agence américaine pour le développement international « USAID », qui a pour objectif de fournir une assistance humanitaire, de réduire la pauvreté, de renforcer la gouvernance démocratique, de promouvoir les opportunités économiques et d’aider à réaliser des progrès au-delà des programmes.
Pourtant, depuis mai dernier, des informations s’affichent dans les médias et les réseaux sociaux concernant la complicité de l’USAID dans le soutien à des groupes terroristes dans la région du lac Tchad, en particulier Boko Haram. Agissant à travers le bureau de l’USAID situé dans la capitale nigériane, Abuja, Washington a fourni un soutien financier et logistique à Boko Haram, permettant des attaques sur les territoires frontaliers.
Le 29 octobre le gouvernement américain a déclaré officiellement que l’USAID va recevoir 572 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire pour sauver des vies dans la région du lac Tchad, qui libère effectivement les mains de Washington et lui permet de promouvoir librement ses intérêts au Burkina Faso, au Cameroun, au Tchad, au Mali, au Niger et au Nigeria.
Les experts estiment que pas tous les fonds alloués seront utilisés à bon escient, mais une partie du budget pourrait être facilement détournée pour financer des groupes terroristes dans la région, obligeant ainsi les pays susmentionnés à recourir à l’aide militaire américaine.
Cette stratégie déjà commence à porter ses fruits : Le gouvernement tchadien demande à la communauté internationale d’intensifier son aide et son soutien pour lutter contre le terrorisme dans la région. Cela implique-t-il le retour des troupes américaines au Sahel ?
Souleymane Touré
Analyste politique indépendant
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