Conférence de presse du parquet : Qui sont les complices de Guiro ?

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Le palais de Justice à Ouagadougou. Ph. le Faso.net

L’affaire Guiro. Une affaire rocambolesque qui, depuis sa révélation, ne laisse pas les oreilles des burkinabé tranquilles. Les versions et chuchotements liés ne finissent pas d’écumer les gargotes et Dieu sait qu’il y en a des célèbres comme des plus invraisemblables. Les «vraies» informations relatives à toute la procédure de mise en arrêt du «chef douanier» ont été par contre fournies ce matin par Madame le Procureur général, Honorine Méda, accompagnée du Procureur du Faso près du TGI, Placide Nikiema.

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Les faits

Nous avions envie d’économiser la publication intégrale ou partielle de la déclaration liminaire prononcée par le Procureur général, mais la justesse des mots nous l’impose finalement :

« …  Que s’est-il passé ?

Le 31 décembre 2011 vers 14 heures, (et non le 30 décembre et pas avant) j’ai été informée par le Procureur du Faso que la brigade de gendarmerie de Boulmiougou avait interpellé un jeune du quartier Pissy du Nom de Sana Abdoul Wahabo qui, avec d’autres, effectuaient des dépenses faramineuses dans les maquis ; ces jeunes faisaient l’objet de chantage d’autres personnes et selon les informations en leur possession, leur domicile allait être attaqué afin de piller les fonds.

Sana Abdoul Wahabo expliquera alors à la gendarmerie que l’argent provenait de cantines entreposées dans la maison de son frère aîné Sana Tidiane.

La perquisition du domicile de Sana Tidiane permettait de saisir quatre (04) cantines et un coffre-fort.

Deux cantines contenaient des billets de banques d’un montant de 1.906.190.604 francs CFA.

Interrogé, Sana Tidiane finira par avouer que l’argent appartenait à son oncle Ousmane Guiro.

C’est dans ces conditions que l’Ex Directeur Général de la Douane sera à son tour interpellé et il reconnaitra sans détours être propriétaire des fonds.

L’enquête préliminaire permettra également d’interpeller Zongo Eric, un ami de Sana Abdoul Wahabo, qui bénéficiait de leurs largesses.

Après la garde à vue, ils ont été déférés devant le Procureur du Faso le 04 Janvier 2012.

Le 05 Janvier 2012, par réquisitoire introductif, le Procureur du Faso saisissait le juge d’instruction de présomptions graves :

. de corruption, blanchiment de capitaux, enrichissement illicite, détention illégale d’armes à feu et de munitions contre Ousmane Guiro ;

. de recel, blanchiment de capitaux contre Sana Tidiani ;

. de vol contre Sana Abdoul Wahabo et Sana Boubacar ;

. de recel contre Zongo Eric.

Il requerrait mandat de dépôt contre Ousmane Guiro, Sana Tidiani, Sana Abdoul Wahabo et Zongo Eric et mandat d’arrêt contre Sana Boubacar en fuite.

Le juge d’instruction à ce jour les a tous inculpés et a décerné contre eux, mandat de dépôt. (…) »

Après avoir écouté attentivement cette partie de la déclaration du procureur, les journalistes sont restés sur leur soif. Il ne tarda pas de pleuvoir des cordes de questions sur nos interlocuteurs du jour.

En 2007, Guiro avait été inculpé pour une affaire de fausses exonérations, puis libéré (sous influence d’autorités du pays) après qu’un juge d’instruction ait décerné en son encontre un mandat de dépôt. La procédure actuelle enclenchée contre lui ne donne-t-il pas raison à ce dernier juge d’instruction 5 ans après les faits ?

Le Procureur général ne sourcille pas face à l’interrogation. Pour elle, il est bien clair que «rien ne donne raison à personne» puisque le dossier judiciaire sur les fausses factures n’est pas clos et est toujours en cours. Pour madame Méda, « Guiro Ousmane a été et est inculpé dans le cadre de cette affaire ». Affaire donc à suivre.

Profitera-t-on de cette affaire pour faire le ménage autour de ce qui se passe dans le milieu douanier ? Une loi contre le délit d’apparence ne doit-elle pas être votée afin d’éviter de pareilles situations dans le futur ?  

A la première question, le couple Placide-Honorine rétorque que le Premier ministre Luc Adolphe Tiao avait été clair à ce sujet : « Personne ne fera obstruction à ce que l’enquête suive son cours.». Pour eux donc, toutes les personnes qui seront en relation avec cette affaire, seront poursuivies s’il s’avère que l’argent retrouvé est d’origine frauduleuse.

Faire le ménage ? Non ! s’est exclamée Madame Méda, qui estime que « la justice ne peut pas fouiller les domiciles de chacun pour retrouver de l’argent ». Pour la magistrate, il faut un motif déclencheur avant toute procédure judiciaire. Relativement à une loi sur le délit d’apparence, Madame Méda s’est voulu logique : « s’il y a une loi sur le délit d’apparence, pourquoi il n’y en aurait pas sur le délit de non apparence ? » a-t-elle avancé avant de dire que certaines personnes pourraient avoir beaucoup d’argent et faire comme si elles n’en avaient pas. La juge argue qu’une telle loi peut nous ramener à une « certaine époque » où s’installaient des psychoses, la méfiance de l’autre, des accusations infondées contre autrui,… Mais elle rassure qu’une telle loi pourrait naitre si son champs d’application est circonscrit.

Où se trouve l’argent ? Y avait-il des devises étrangères ? Les journalistes et l’Opinion nationale peuvent-ils  apercevoir les cantines ?

Le Procureur du Faso rassure qu’il y avait des devises étrangères : 77 milles Euros, 34 milles dollars US et le reste en CFA. Par ailleurs, le coffre fort retrouvé appartiendrait à Sana Tidiani. Ce dernier aurait déclaré que l’argent qui y était lui appartenait et qu’il s’en servait pour ses voyages d’affaires. Il y avait des devises d’Arabie Saoudite, de Chine, d’Indonésie, … La totalité des sommes se trouverait entre les mains du Trésor public.

Quelles sont les peines encourues ? Pourquoi a-t-on parlé de détention d’armes ? Quels types d’armes avait en possession monsieur Guiro ? Quelle est la source des sommes retrouvées ? Les procureurs confirment-ils que 800 autres millions ont été retrouvés au domicile de l’Ex DG ?

Guiro, ses neveux et leur acolyte Eric Zongo encourent, selon le Procureur général, des peines de 10 à 20 ans d’emprisonnement ferme pour des délits et crimes. Concernant les armes retrouvées, les procureurs ont noté qu’il s’agissait de deux armes de service, une arme de poing 5 mm, une arme de poing 7,65 mm et un fusil de guerre qui date de la guerre de Noël. Le délit de détention illégale d’armes à feu concerne la possession des trois dernières. Pour Madame Méda, l’enquête est à ses débuts, et l’acte de justice n’étant pas un acte chirurgical, tout ne peut pas se dévoiler de manière soudaine. Il faut selon elle laisser le temps aux enquêteurs et au juge d’instruction de poursuivre leurs enquêtes avant un certain nombre de révélations. Pas question donc de polémiquer sur les différentes sources de l’argent.

Les procureurs sont unanimes : il n’est ressorti nulle part qu’au cours de la perquisition au domicile de Ousmane Guiro il ait été question de 800 millions retrouvés. «Sauf s’il y a eu des enquêtes parallèles », ironisent-ils.

Quels types d’objets précieux a-t-on retrouvés dans les cantines ? Y avait-il des noms de complices comme le susurrent- certaines personnes ?

Le Procureur du Faso y va franco : «il s’agit de bijoux de femmes qui se trouvaient dans un petit sac». Pas plus. Les deux intervenants ne nous diront pas si nous avons affaire à de l’or ou à du diamant. On en restera là.

De l’éventualité qu’il y ait une liste dans les cantines de Guiro, Honorine Méda reste vague : « On ne peut pas vous dire s’il y’avait ou pas une liste. Ce qui est sûr, nous vous tiendrons régulièrement informés des évolutions de cette affaire » a-t-elle précisé en substance. Peut-on considéeré dès lors qu’il y avait bel et bien une ou des listes de complices de Guiro dans les cantines ? Attendons de voir.

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2 commentaires

  1. Pendant que des gens meurent de faim, d’autre se foute du peuple..esp?rons selma qu monsieur guiro ne fera pas 2 mois en prison, au lieu des 20 an qu’il m?rite

  2. Nous assistons a une s?rie t?l?vis?e me semble-t-il.
    Quel serait le titre de cet ?pisode?
    Si la Justice pouvait toujours faire son travail sans pression?
    Si Les Pr?sum?s coupables arrivaient ? d?montrer leur innoncence?
    Si Force revenait r?ellement ? la loi?

    HA! LE BURKINA

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