Diaspora: À la rencontre de Mme Sylvie Guiguemdé, Promotrice de Miss Burkina-Canada.
Miss Burkina Canada est un concours de beauté organisé annuellement par Mme Guiguemdé et son agence événementielle, Fleur d’Orchidée. Créé en 2011, Miss Burkina Canada a pour mission d’être un événement rassembleur, culturel, éducatif et humanitaire à la fois, afin de promouvoir l’art, la beauté et la culture du Burkina Faso. En plus d’être une fenêtre pour les entrepreneurs burkinabés, Miss Burkina Canada soutient plusieurs projets comme le soutien aux orphelins, aux handicapés visuels et aux jeunes filles-mères.
La fondatrice et l’organisatrice de cet événement à bien voulu nous accorder une entrevue autour de cette initiative, grandiose et ambitieuse. Nous l’avons rencontrée à son domicile à Ouagadougou, en pleine préparation de la 2ième édition de Miss Burkina Canada. Voici notre entretien :
Judith Langevin (JL): Pour nos lecteurs, est-ce que vous pourriez décrire le concept de Miss Burkina Canada?
Mme Sylvie Guiguemdé (SG): Le concept de Miss Burkina Canada a été créé pour remplir un besoin, le besoin de rassembler la communauté burkinabé au Canada et à travers cela, on voulait trouver une ambassadrice pour représenter la culture et la beauté du Burkina à l’extérieur. On a contacté les associations burkinabés, déjà établies, qui avaient déjà le contact des Burkinabés sur place. L’édition de l’année dernière c’était à Montréal et on essaie de voir si la prochaine pourrait être à Québec, à Ottawa ou dans une autre ville du Canada, parce que c’est Miss Burkina Canada. De sorte que les autres villes aient de la visibilité.
Le seul problème c’est la faisabilité, est-ce qu’il y aura assez d’infrastructures, car nous sommes basés à Montréal et il faut attendre de voir si les gens seront disposés à se déplacer vers, par exemple, Sherbrooke ou Québec. Tout cela est discutable. Pour le moment, on a fait la 1ère édition à Montréal et on verra pour la 2ième édition. Mais tout peut changer.
JL : Pourquoi avez-vous pensé à organiser Miss Burkina Canada?
SG : Parce que je suis dans l’événementiel et moi, mon travail c’est d’organiser. On a organisé, le 50naire du Mali, la journée du Niger et on s’est dit : pourquoi pas nous? Ça commence par nous-mêmes et surtout qu’il n’y a pas beaucoup d’événements pour les Burkinabés, à Montréal. Il y en a beaucoup pour les autres communautés : les Ivoiriens, les Sénégalais, les Haïtiens. Les Burkinabés, il n’y a jamais rien. On n’entend pas parler des Burkinabés, ni en bien, ni en mal. Donc on s’est dit : cette fois-ci, on va faire quelque chose. Et ça été très bien perçu.
JL : Donc, par rapport à la réaction du public burkinabé au Canada. Comment vous l’appréciez-vous?
SG : Au début, c’était assez mitigé. Les Burkinabés étaient méfiants, ils ne savaient pas ce que c’était, ils ne connaissaient pas Fleur d’Orchidée. Ils ne savaient pas ce que ça allait donner et donc, au début c’était difficile et les gens étaient très réticents. À un moment donné, on a eu un plan de communication qui nous a permis d’aller vers les gens et de leur expliquer ce que c’était. On a eu un site internet et une page Facebook et là, il y a eu un « buzz » autour de l’événement, dans toutes les communautés, chez les Camerounais et les Burkinabés se sont dit : « Ah, on ne va pas rater cela, on va aller voir cela ». Ils vont peut-être se casser la figure, on va aller voir. Et heureusement, ça été un succès, ils étaient très fiers et quand on a chanté l’Hymne national, les gens étaient émus et ils ont eu la chair de poule.
LG : Et si on parlait de la réaction ici, au pays?
SG : Lorsque je suis arrivée en octobre 2011 pour faire la promotion de l’événement, je suis passée à la télé, dans les journaux pour en parler, à la radio. Donc les gens savaient qu’il y avait quelque chose qui se passait. Et quand on a parlé de l’événement sur Burkina 24, c’était une première et les gens ont relayé l’information. Et ça, ça fait son chemin. En plus moi j’étais venue en personne, et cela a aidé beaucoup. Ceux qui avaient eu l’information étaient contents qu’au Canada, à l’extérieur, on réalise quelque chose de grandiose, et de très ambitieux.
D’abord, faut trouver les candidates, ensuite, les formées, il faut produire le spectacle ça a bien tournée et puis, on prépare déjà la 2ième édition, d’où la raison de mon séjour ici.
Estelle Obeo-Coulibaly (EOC) : Depuis plusieurs années, on assiste à l’émergence de plusieurs concours de beauté à Montréal tels que Miss Cameroun par exemple. Comment Miss Burkina Canada se positionne –t-il par rapport à ces « compétiteurs » si je peux m’exprimer ainsi?
SG : Je ne pense pas que ce soit des compétiteurs, parce que Miss Cameroun se sont seulement les Camerounais qui peuvent participer et non les Burkinabés. Par contre, avec Miss Afrique, on recherche les candidates de toute l’Afrique.
Avec Miss Burkina, on donne la chance à la Miss de se présenter à d’autres concours africains. Par exemple, à Miss Afrique Montréal. Elle peut se présenter sans avoir à faire la sélection, étant donné qu’elle est déjà Miss. Mais il faudra voir avec le comité d’organisation.
EOC : On voit que ce n’est pas juste un concours de beauté, il y a aussi la volonté de présenter le Burkina, sa richesse, sa culture. Quelle est la réception des opérateurs économiques qu’ils soient montréalais, québécois, canadiens, est-ce qu’ils sont plus ouverts suite à l’événement de Miss Burkina Canada?
SG : Je dirais qu’on a eu lors de cet événement une exposition d’objets d’art et de produits du Burkina Faso. Nous avons récupérer leurs marchandises qu’on a exposé. Il y avait beaucoup d’entrepreneurs burkinabés à Montréal qui ont pu exposer leurs produits.
Ainsi, pour la prochaine édition, on voudrait vraiment faire venir des entrepreneurs burkinabés au Canada. Ça c’est pour le volet économique. Après cet événement, on avait beaucoup de messages de félicitations, des gens qui n’avait jamais entendu parler du Burkina Faso. Nous avons de cela pour leur expliquer les potentialités de ce pays. Nous comptons faire le suivi avec l’ambassade du Burkina. Il ya eu des changements récemment et aussi comme vous le savez, il y a beaucoup de mines qui s’installent au Burkina Faso. Dans ce contexte, notre évènement été aussi une fenêtre pour montrer le potentiel du pays.
EOC : On va continuer sur le sujet d’entreprenariat. Vous nous avez dit que vous étiez dans l’événementiel, d’ailleurs vous avez créé votre agence : Fleur d’orchidée. Est-ce que vous pouvez nous en parler et nous expliquer ce qui vous a poussé à créer votre entreprise?
SG : Fleur d’orchidée est une agence événementielle ouverte à toutes les communautés, pas seulement burkinabé. On fait des mariages, baptêmes et tout ce qui a trait à un événement heureux ou malheureux et aussi du côté corporatif : les galas, conférences, les séminaires. Nous touchons à tous les aspects de l’événementiel : à partir du choix de la salle, le service traiteur, la décoration et l’animation. Nous sommes une agence qui touche à tous les volets. Par exemple, nous avons fait des bar mitzva, des mariages haïtiens également. C’est vraiment ouvert à tous. On a aussi accompagnée une ONG pour faire une levée de fonds pour un village au Burkina Faso.
C’est une jeune entreprise, mais qui a déjà des succès à son actif et qui a réalisé plusieurs projets.
EOC : Vous êtes un produit de la diaspora. Née à Genève, vous avez beaucoup voyagé à travers le monde. Quel est votre avis sur la diaspora africaine? Depuis quelques années, on nous répète que la diaspora africaine constitue une richesse et qu’elle devrait prendre sa place, se positionner pour le développement de l’Afrique. Qu’en pensez-vous ?
SG : C’est tout à fait vrai. Quand on est à l’extérieur, on se sent tellement inquiété de ne pas pouvoir s’impliquer directement au développement de son pays et on essaie de trouver des façons pour pouvoir donner notre part, bien qu’on ne soit pas dans le pays. C’est ailleurs ce que voudrait traduire Miss Burkina Canada. Et quand nous faisons des événements comme cela, on se rend compte qu’on aime son pays. Quand les gens sont ici (au Burkina), ils veulent partir. Mais quand tu pars, tu veux revenir.
EOC : Lorsqu’on considère la place de l’africain-canadien dans la communauté d’adoption, trop souvent on nous dit que l’on ne prend pas notre place et qu’on tarde à se faire entendre. Que pensez-vous de cette affirmation? Est-ce vrai que nous ne prenons pas assez notre place?
SG : Pour prendre sa place, il faut faire des actes concrets. Ce que j’ai remarqué c’est que les Burkinabés sont très disparates. On n’arrive pas à s’unir, comme les chinois, par exemple qui ont leur quartier chinois. Ils ne parlent même pas le français; ils parlent chinois et ils arrivent à travailler correctement. Regardez les haïtiens. Ils ont leur marché haïtien, pleins de choses, ils s’entraident.
Nous les Burkinabés, c’est un problème et je ne sais pas pourquoi.
Les Camerounais, ils sont nombreux, mais ils ont une communauté, ils font des choses ensemble. Il faut juste inspirer les gens pour les conscientiser et faire avancer les choses.
On n’a pas encore pris notre place, il y a beaucoup de choses encore à faire et cela commence par nous-mêmes. C’est une question de volonté entre nous. Si on ne s’aide pas, on ne peut pas aider les autres.
On est obligé d’acheter nos produits chez les Ghanéens et on va toujours chez les autres.
Les gens s’enrichissent sur notre dos. Le beurre de karité par exemple, c’est une fortune. Je ne comprends pas qu’il y ait des gens de l’extérieur qui viennent et s’approprient le beurre de karité. Alors que pour nous, ça peut créer de l’emploi, c’est un élément vraiment « basique » et ce n’est pas aujourd’hui que le Burkina fait du beurre de karité. Il y a beaucoup de projets et de plus en plus, il y a des cliniques qui ont besoin de beurre de karité à l’état brut.
EOC : La dernière question porte sur l’entreprenariat pour une femme africaine au Canada. Est-ce facile? Est-ce difficile? Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui aimeraient se lancer dans les affaires?
SG : Ce n’est pas facile. Il faut vouloir, il faut aimer, il faut être persévérant. Être entrepreneur fille ou garçon, ça prend du temps, de la passion et de la persévérance. Ce sont les trois éléments fondamentaux et évidemment, il faut avoir du financement. Il ne faut pas se décourager, car dans la vie tout est difficile maintenant. Il faut devoir travailler de longues heures surtout les premières années. C’est très difficile. Cela ne vient pas du jour au lendemain. Il faut investir son temps, ses biens personnels et de sa vie. Mais au bout de la ligne, tout le monde rêve d’être son propre patron, il y a une flexibilité.
EOC : Comme mot de la fin, qu’est-ce que vous aimeriez dire à nos lecteurs du Burkina, du Canada et d’ailleurs?
SG : De nous soutenir. On aimerait bien avoir leur support, leurs suggestions, car on ne sait pas tout et on a besoin des lecteurs pour nous aider à nous améliorer et à participer au développement du pays, même en étant à l’extérieur, au Canada par exemple. D’ailleurs, pour ce qui est de Miss Burkina Canada, il y a des gens qui veulent aussi faire une version aux États-Unis. Cela prouve que d’autres sont inspirés et que cela inspire d’autres pays.
Entrevue réalisée par Judith Langevin et Estelle Obeo-Coulibaly
Pour regarder la vidéo de Miss Burkina Canada 2011, cliquez ici .
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Elle a dit vraie. Je suis de pere ou de mere burkinab?. Mais c estpas facile de s`approcher de mes freres et soeur. Je fais la fete avec es autre nationalit? ici aux Etats Unis. Meme a ew York, ils s’entendent pas les burkinab? et j’espere que l’appel de cette dame sera entendu. La phrase de la bonne dame qui me touche je cite : les Burkinab?s sont tr?s disparates; Je pense que cet ecrit devrait etre redistribu? dans la diaspora pour tous.
Je profite dire bon vent a ce m?dia qui a su vraiment s?pprocher de la diaspora.