Armées burkinabé et malienne, des sœurs siamoises ?
Sont-elles jumelles ? Même père et même mère ? Avec ce qui se passe au Mali et ce qui s’est passé au Burkina, on est tenté de le croire. Exercice de comparaison.
Les armées malienne et burkinabé ont quelques traits de ressemblance.
Mêmes faits
Au Mali, il y a quelques jours, une junte militaire, dirigée par un capitaine, tire en l’air et tue des civils, revendique plus de moyens et dénonce la corruption de ses chefs, renverse un président de la République et prend le pouvoir. En mars et avril 2011 au Burkina Faso, des militaires tirent en l’air et tuent des civils, revendiquent plus de moyens, dénonce la corruption de ses chefs, défient le pouvoir jusqu’à la présidence de la République. Troublante, la ressemblance des faits, à quelques exceptions près.
Mêmes problèmes
A la lecture de ces faits, on peut déduire que ces armées ont les mêmes problèmes, même si les contextes ne sont pas les mêmes. A Bamako comme à Ouagadougou, les militaires ont dénoncé ce qu’ils appellent la corruption de leurs chefs, qui s’engraissent et raflent tout le « gombo » au grand dam de la troupe. Ce qui expliquerait le fait que ce ne soient pas de hauts gradés qui sont actuellement à la tête du Mali, et que ce soient plutôt des soldats du rang qui se réclament détenteurs du pouvoir.
Il y a également que ces armées sont pauvres, que leurs éléments n’ont pas de salaires conséquents, ce qui expliquerait qu’ils bondissent comme des hyènes affamées sur les boutiques, commerces et autres lieux où se trouvent des biens pour saccager, piller et curer.
Enfin, les armées malienne et burkinabé ont ce problème qu’elles ne sont pas très comprises par leurs compatriotes. Au Burkina, au début, les Burkinabè criaient hurrah aux militaires, mais après, ils leur lançaient des tomates pourries et allongeaient la bouche quand ils voyaient leurs treillis. Au Mali, on se demande où les bidasses veulent en venir et qu’est-ce qu’ils veulent vraiment. En tout cas, ils ne sont pas nombreux, les Maliens, à danser le Wassoulou pour louer la bravoure de leurs militaires.
Et mêmes maladresses
Les armées burkinabè et malienne ont cela de commun qu’elles ont raté leur entrée en scène. Elles n’ont pas fait comme le chevalier qui saute sur le podium, épée au clair, pour sortir une jouvencelle des griffes d’un ogre.
Ainsi donc, on peut dire qu’au Mali, l’armée a manqué d’opportunités en prenant le pouvoir. Au Burkina Faso, l’armée s’est mal illustrée en menaçant la stabilité de l’Etat. Elles se rejoignent donc dans leurs maladresses.
Se ressembler dans l’excellence
Le mal est déjà consommé de chaque côté. L’armée malienne doit maintenant prouver au monde entier qu’elle avait raison de renverser un pouvoir démocratique dans un pays qui se trouve dans une situation catastrophique et qui a mal à son unité. Il ne s’agira plus de restaurer, mais de rétablir la démocratie qu’elle a elle-même trucidé, et rendre très vite le pouvoir aux civils. Il lui faudra dans le même temps (c’est la seule chose qui pourrait expliquer sa légitimité) rétablir l’unité du Mali en trouvant une réponse à la rébellion touarègue.
Au Burkina, l’armée doit faire sa mue (et elle l’a déjà commencée), panser ses plaies, regagner l’estime, la confiance et le respect des Burkinabè et ne plus rater sa sortie, si tant est que l’Afrique a encore de nombreux coups d’Etat à encaisser sur son long et douloureux chemin vers la démocratie.
La Rédaction
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article int?ressant , bien vue