An 1 du départ de Gbagbo : Quel bilan ?
Le 11 avril 2011, le président ivoirien Laurent Gbagbo quittait les cimes dorées du pouvoir par la plus désagréable et déshonorable des chutes. On avait applaudi et beaucoup ont cru ferme que l’heure du salut avait enfin sonné pour la Côte d’Ivoire. Un an après, qu’en est-il ?
Un an après le départ de Laurent Gbagbo, la première des certitudes est que la guerre est au moins terminée, enfin, pour ce qui est de ses manifestations les plus violentes et mortelles. C’est l’une des plus fortes raisons pour lesquelles de nombreuses personnes demandaient le départ de l’enfant terrible de Mama. Sur ce point, on a acquis que le staccato des armes s’est tu.
Diplomatie et économie en voie de guérison
Deuxième acquis, la Côte d’Ivoire n’a plus les yeux tournés et le cœur occupé à se demander quel président choisir parmi deux prétendants. Non plus, la préoccupation des balles de fusil sifflantes qui obligeaient certains, commerçants, citoyens, à rester terrés chez eux et d’autres, à fuir le pays. Tous les esprits sont maintenant tournés vers la réconciliation et la reconstruction du pays.
Un autre point positif est que la communauté internationale semble disposée à aider la Côte d’Ivoire à sortir de l’ornière dans laquelle l’a plongée plus d’une décennie d’instabilité et de violences. Les bourses se délient facilement et les dettes de l’Etat ivoirien sont effacées par ses créanciers européens avec une facilité et une rapidité déconcertantes. En moins d’un an, le régime Ouattara a réussi à faire oublier plusieurs milliards de F CFA de dettes publiques à la Banque mondiale et au FMI. Un bon point pour un président superman de l’économie.
Autre chose, corollaire des bonnes grâces qu’accordent la communauté internationale, c’est que la diplomatie a repris du poil de la bête. Alassane Dramane Ouattara est passé président de la CEDEAO et a déjà reçu un sommet extraordinaire que plus d’un observateur a jugé réussi pour un premier coup et après tant d’années passées loin des mondanités.
Mais des défis
Cependant, l’arbre de ces réussites après Gbagbo ne doit pas cacher les nombreux autres arbres qui forment la forêt des défis qui attendent toujours et de pied ferme, le régime Ouattara.
D’abord, la réconciliation ne s’opérera pas par un coup de baguette magique. Il reste beaucoup de zones d’ombre. Il reste toujours des exilés. Des geôles ivoiriennes cachent encore des prisonniers politiques. La justice avance comme un caméléon, ne prenant pour l’instant que la couleur des vaincus et tâtonnant toujours quant aux coupables du camp ADO. Ira-t-elle jusqu’au bout ? Et la justice internationale, notamment la Cour pénale internationale, aura-t-elle les coudées franches ? Des réponses affirmatives seraient nécessaires pour éviter à la Côte d’Ivoire une réconciliation de façade.
Insécurité et politique, zones de danger
Au niveau des militaires et du dépôt des armes, la situation n’est pas encore totalement claire. On note en Côte d’Ivoire une grande hausse d’attaques à mains armées de brigands et de coupeurs de route, qu’on présente souvent (à tort ou à raison ?) comme des membres des FRCI. L’insécurité est l’un des gigantesques démons que doit abattre le régime ADO.
Ensuite, sur le plan politique, il est vrai que c’est logique qu’en démocratie, la majorité élue occupe la majorité des institutions. Mais la présente configuration des institutions ivoiriennes donnent plutôt l’impression d’une démocratie des vainqueurs… de guerre et non de joutes électorales. La démocratie est-elle vraiment enclenchée en Côte d’Ivoire ? Ou n’a-t-on remplacé la fausse vraie démocratie du régime Gbagbo que par une vraie fausse démocratie ADOiste ? Une réponse positive à cette question renferme les germes d’une future déstabilisation de la Côte d’Ivoire, dans la mesure où c’est des frustrations que naissent les conflits. Ce sont des brimades similaires, sous une autre forme peut-être, qui ont conduit justement ADO et ses alliés à recourir à la force pour être là ils sont aujourd’hui. Il faudrait songer à ne pas commettre les mêmes erreurs et à briser l’anneau qui ferme le cercle vicieux.
Gbagbo est donc parti, mais cela a-t-il beaucoup changé la Côte d’Ivoire ? Dans trois ans, on aura une réponse, tout en prenant en compte que les cinq premières années d’ADO ne seront vraisemblablement consacrées qu’à panser les plaies de la Côte d’Ivoire et à contenter ses alliés politiques. C’est peut-être lors des cinq prochaines années qu’il pourra amorcer réellement le développement de l’Eburnie. Mais on en n’est pas encore là.
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