Burkinabè et championnats européens : Passion par procuration

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Le  football unit les peuples, a-t-on dit. Ainsi peut-on comprendre cet engouement des Burkinabè pour les championnats européens, plus précisément la Ligue des champions. Il fallait être à Ouagadougou ce Samedi 19 mai pour se demander si Stamford Bridge n’avait pas changé de place sur la carte du monde. Un bel exemple d’une passion vécue par procuration.

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C’est connu. Le Burkinabè aime le football, à la limite de la passion et du fanatisme. Mais un amour pour le foot qui se manifeste pour des matchs et des joueurs qui sont situés hors de ses frontières. A-t-on déjà entendu des Burkinabè se prendre par les cols sur un débat sur Charles Kaboré ou Moumouni Dagano ? Il est très rare de voir des « Hommes intègres » se pavaner dans des maillots estampillés EFO ou ASFA Y.

Barça, Chelsea ou Manchester United pullulent a contrario à Ouagadougou sur les dos, les vélos, les devantures des boutiques et même sur des fronts. Des voisins de longue date ne se parlent plus  parce que Didier Drogba a battu Lionel Messi lors d’un match ou vice-versa ou parce que l’un a assuré que Samuel Eto’o n’était pas si bon joueur qu’il ne paraît.

Brider la passion

Justement, peut-être qu’il faut songer à brider les débordements que crée cette passion pour le foot étranger. Ce serait idiot qu’un conflit  non moins idiot éclate entre deux Burkinabè au Burkina, soit à des dizaines de milles loin du  théâtre des matchs. Tout ce qui est formidable a été réalisé par passion et tout ce qui est détestable l’a également été par ce biais. Même si la passion est vécue par procuration, le conflit qui en découlera ne le sera pas et ne fera qu’empirer les problèmes et les soucis qu’on tente d’oublier en les noyant dans l’enthousiasme béat que suscitent les matchs de foot.

Pour en revenir à  ce 19 mai, des jeunes burkinabè supporters de Chelsea, plus précisément de Didier Drogba, ont fait la fête jusqu’à l’aube. Ne sont pas nombreuses les victoires d’un club du Faso lors d’une compétition du Faso foot qui peuvent se targuer d’avoir réalisé pareil exploit.

Mais qu’est-ce qui peut bien expliquer cette passion vécue par procuration ?

Le championnat burkinabè est amorphe. Les gradins sont vides et il n’y a pas d’étoiles brillantes. En Europe, au contraire, il y a mille lumières. Les joueurs sont triés sur le volet et le jeu est mirifique.

L’Europe est aussi cette destination rêvée, cet eldorado où les jeunes tournent leurs yeux remplis d’espoir. Alors, ils ne peuvent que s’identifier à ces jeunes footballeurs qui jouent sur des terrains luxueux et vivent une vie non moins luxueuse. Et puis, de toute façon, à bien voir, ce sont les joueurs plus que les clubs que ces jeunes burkinabè adulent. C’était comme s’ils suivaient et assistaient à des matchs que leurs compatriotes burkinabè ou africains auraient dû jouer dans leurs propres stades.

Le foot africain est à l’image de l’Afrique. Des stades peu attrayants et donnant l’air d’être affamés ou  anémiés, des pelouses couvertes de plaques de teigne de poussière, des joueurs qui sont payés des misères, des clubs qui ressemblent à des clochards qui cousent pièce de tissu et bout de torchon pour ne pas fermer boutique, des joueurs qui frisent l’amateurisme, un jeu footballistique qu’on croirait encore au stade de la préhistoire du ballon rond et une politique du sport désargentée et sans soutien de sponsor. Pas étonnant que les gradins des stades soient laissés aux margouillats.

Détourner cette passion vers l’Afrique

Mais la solution  à long terme est de détourner cette passion vers l’Afrique, et dans un sens plus particulier vers le Burkina. Si on réussissait à  mobiliser autant d’attention et de ferveur autour du Stade du 4-Août et du Stade Réné Monory, que de bien pourrait-on faire ! Les joueurs africains n’auront plus besoin de franchir les frontières et courir par delà les mers pour se construire une carrière professionnelle. Peut-être qu’ils s’investiront un peu plus quand ils joueront en sélection.

C’est un chantier que l’Afrique devrait explorer. Le sport est aujourd’hui source de devises et de richesses et c’est bien de cela que le continent a besoin. Et tout compte fait, ce sont des Africains qui font la pluie et le beau temps des championnats européens.

Il suffit d’un peu d’argent et de plus de bonne volonté pour les ramener tous sur le continent pour que ses fils ne vivent plus leur passion par prisme interposé, mais en live !

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Abdou ZOURE

Abdou Zouré, journaliste à Burkina24 de 2011 à 2021. Rédacteur en chef de Burkina24 de 2014 à 2021.

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2 commentaires

  1. Vous avez fait une tr?s belle analyse. On dirait que vous lisiez dans ma t?te. Car pour moi, tout ce que nous voyons de d?velopp? en Occident, nous pouvons le faire ici en Afrique! La plupart du mat?riel utilis? vient de l’Afrque. Parlant de football, les grands talents sont du continent. Pourquoi ne pas miser sur eux et relever le niveau de vie de nos stades et par ricoch? de nos m?nages?

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