Vers une irréversible colonisation de la langue française ? (suite)

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Nous l’avions déjà dit : la langue française est en déclin. La francophonie reste une notion abstraite et son rayonnement sur le monde n’est plus que le reflet d’une splendeur passé jadis aidée par le fait colonial. Guidé par un sursaut de nationalisme linguistique et d’identité culturelle les peuples africains se referment ou effarouchent la langue de Molière en créant un français populaire à la sauce africaine. Désormais classé à la cinquième place dans le monde le français fait face à une concurrence dont la plus menaçante est l’anglais qui pollue désormais le vocabulaire francophone. La langue française des élégances classiques et des références littéraires semble confrontée à une simplification et une ouverture forcée pour intégrer les autres langues si elle veut survivre.

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  Le parti pris pour l’anglais est sans aucun doute directement lié au monde des affaires. En effet, les « boss »  de l’industrie et du commerce international ont besoin d’une langue de communication qui facilite les échanges. Ils adoptent logiquement celle que leur impose l’impérialisme dans le contexte de la mondialisation capitaliste. Dans le domaine scientifique et de la santé, les chercheurs sont, quant à eux, sommés de publier en anglais s’ils veulent  avoir la chance d’être lus.  La montée en puissance des États-Unis renvoi la France à son statut de puissance très moyenne, au moment même où elle vie la hantise du déclin économique, et l’essor de l’anglais et des valeurs de l’American way of life commencent à lui faire craindre une colonisation culturelle et linguistique rampante.                         

Qu’en est-il des pays francophones d’Afrique ?

Dans les Etats africains liés à la francophonie, le caractère minoritaire du français atteste de la vitalité des langues nationales ou locales. Il est évident que les Etats issu de la décolonisation qui ont choisi d’utiliser le français ont désormais d’autres ambitions. Ils ne peuvent négliger les problèmes parallèles de leur identité culturelle, de la pluralité des attachements, de la création ou du réveil d’un nationalisme linguistique. Les africains ont encore l’impression de subir la langue françaises  et s’efforcent au fil du temps à l’adapter à leur réalités en inventant de célèbres sabirs dérivés comme le « nouchi » en cote d’ivoire ou le « franrabe » en Algérie mélange d’arabe ou du berbère. Il y’aurai comme une sorte de français de France et de français local à l’africaine.

Le français doit s’ouvrir pour vivre le fait sociologique et historique de son devenir 

Lors du premier sommet de la francophonie à paris en 1986 le président Thomas Sankara avait dans son message insisté sur la nécessaire ouverture du français :

  Le français doit accepter les autres langues comme expressions de la sensibilité des autres peuples. Qui pourrait par vanité et mauvaise fierté s’encombrer de tournures alambiquées pour dire en français par exemple les mots « islam » ou « baraka » quand la langue arabe exprime mieux que tout autre ces réalités ?…Refuser d’intégrer au français les langues des autres c’est s’ériger des barrières de chauvinisme culturel ,car n’oublions pas que d’autres langues ont accepté du français des mots intraduisible chez eux. Par exemple l’anglais langue fair-play a adopté du français l’aristocratique et bourgeois mot  « champagne ». Le peulh, le mooré, le bantou, le wolof et bien d’autres langues africaines ont assimilé, toute colère contenue, les termes oppressants et exploiteurs de « impôts »,  « corvées », « prison » ! Refuser d’intégrer les autres langues c’est ignorer l’origine et l’histoire de sa propre langue. Toute langue est la résultante de plusieurs autres, et aujourd’hui plus encore qu’hier, en raison de la perméabilité culturelle que créent en ces temps modernes les puissants moyens de communication.

La langue gouvernant la pensée et que dominer la première revient à diriger la seconde, il se joue donc un conflit de valeurs et un enjeu de civilisation dont l’Afrique sortirait toujours perdante si des politiques linguistiques sérieuses de développement et de valorisation des langues locales ne sont pas mises en place.

 

Nelson COMPAORE, Chroniqueur relations internationales pour Burkina 24

 

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Nelson compaore

Chroniqueur Relations internationales pour Burkina 24, Juriste internationaliste, Doctorant en droit.

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