Passage à la Ve République : Le Premier ministre ne l’envisage pas sous la transition
Ce vendredi 12 juin 2015, le Premier ministre Isaac Zida a prononcé devant le Conseil national de la transition (CNT) son discours sur la situation de la nation (contenu dans un document de 64 pages). C’est l’occasion pour lui de passer en revue l’état de santé du Burkina. Après son discours, le Premier ministre s’est soumis aux questions des députés. A noter qu’Isaac Zida était accompagné dans cet exercice par des membres de son gouvernement. Le corps diplomatique et des présidents d’institutions (Conseil économique et social, Commission de réconciliation nationale et des réformes) ont également assisté à la séance.
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11h14
Le Premier ministre a pris la parole devant le Conseil national de la transition, composé de 77 votants sur 90 membres. Une minute de silence observée à la mémoire des martyrs de l’insurrection populaire.
▶ Lire aussi – L’intégralité du discours du Premier ministre Isaac Zida devant le CNT
11h20
Les axes du discours :
- la gouvernance politique, institutionnelle et juridictionnelle,
- la gouvernance administrative et locale,
- la gouvernance économique et financière,
- le développement durable et des infrastructures,
- la gouvernance sociale.
11h23
Le coût des élections fixé à plus de 68 milliards de francs CFA.
11h31
Extrait du discours. « La sécurité est un préalable à la réalisation de toutes nos priorités. Ainsi, dans ce domaine, les actions du Gouvernement au cours de l’année 2014, ont porté essentiellement sur le renforcement des capacités opérationnelles et organisationnelles des forces de sécurité avec notamment, l’accroissement des effectifs, le renforcement de la participation communautaire à la lutte contre l’insécurité et le renforcement du système de communication des forces de sécurité intérieure.
Ces actions ont contribué, entre autres, à améliorer le maillage sécuritaire du territoire qui est passé de 55% en 2013 à 56,8% en 2014 et à réduire le nombre d’infractions qui est passé de 42 102 en 2013 à 39 148 en 2014, soit une baisse de 7%.«
11h33
Sur le plan international.
« En dépit des profonds bouleversements qui ont fait craindre l’isolement de notre pays sur la scène internationale, sa renommée est restée intacte. (…) Dans les jours à venir, notre pays ouvrira des ambassades résidentes au Gabon, au Kenya, au Saint Siège et à Doha au Qatar ».
11h39
Sur le plan des libertés publiques
- la mise à jour du répertoire des partis et formations politiques qui fait ressortir 114 partis politiques et 3 formations politiques reconnus ;
- la mise à jour du répertoire des Organisations de la société civile qui fait ressortir 1 884 associations reconnues.
11h45
Etat des finances publiques
« Des recettes totales et des dons ont été mobilisés à hauteur de 1 321,1 milliards de FCFA en fin décembre 2014 contre 1 441,7 milliards de FCFA à fin décembre 2013, soit une régression de 8,4%. Cette contre-performance résulte de l’effet conjugué de la baisse des recettes propres (-52,7 milliards de FCFA) et des dons (-67,9 milliards de FCFA).
S’agissant de dépenses totales et prêts nets, ils ont été exécutés à hauteur de 1 456,5 milliards de FCFA en 2014 contre 1 652,6 milliards de FCFA en 2013, correspondant à une diminution de 196,2 milliards de FCFA (-11,9%).
Cette baisse s’explique principalement par la contraction des dépenses en capital (-327,4 milliards de FCFA), les dépenses courantes ayant au contraire augmenté de 112,6 milliards de FCFA.
En matière d’allocation budgétaire, les cibles des secteurs sociaux ont été atteintes tandis que celles des secteurs de croissance ne l’ont pas été. En effet, 15,98% du budget a été consacré au secteur de l’éducation et 12,78% à celui de la santé pour des cibles respectives de 15,6% et 12,5%.
L’encours de la dette publique s’est chiffré à 1 903,5 milliards de FCFA au 31 décembre 2014. Il est constitué de 1 380,4 milliards de FCFA de dette extérieure et de 523,1 milliards de FCFA de dette intérieure, soit des proportions respectives de 72,5% et 27,5%. »
11h49
Du budget d’austérité
« Au regard de la situation économique difficile après l’insurrection populaire, mon Gouvernement a décidé de mettre en place un budget d’austérité qui s’établit en dépenses à 1 804,1 milliards de FCFA et en recette à 1 516,5 milliards de FCFA, avec un déficit de 287,6 milliards de FCFA.
Ce budget d’austérité, caractérisé par un ensemble de mesures sur la réduction du train de vie de l’Etat, accorde une importance particulière au financement des élections d’octobre 2015″
11h52
De la surveillance des prix
« 3 862 commerçants ont été contrôlés et un important lot de produits alimentaires périmés ont été saisis. Cette opération a permis le recouvrement, par le Trésor Public, de 69 028 629 FCFA sur une prévision de 63 364 533 »
12h
De la relecture du code minier
« L’action stratégique majeure au cours de l’année 2014 dans le secteur des mines aura été la poursuite de la relecture du code minier pour y inscrire les nouvelles ambitions du Gouvernement et surtout prendre en compte les intérêts des populations locales.
En reprenant ce processus, l’ambition de mon Gouvernement est de parvenir à une exploitation apaisée de nos ressources naturelles aux bénéfices de tous les acteurs : Etat, populations locales, investisseurs.
C’est dans ce sens que le Gouvernement propose dans cette loi la mise en place d’un fonds de développement local, qui sera alimenté par les ressources issues du budget de l’Etat et des sociétés minières ».
12h01
Baisse de l’apport des titres miniers au Trésor public
« En 2014 l’ensemble des autorisations et titres miniers ont rapporté au Trésor Public, 168 493 466 552 de F CFA contre 191 408 419 254 de F CFA à la même période en 2013, soit une baisse de 12%.
Cette baisse est imputable principalement à la chute des cours de l’or qui, en 2014 était de 1 282,62 dollars l’once contre 1 477,80 dollar l’année précédente.
Pour réduire les effets de la baisse des cours de l’or et la raréfaction des financements, le Gouvernement a renforcé l’encadrement des projets avancés, et diversifié les sources de recettes par l’exploitation des substances de carrières »
12h02
Conflits sur les sites miniers. Le Premier ministre appelle au dialogue.
« Je voudrais saisir cette opportunité pour inviter les populations à la retenue, au dialogue et au civisme. Car sans le civisme, le dialogue et le travail, il n’y a point de paix sociale durable et encore moins de développement »
12h03
Des travaux engagés sur le plan de l’énergie
« Les travaux d’extension de la centrale Bobo II ont été engagés en vue d’injecter, à terme, 47 MW d’électricité dans le réseau. Les projets d’interconnexions avec le Ghana et le Nigéria, se sont poursuivis.
L’objectif à la fin des travaux est de permettre l’importation de 100 MW du Ghana et de 300 MW du Nigéria, à partir de 2017. Dans le domaine de l’énergie solaire, les études du projet de centrale solaire photovoltaïque de 33 MW à Zagtouli ont été finalisées. »
12h15
Etat de la lutte contre la grippe aviaire
« A ce jour, l’épizootie, quoique n’étant pas éradiquée, est maîtrisée. Les indemnisations des éleveurs dont la production a été abattue ont débuté le 29 mai 2015 »
12h32
Construction d’infrastructures scolaires
En ce qui concerne le primaire, en 2013-2014, le nombre total d’écoles était de 13 204 contre 12 394 en 2012-2013, soit un accroissement de 6,5%. Le nombre d’écoles privées est passé de 2 508 à 2 779 pour la même période, soit un accroissement de 11%. Pour le public, le nombre d’écoles est passé de 9 886 à 10 425, soit un accroissement de 5, 5%.
Pour traduire son intérêt particulier à la demande sociale d’éducation et notamment à la résolution des problèmes d’écoles sous paillote, mon Gouvernement s’est engagé à construire 75 complexes scolaires dans les 13 régions pour un coût total de 3 milliards de francs CFA dans le cadre du Programme Socioéconomique d’Urgence de la Transition. Ces réalisations en cours de lancement comprendront :
225 nouvelles salles de classe,
75 magasins,
75 bureaux de maîtres,
75 logements de maîtres,
75 blocs latrines de quatre postes,
75 bâtiments abritant une cuisine et une latrine »
12h42
Les chiffres dans l’enseignement supérieur
« A ce jour, le nombre d’étudiants pour 100 000 habitants, est estimé à 487 en 2013-2014, alors qu’il était de 443 en 2012-2013.
En matière d’accompagnement social des élèves et des étudiants, les actions du Gouvernement se sont traduites par l’octroi de l’aide à 42 220 étudiants, de prêts d’études à 6 956 étudiants et de bourses d’études à 5 197 étudiants.
Dans les restaurants universitaires 36 900 plats ont été servis chaque jour et 75% des étudiants ayant demandé à être hébergés en cités ou résidences universitaires ont trouvé satisfaction »
DES DIFFICULTES
« (…) Les plus préoccupantes sont les effectifs pléthoriques engendrés par la forte demande, l’insuffisance des infrastructures scolaires et universitaires, celle du personnel enseignant, ainsi que les retards accumulés dans le déroulement des années universitaires. »
A ce jour, des actions et des réflexions sont en cours dans l’espoir de trouver des solutions idoines.
LES SOLUTIONS
« Il s’agit notamment de :
la tenue de la table ronde pour le financement de la première phase du Plan National d’action de Développement de l’Enseignement Supérieur ;
la mise en place du plan de Développement des Enseignements Technique, Professionnel et Secondaire Général ;
la nécessaire normalisation des années universitaires ;
l’application du système Licence Master Doctorat (LMD) ;
l’amélioration des conditions de vie des étudiants.
Des réflexions et actions sont également en cours pour la résorption des retards importants accumulés par les universités publiques du fait de l’application du système LMD dans nos universités.
Par ailleurs, le Gouvernement a mobilisé des fonds pour le maintien, et l’amélioration des services et prestations servies surtout aux étudiants et poursuit les investissements engagés. »
12h50
Discours sur la situation de la nation
Etat des actions entreprises contre le chômage
« La dynamique de promotion de l’emploi s’est traduite par le recrutement de 71 037 jeunes pour les travaux à Haute Intensité de Main-d’œuvre (HIMO), auquel s’ajoute l’engagement de 2 133 jeunes (dont 1 320 femmes) volontaires pour 06 mois de mission dans les chantiers de développement.
La mise en œuvre du Programme Spécial de Création d’Emplois pour les Jeunes et les Femmes a permis de placer 2 400 jeunes en stages d’initiation à la vie professionnelle afin de renforcer leur employabilité. Une autre action visant le renforcement de l’employabilité des jeunes est la formation de 934 jeunes en Technique de Recherche d’Emploi.
S’agissant de l’appui à la création d’emplois, les différents fonds de financement ont généré au total 9 588 emplois et en ont consolidé 8 106 autres. Pour la seule période allant de novembre 2014 à mars 2015, 656 microprojets au total ont été financés pour un coût global de 376 944 300 FCFA.
Cette dynamique de création d’emplois s’est poursuivie avec la mise en œuvre du Projet Emploi des Jeunes et Développement des Compétences qui a occasionné le recrutement de 2 000 jeunes pour les travaux à Haute Intensité de Main d’œuvre.
Aussi a-t-on procédé, dans l’objectif de promouvoir l’auto-emploi des jeunes, au renforcement des capacités des jeunes dans le cadre des mesures sociales.
En effet, en janvier 2015, des kits d’installation ont été remis aux bénéficiaires des mesures sociales de 2014.
Cette initiative a permis d’appuyer les projets d’entreprises de 750 jeunes et qui ont chacun bénéficié d’un appui financier de 250 000 FCFA sous forme de fonds de roulement pour leurs activités. Le coût global de cet appui s’élève à 187 500 000 FCFA.
Par ailleurs, en vue de renforcer toutes ses actions en faveur de l’emploi des jeunes, le Gouvernement à travers le Programme Socioéconomique d’Urgence de la Transition (PSUT) a décidé de favoriser la création de 30 000 emplois par le financement de 10 000 micro-entreprises pour un montant total de 10 milliards de FCFA. »
13h18
« La situation de la Nation que je viens de vous présenter est loin d’être reluisante. Mais vous conviendrez avec moi que l’évolution des nations est ainsi faite. Elle connait des jours « de manque » et des jours « faste » ; des moments de crises, mais aussi des moments de paix et de concorde sociale.
L’essentiel pour une grande Nation comme la notre est de savoir en tirer leçon aux fins de fortifier les fondations de sa démocratie sociale et de son développement avec la participation de toutes ses filles et tous ses fils.
Au regard des éléments ci-dessus présentés, il est indéniable que la première des exigences pour mon Gouvernement reste une organisation réussie des élections d’octobre 2015.
En tout état de cause, l’action du Gouvernement se poursuivra en vue de consolider les acquis et de maintenir les efforts pour une croissance soutenue, ayant une claire conscience des attentes des Burkinabé de tous les horizons et de tous les âges.
Compte tenu du contexte national qui prévaut et en ma qualité de chef du Gouvernement qui satisfait, à un exercice de Discours sur la Situations de la Nation (DSN) et non celui d’une Déclaration de Politique Générale (DPG), je voudrais malgré tout, annoncer quelques perspectives pour le reste du temps qui nous est imparti.
Cette vision systématise et amplifie les aspirations fortes des acteurs de la société burkinabè. Il s’agit de la vision :
d’une nation unie, solidaire et de paix tenant ses fondements de la liberté de l’égalité et de la souveraineté des peuples ;
d’une nation de justice caractérisée par l’existence d’un Etat fort et de droit qui au lieu d’opprimer se révèle comme un instrument de promotion et de sécurisation de la collectivité ;
de l’indépendance de la justice ;
de la réduction significative de l’impunité et de la corruption ;
d’une démocratie forte, juste et appropriée par l’ensemble des acteurs ;
d’une économie compétitive et prospère, intégrée dans les économies régionale et mondiale ;
de la femme émancipée, libre ayant accès aux ressources dans l’équité et présente dans la sphère de prise de décision ;
d’une jeunesse moins marquée par le chômage et intimement associée à la prise de décisions déterminant l’avenir qui est le leur ;
de l’accès de tous au minimum social commun, c’est-à-dire les services sociaux essentiels que sont la santé, l’éducation et le travail décent.
Je m’en voudrais de clore mon exposé sans rappeler l’enjeu majeur qui attend notre pays en 2015, à savoir : Réussir des élections libres, ouvertes, transparentes et apaisées.
Par conséquent, j’invite tous les Burkinabè sans exclusive, à se donner la main afin qu’ensemble nous relevions ce défi.
Pour ma part, je puis vous assurer que le Gouvernement de la Transition ne ménagera aucun effort pour que ce pari soit tenu ».
13h19
Fin du discours. Isaac Zida a été longuement applaudi. Le Premier ministre a dit se prêter aux questions des députés.
La répartition du temps de parole
Alliance pour la république et la démocratie : 10 min
Organisations de la société civile : 15 min
Forces de défense et de sécurité : 15
Liberté démocratie justice : 15 min
La séance est suspendue et reprendra à 14h. Pendant la pause, des députés ont donné leur appréciation sur le discours. Pour certains, le discours a été trop long (plus de deux heures). Le député Alphonse Ouédraogo dit n’avoir pas constaté de « rupture ». Il estime que le discours aurait dû se focaliser sur la période de la transition.
D’autres députés jugent que des aspects de la vie de la nation ont été occultés. Le député Aziz Sana note par exemple la question du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui n’a pas été abordée et compte le signifier lors de la phase des questions des députés.
14h18
La séance a repris par les questions des députés. Elles tournent notamment autour de l’adoption du Coton BT, la situation des réformes au niveau de l’armée et du Régiment de sécurité présidentielle, la prise en compte des femmes et la question du passage à la cinquième République.
La séance a été suspendue et reprendra à 17h.
17h30
A la reprise de la séance, le Premier ministre a donné des réponses aux questions des députés. Il faut noter sur la question du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), Isaac Zida a indiqué que la Commission a effectivement déposé son rapport dans lequel trois propositions ont été faites. Mais celles-ci, selon lui, seront incluses dans le schéma global de la réforme de l’armée en cours d’élaboration.
Mais le Premier ministre a réitéré sa position sur dissolution. Pour lui, il n’est pas opportun de dissoudre de corps de l’armée burkinabè.
« Je voudrais préciser devant votre auguste assemblée que l’armée a besoin du RSP, le pays a besoin du RSP. Nous sommes en train de travailler pour lui donner une bonne place au sein de la nation.
Mais dissoudre un régiment de cette façon… Comme disait quelqu’un, si vous tuez votre chien parce qu’il n’aboie pas, c’est la chèvre du voisin qui va vous mordre.
Je suis sûr, il y a 20 ans que je suis au RSP, je connais les capacités de ce régiment, je confirme que nous en avons besoin », a expliqué le Premier ministre.
Yacouba Isaac Zida s’est également prononcé sur le sujet du passage à une cinquième République. Pour lui, cette question ne fait pas partie des priorités de l’exécutif de la transition.
« Il convient de rappeler à l’esprit que les priorités actuelles de l’exécutif sont encadrées par les engagements pris au lendemain de l’insurrection populaire, dont surtout la Charte de la transition, dit-il.
Aussi voudrais-je solliciter la compréhension de ceux qui sont impatients à écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays qu’il nous appartient de tenir dans les clauses de ladite charte. En outre, le temps imparti pour l’organisation des élections de 2015, de même que les contraintes relatives à la mobilisation des ressources financières, commandent que les énergies ne soient pas dispersées».
Pour le reste, la Commission des réformes doit discuter de cette question. «Si la commission venait à déposer son rapport avec en annexe un avant-projet de constitution, nous allons aviser», a ajouté Isaac Zida.
Sur la question des dossiers des crimes de sang, le Premier ministre a assuré que la lumière sera faite.
18h30
Fin de la séance.
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