Burkina : Ils veulent faire de la santé sexuelle et reproductive, une priorité nationale
L’Association des journalistes et communicateurs en population et développement (AJC/P&D), en collaboration avec une coalition de structures de développement communautaire, a organisé une conférence de presse de lancement de la campagne dénommée « 1.000.000 de voix pour la planification familiale (PF) et la santé sexuelle et reproductive (SSR) ». C’était le vendredi 15 janvier 2016 à Ouagadougo. Le but est d’informer l’opinion publique sur le déroulement de cette campagne de plaidoyer portant sur la PF et la SSR qui se déroulera durant la période post-électorale de 2015 et ce, jusqu’en mars 2016.
Le « Pays des Hommes intègres » connaît un accroissement non maîtrisé de sa population. Selon les projections démographiques réalisées par l’INSD en 2009, sur la base du taux de croissance 3,1%, la population du Burkina Faso passera de 14.017.262 habitants en 2006 à 18.450.494 en 2015 et à 21.510.181 en 2020.
Les mêmes tendances indiquent qu’au regard du taux de prévalence contraceptive de 15% de 2010 et si des actions volontaristes en matière de promotion et d’accès aux services de contraception moderne ne sont pas menées, cette population pourrait atteindre 60.000.000 en 2050. Cette explosion démographique pourrait « handicaper » les efforts de développement du pays.
A côté de la poussée démographique, il a également été signalé, selon des résultats d’études de 2014, que chaque jour, 116 enfants de moins d’un an meurent, 272 enfants de moins de 5 ans meurent, 7 femmes meurent en voulant donner naissance et que par ailleurs en 2012, 105.000 avortements étaient pratiqués dans le pays.
Face à tous ces phénomènes, de nombreux efforts ont été réalisés par les services compétents nationaux avec des partenaires internationaux dont la prise de mesures politiques améliorant la disponibilité et l’accès aux services de PF (gratuité des prestations de PF, subvention du coût des produits contraceptifs), l’amélioration de la couverture sanitaire dans le pays, l’organisation de plusieurs campagnes de sensibilisation. Cela ne semble pas suffisant. Il faudrait faire de la santé de la reproduction et la planification familiale, des priorités nationales.
Poser les bonnes actions au bon moment… !
C’est l’un des objectifs visés par ces spécialistes qui reconnaissent qu’il y a toujours urgence d’agir. L’association de journalistes, AJC/P&D, en collaboration avec d’autres structures dont l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF), l’Union des religieux et coutumiers du Burkina (URCB) représentée par David Lompo, l’APAC représentée par Hortense Zida, l’AFJ, SOS/JD représentée par Célestin Compaoré et le RAJS, a procédé le vendredi 15 janvier 2016, au lancement de la campagne « 1.000.000 de voix pour la planification familiale (PF) et la santé sexuelle et reproductive (SSR) » à travers une conférence de presse.
Un budget de plus de 50 millions de FCFA…
« Jeunesse et défis de la santé de la reproduction et de la planification familiale au Burkina Faso » est le thème général de la campagne. Le coût global de cette campagne de plaidoyer est estimé à environ 60 millions de FCFA.
Pour le Directeur exécutif de l’ABBEF, Boureihiman Ouédraogo, cette combinaison de la sensibilisation de masse et de la sensibilisation de proximité s’inscrit en appui à un projet de plaidoyer appelé « Voix pour la santé » mené par 7 organisations partenaires de la société civile active dans le domaine de la SSR/PF avec le soutien technique et financier de Planned Parenthood Global s’appuyant sur le leadership de l’ABBEF et de ses autres associations et ONG partenaires.
« L’objectif principal de la campagne de communication est de renforcer la prise de conscience et l’engagement des jeunes et des leaders politiques par rapport à l’importance de l’accès des jeunes aux services et soins de SSR et à la PF à travers une prise en compte effective de ces questions parmi les priorités au niveau national », a-t-il précisé.
{VIDEO} – Le Directeur exécutif de l’ABBEF répond aux questions des journalistes…
Faire de l’explosion démographique, un capital humain…
Selon Célestin Compaoré de « SOS Jeunesse et Défis« , un cross populaire de sensibilisation « Je cours pour la PF et pour la SSRAJ », des rencontres de plaidoyer auprès des leaders religieux et coutumiers dans plusieurs villes, auprès des représentants des Commissions de l’Assemblée nationale, des animations grand-public avec offres de services de SSR et PF, la publication d’affiches sur des panneaux publicitaires, des sessions de formation et de sensibilisation au profit de 100 responsables de partis politiques, sont entre autres les activités prévues dans le cadre de cette campagne qui s’achèvera en mars 2016.
Le Président de l’Association des journalistes et communicateurs, AJC/P&D, Alassane Karama, reconnaît tout comme ses collaborateurs, qu’il ne consiste pas à considérer l’explosion démographique comme un handicap, mais plutôt de faire d’elle, un « capital humain » avec une population bien formée, bien informée, bien éduquée et responsable de sa procréation.
Il faut rappeler que l’on note une synergie d’actions entre le ministère burkinabè de la santé et différents partenaires dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive. Au nombre de ces partenaires, il y a l’UNFPA, les bailleurs de fonds soutenant le Partenariat de Ouagadougou (Agence française de développement, Bill et Melinda Gates Foundation, Hewlett Foundation, Ministère des affaires étrangères de la République française, USAID), les ONG et associations (ABBEF, BURCASO, EngenderHealth, Equilibres & Populations, Marie Stopes International, PROMACO, URCB, Médecins du Monde/France).
Cette synergie d’actions a rassuré les différents acteurs qui ont mis la main à la pâte pour que l’objectif national fixé dans le cadre du Plan national de relance de la planification nationale, c’est-à-dire porter la prévalence contraceptive de 15% à 25% d’ici à 2015, soit atteint. Les premières estimations annoncent que 579.396 nouvelles utilisatrices (au lieu de 332.000 femmes additionnelles attendues) ont été recrutées. Les acteurs de la mise en œuvre du Plan de relance sont unanimes à admettre que la PF connait de plus en plus un regain d’intérêt mais qu’il y a toujours des efforts supplémentaires à fournir.
Noufou KINDO
Burkina 24
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