Enseignante et mère : Les épines de Clémentine
Clémentine Sawadogo/Ouédraogo est professeur de Maths/SVT au lycée communal de Nouna depuis cinq ans. Au cours de sa jeune carrière, sont arrivés trois enfants. Le premier Eustache, 4 ans et les jumeaux Cristelle et Christophe, 6 mois. Nous l’avons suivie afin de savoir comment elle parvient à concilier vie parentale et vie professionnelle.
Jeudi 3 mars 2016 dans la famille Sawadogo au secteur 5 de Nouna, il est 6h. Dans le calme du petit matin, c’est une course contre la montre qui est engagée par la maitresse des lieux, Clémentine Sawadogo.
Elle a rendez-vous à 07 h avec la classe de 3e du lycée communal pour un cours de SVT (science de la vie et de la terre). Mais avant, un préalable s’impose : s’occuper de la toilette de ses jumeaux, les allaiter et chauffer l’eau pour le biberon.
A 6h50, Clémentine est prête pour prendre le chemin de l’école. Ses deux loulous se jettent dans les bras de Suzane, l’une des deux nounous employées pour la garde des bébés. Le même scenario est répété plusieurs fois par semaine.
Si l’arrivée de son premier enfant, Eustache, a été géré sans grande difficulté, Mme Sawadogo s’est vue parfois contrainte de sacrifier sa profession pour faire face à la grossesse des jumeaux. « Ma deuxième grossesse, n’a pas été facile parce que j’avais en tout 32 heures de classe par semaine. Je n’ai pas pu honorer certains cours car à un moment donné je ne tenais plus », raconte t-elle.
« Je ne suis qu’une machine à lait pour mes enfants »
Travailler à plein temps tout en élevant des enfants s’avère impossible. A la fin de ses congés de maternité qu’elle juge trop courts (14 semaines), Clémentine a eu recours à deux garde-bébés pour s’occuper de ses nouveau-nés. Une fois en classe, l’amour maternel hante l’esprit de l’enseignante.
« Je ne sais pas ce qu’on fait de mes enfants en mon absence, commence-t-elle. C’est là le problème majeur.
Si seulement après deux mois de l’accouchement, la femme doit abandonner son nouveau-né et reprendre la route du boulot, ce n’est pas évident.
C’est vrai que l’Etat accorde 1h 30 par jour comme temps d’allaitement, mais je trouve que c’est très insuffisant ».
Elle craint en effet que cet éloignement ne joue sur le lien affectif entre mère et enfants. « Les enfants sont la plupart du temps abandonnés aux garde-bébé et cet attachement crée un écart avec leur mère, dit-elle.
Même si je suis à la maison, les enfants restent attachés aux garde-bébé parce que je dois préparer le cours du lendemain ou corriger des devoirs.
Cela fait que mes enfants me voient comme étant une machine à lait plutôt qu’une mère, le contact se limitant seulement au niveau des seins. Pour le cas de mon premier enfant, quand je sortais il me disait »bye bye » et si c’est la nounou qui s’en va, il pleurait. Cela m’a beaucoup touchée ».
Clémentine espère que lorsqu’ils grandiront, « ils sauront que je suis leur maman ».
Rétablir l’équilibre
Malgré tout, Clémentine reste dévouée à son métier d’enseignante. Elle est adulée par ses élèves et ses collègues.
« Mme Sawadogo est l’un de mes meilleurs agents sur qui on peut compter pour la réussite des élèves », confie Souleymane Ouédraogo, proviseur du lycée communal de Nouna.
«C’est une femme qui a le sens de l’organisation et qui a une conscience professionnelle élevée», continue le responsable de l’établissement scolaire, qui, pour tenter de rétablir l’équilibre vie de mère/professionnelle, a «emménagé l’emploi du temps de telle sorte qu’elle puisse juguler ses deux activités ».
Une épine de moins au pied de Clémentine qui est consciente que concilier son engagement vis-à-vis de la société et de la nation est un défi permanent à relever.
Boureima BADINI La Ruche
Correspondant de Burkina24 à Nouna
Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Restez connectés pour toutes les dernières informations !