Renseignements burkinabè : « Chacun est jaloux de son information » (ministre de la sécurité)
La question cruciale du renseignement n’a pas été occultée lors du bilan dressé par le ministre de la sécurité intérieure le mercredi 04 janvier. De l’avis du Colonel Ouédraogo Serge Alain, commandant adjoint de la gendarmerie nationale, si aucune victoire majeure n’a jusqu’ici pas été répertoriée, cela n’est pas à imputer aux seules Forces de défense et de sécurité. Selon lui, les populations ont leur partition à jouer face au phénomène qu’est le terrorisme.
« Si on n’arrête pas les gens, c’est qu’on n’a pas d’informations », se désole Simon Compaoré. A cela s’ajoute la désorganisation et l’absence d’une collaboration entre les différentes entités des unités de renseignements de la police, de la gendarmerie et de l’armée et des autres corps paramilitaires.
« La gendarmerie a ses services de renseignements. L’armée a ses services de renseignements. La police a ses services de renseignements. Donc ce foisonnement, chacun est jaloux de son information. Moi, j’ai l’information, je la retiens par devers moi, j’en fais mon information or, quelque fois cette information doit être partagée pour qu’elle soit efficace, porte des fruits », résume le ministre de la sécurité.
La création de l’Agence nationale des renseignements (ANR) répond selon lui à la volonté « de casser ce blocage » pour éviter aux entités de se replier sur elles-mêmes, de gérer leur information à leur niveau et en la partageant pour que ceux qui ont la possibilité de prendre les décisions, les prennent très rapidement.
Mais, rassure-t-il, « le renseignement existe, mais il est en phase de réorganisation à tous les niveaux » pour permettre l’envoi rapide des éléments d’informations à l’Agence « en temps réel ». Simon Compaoré admet néanmoins qu’il y a des « dysfonctions » à régler.
Le colonel Ouédraogo Serge Alain, chef d’état-major adjoint de la gendarmerie précise quant à lui que « ce n’est pas le nombre ou l’inefficacité qui crée le problème », mais la nature du terrorisme, « une action asymétrique qui agit sur les règles non conventionnelles ».
Ces difficultés qui handicapent et nuisent à l’action des forces armées burkinabè sur le terrain sont plus dues selon le colonel Ouédraogo Serge Alain à la transversalité de la question sécuritaire qui « n’est plus uniquement du fait des forces de sécurité ». En témoigne selon la dernière attaque perpétrée à Istanbul en Turquie malgré le déploiement de près de 17 000 policiers.
Pour toutes ces raisons, il en appelle à la participation de tous pour obtenir et faire remonter les informations, les recouper et les mettre en cohérence pour pouvoir agir et contrecarrer les actions d’un ennemi connu pour son imprévisibilité. En attendant, rassure le ministre de la sécurité « dans le silence, il y a des choses qui progressent ».
Oui Koueta
Burkina24
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