Rêv’olutionnons la célébration du 8-Mars au Burkina Faso

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Le 12 mars 2013, un collectif de femmes pour un autre 8-Mars au Burkina, publiait une invitation au changement de mentalités et de pratiques à l’égard des célébrations de la Journée internationale des droits de la femme (« Pour un autre 8-Mars au Burkina ! », lefaso.net, 12 mars 2013). 4 ans plus tard, force est de constater que le 8-Mars au Burkina n’a pas encore atteint les objectifs qui devraient être les siens. Quelle est la situation réelle des femmes au Burkina Faso? Quels sont les droits, les acquis sociaux, les opportunités offertes aux femmes de Dori, de Ouagadougou, de Nouna, de Diapaga, de Banfora, de Pô, etc.? Cet article propose un bref état des lieux et quelques pistes pour faire des commémorations du 8-Mars, un véritable pilier de l’évolution de la condition de la femme burkinabè.


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Il est important de commencer par un chiffre-clé : la représentation des femmes au Burkina Faso. Les femmes représentent en effet plus de 50% de la population burkinabè (INSD, Projections démographiques de 2007 à 2020, RGPH 2006). Malgré leur supériorité en nombre et en espérance de vie (INSD, rapport d’analyse du RGPH, « Mortalité » 2006), les femmes demeurent largement sous-représentées dans la fonction publique et ce, particulièrement aux échelons les plus élevés (Agence Générale de Recrutement de l’État). Il en va de même pour les écoles de formation professionnelle et les centres de l’ANPE, sauf pour les filières historiquement féminines telles que « coupe-couture », secrétariat, etc. (ANPE, 2013; CEFPO et DGESS/MJEFP, 2014).

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Il y a encore 7 ans, 13,3% des filles étaient excisées selon les déclarations des mères de familles (INSD, Enquête Démographique et de Santé 2010).

Ces chiffres, le cas de la violence scolaire présenté à la figure 1, la sous-représentation des femmes dans les cercles de décision publics (gouvernement, assemblée nationale) et à la tête des entreprises et des associations d’entreprises, entre autres, dénoncent un besoin de redoubler d’efforts pour que la femme et la jeune fille burkinabè, ne soient plus des citoyennes de seconde zone au Burkina Faso.

Figure 1 : la violence en milieu scolaire au Burkina Faso

Source des données : DPEFG/MENA

On l’aura compris, naître femme au Burkina Faso aujourd’hui c’est encore rencontrer le risque d’être mutilée sexuellement, de ne pas aller à l’école ou d’en être retirée prématurément, de vivre des violences de tous types, de ne pas accéder à la terre, au crédit, à l’emploi, qu’il soit public ou privé, et de voir sa destinée être décidée majoritairement par des hommes, qui, paradoxalement, sont minoritaires en nombre dans l’ensemble de la population.

Face à ce déséquilibre, que faire? Comment le 8-Mars au Burkina peut-il aider effectivement les femmes du Burkina?

Nos propositions se répartissent en 4 catégories : la réflexion, les aspects légaux, la communication/les symboles, et la stimulation et la production de revenus. Elles sont résumées dans la figure 2.

Figure 2 : Rêv’olutionnons le 8 mars au Faso-Propositions

Ces propositions ne sont que des exemples auxquels peuvent et doivent s’ajouter de nombreuses autres initiatives pour que la femme burkinabè trouve de plus en plus de motifs de célébrer le 8-Mars.

Concrètement, que faire maintenant à part partager, commenter et aimer l’article?

Au niveau public, les lois, incluant le code de la famille et le code du travail doivent être revues à la recherche de sources de discrimination envers les femmes, afin d’apporter les correctifs nécessaires.

Aussi, la condition de la femme et de la fille doit être prise en compte dans chaque grande décision gouvernementale quel qu’en soit le ministère de tutelle.

Autre action à poser, les autorités judiciaires et policières, ainsi que les organes de contrôle concernés doivent s’assurer que tout-e agent connaît et applique rigoureusement les droits des femmes.

Le gouvernement pourrait également, sous l’égide du Ministre de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la Famille (MFSNF), et à l’instar de la Côte d’Ivoire, tenir des activités telles que le Forum de l’emploi et de l’entreprenariat féminin. Dans le même ordre d’idée, il serait plus que pertinent de développer à la suite de nos voisin-e-s ivoirien-ne-s un compendium des compétences féminines du Burkina Faso, qui rendra plus visibles et plus accessibles les savoir-faire des femmes burkinabè.

Les mairies pourraient, quant à elles, nous faire connaître, sur leur site web, leur page Facebook, et par d’autres moyens de communication qui s’offrent à elles, les réalisations de ces femmes dont quelques-unes de nos rues (trop peu), portent le nom.

Du point de vue des acteurs privés, le 8-Mars doit être l’occasion pour les entreprises d’apporter des initiatives de soutien aux femmes telles qu’une politique et des mesures favorisant l’équilibre entre travail et vie familiale. Également, afin de soutenir l’économie nationale et le travail des tisseuses, les commerçants devraient privilégier la vente du pagne Faso Dan Fani par rapport aux pagnes importés.

Les médias et leurs relais que sont les « influenceuses et influenceurs » activement suivis sur les réseaux sociaux ont un rôle capital à jouer. La stigmatisation des femmes, les stéréotypes et autres blagues déplacées doivent disparaître pour laisser place à un langage qui démontre du respect pour la femme au-delà de ses rôles familiaux.

Le Burkina Faso a également été bâti par des femmes agricultrices, institutrices, ingénieures, économistes, agronomes, professeures, médecins, journalistes, députées, ministres, architectes, chef d’entreprises etc. Où sont-elles lorsque l’on réunit des experts autour d’un plateau pour débattre des questions essentielles à l’épanouissement d’un pays qu’elles peuplent majoritairement?

Les médias doivent intégrer en priorité à leur ligne rédactionnelle la prise en compte de la femme dans toutes ses dimensions et à tous les niveaux.  

Finalement, chacune et chacun-e d’entre nous Burkinabè, peut interpeller ses élu-e-s, ses autorités policières et judiciaires, lorsqu’elle/il constate des manquements aux droits des femmes.

Par Yannick Tou avec la contribution de la radio Fémina FM

 

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