Journée mondiale de la santé 2017 : « Dépression : Parlons-en »
Le Thème de la Journée mondiale de la santé 2017 est « Dépression : parlons-en ». La Journée mondiale de la santé est célébrée le 7 avril de chaque année.
La dépression est une maladie qui se caractérise notamment par une grande tristesse, un sentiment de désespoir (humeur dépressive), une perte de motivation et de facultés de décision, une diminution du sentiment de plaisir, des troubles alimentaires et du sommeil, des pensées morbides et l’impression de ne pas avoir de valeur en tant qu’individu.
Dans le milieu médical, le terme dépression majeure est souvent employé pour désigner cette maladie. La dépression survient généralement sous forme de périodes dépressives qui peuvent durer des semaines, des mois voire des années. Selon l’intensité des symptômes, la dépression sera qualifiée de légère, modérée ou majeur (grave). Dans les cas les plus graves, la dépression peut conduire au suicide, d’où justement l’importance de la prise en charge rapide et adéquate.
La dépression est la première cause de suicide : 70 % des personnes qui décèdent par suicide souffraient d’une dépression, le plus souvent non diagnostiquée ou non traitée.
La dépression affecte l’humeur, les pensées et le comportement, mais aussi le corps. La dépression peut s’exprimer dans le corps par un mal de dos, des maux de ventre, de tête ; Cela explique aussi qu’une personne qui souffre de dépression puisse se révéler plus vulnérable aux rhumes et aux autres infections, son système immunitaire étant affaibli.
Bref, la dépression est une variation pathologique de l’humeur dans le sens négatif. On évoque couramment le moral (avoir le moral haut, avoir le moral bas). Chacun peut traverser des périodes de tristesse, de solitude ou de malheur qui font partie de la vie normale.
Différence entre Déprime ou dépression
Sans qu’il s’agisse pour autant d’une maladie, le terme « dépression », est souvent employé à tort dans le langage courant pour décrire les inévitables périodes de tristesse, d’ennui et de mélancolie que nous sommes tous appelés à vivre à un moment ou à un autre. Cette tristesse de l’humeur peut par exemple intervenir après la perte d’un proche, on peut avoir un sentiment d’échec en cas de problèmes au travail ce qui est du reste tout à fait normal car passager.
Mais lorsque ces états d’âme reviennent chaque jour sans raison particulière ou persistent longtemps même avec une cause identifiable, il peut s’agir d’une dépression. La dépression est en fait une maladie chronique, répondant à des critères diagnostiques bien précis.
Outre la tristesse, la personne dépressive entretient des pensées négatives et dévalorisantes : « je suis vraiment nul », « je n’y arriverai jamais », « je déteste ce que je suis ». Elle se sent sans valeur et a du mal à se projeter dans l’avenir. Elle n’a plus d’intérêt pour des activités autrefois appréciées.
Prévalence
La dépression est l’un des troubles psychiatriques les plus fréquents, elle touche aujourd’hui plus de 350 millions de personnes dans le monde. La dépression est en passe de devenir la deuxième maladie la plus handicapante après la schizophrénie.
D’après une enquête menée par les autorités de santé publique du Québec, environ 8 % des personnes âgées de 12 ans et plus ont rapporté avoir vécu une période de dépression au cours des 12 derniers mois1. Selon Santé Canada, environ 11 % des Canadiens et 16 % des Canadiennes souffriront d’une dépression majeure au cours de leur vie75. Et 7,5 % des français de 15 à 85 ans ont connu un épisode dépressif au cours des 12 derniers mois90.
D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), d’ici 2020, la dépression deviendra la 2e cause d’invalidité à travers le monde, après les troubles cardiovasculaires.
Au Burkina Faso, 2/3 des femmes sont déprimées contre 1/3 des hommes
Une étude a été menée au CHU Yalgado Ouédraogo sur les dossiers de malades de la période allant du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2009. Sept mille neuf cent soixante-quatorze (7 974) dossiers ont été colligés; trois cent vingt-huit (328) cas de dépression masculine ont été retrouvés soit une prévalence de 4, 1%.
L’âge de nos patients variait de 16 à 89 ans avec une moyenne de 34, 6 ± 12, 2 ans. Les tranches d’âge les plus représentées étaient celles de 25 à 34 ans (37, 9%). Les plus fortes prévalences de la dépression ont été observées chez les patients issus du secteur informel (27, 2%) et ayant un niveau de scolarisation au moins égal au niveau primaire (80, 7%). Les célibataires et les hommes mariés étaient autant exposés (47% et 46, 6%) et la majorité d’entre eux vivait en milieu urbain (84, 1%).
Cinquante-quatre pour cent (54%) n’avaient connu aucun événement stressant de la vie avant le début de leur maladie. Les symptômes somatiques (insomnie, hyporexie ou anorexie) étaient au premier plan des motifs de consultation de nos patients (45, 6%). L’épisode dépressif moyen avec symptômes somatiques était le diagnostic le plus retrouvé chez nos patients (25, 2%)[1].
Cette pathologie grave peut conduire au suicide tout comme elle peut être totalement guérie. La dépression peut survenir à tout âge, y compris dans l’enfance, mais elle apparaît pour la première fois le plus souvent à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
Causes
On ne sait pas avec précision ce qui cause la dépression, mais il s’agit probablement d’une maladie complexe faisant intervenir plusieurs facteurs liés à l’hérédité, à la biologie, aux événements de la vie ainsi qu’au milieu et aux habitudes de vie.
Génétique. À la suite d’études réalisées à long terme sur des familles ainsi que sur des jumeaux (séparés ou non à la naissance), on a pu démontrer que la dépression comporte une certaine composante génétique, bien que l’on n’ait pas identifié de gènes précis impliqués dans cette maladie. Ainsi, des antécédents de dépression dans la famille peuvent être un facteur de risque.
Biologie. Bien que la biologie du cerveau soit complexe, on observe chez les personnes dépressives un déficit ou un déséquilibre de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine. Ces déséquilibres perturbent la communication entre les neurones. D’autres problèmes, comme une perturbation hormonale (hypothyroïdie, prise de pilule contraceptive par exemple), peuvent aussi contribuer à la dépression.
Milieu et habitudes de vie. Les mauvaises habitudes de vie (tabagisme, alcoolisme, peu d’activité physique, excès de télévision ou de jeux vidéo, etc.) et les conditions de vie (conditions économiques précaires, stress, isolement social) sont susceptibles de nuire profondément à l’état psychologique. Par exemple, l’accumulation de stress au travail peut mener à l’épuisement professionnel et, à terme, à la dépression.
Événements de la vie. La perte d’un proche, un divorce, une maladie, la perte de son emploi ou tout autre traumatisme peut déclencher une dépression chez les personnes prédisposées à la maladie. De même, les mauvais traitements ou les traumatismes vécus dans l’enfance rendent plus sensibles à la dépression à l’âge adulte, notamment parce qu’ils perturbent durablement le fonctionnement de certains gènes liés au stress.
Les différentes formes de dépression
Les troubles dépressifs sont classés en plusieurs entités : les troubles dépressifs majeurs, les Troubles dysthymiques et les troubles dépressifs non spécifiés.
Le Trouble dépressif majeur est caractérisé par un ou plusieurs Épisodes dépressifs majeurs (une humeur dépressive ou une perte d’intérêt pendant au moins deux semaines associée à au moins quatre autres symptômes de dépression). Le Trouble dysthymique (dys = dysfonctionnel et thymie = humeur) est caractérisé par une humeur dépressive présente la majeure partie du temps pendant au moins deux ans, associée à des symptômes dépressifs qui ne remplissent pas les critères d’un Épisode dépressif majeur. Il s’agit d’une tendance dépressive, sans qu’il y ait une dépression majeure. Le Trouble dépressif non spécifique est un trouble de caractère dépressif ne répondant pas aux critères de trouble dépressif majeur, ni de trouble dysthymique. Il peut s’agir par exemple d’un trouble de l’adaptation avec humeur dépressive ou d’un trouble de l’adaptation avec humeur à la fois anxieuse et dépressive. D’autres termes sont utilisés à côté de cette classification du DSM4 (manuel de classification des troubles mentaux) : Dépression anxieuse. Aux symptômes habituels de la dépression s’ajoutent une appréhension et une anxiété excessives. Troubles bipolaires auparavant qualifié de maniacodépression. Ce trouble psychiatrique se caractérise par des périodes de dépression majeure, avec des épisodes maniaques ou hypomaniaques (euphorie exagérée, surexcitation, forme inversée de dépression). Dépression saisonnière. État dépressif qui se manifeste de façon cyclique, habituellement pendant les quelques mois de l’année où l’ensoleillement est au plus bas. Dépression du postpartum. Chez 60 % à 80 % des femmes, un état de tristesse, de nervosité et d’anxiété se manifeste dans les jours après l’accouchement. On parle de baby blues qui dure entre un jour et 15 jours. Habituellement, cette humeur négative se résorbe d’elle-même. Cependant, chez 1 femme sur 8, une réelle dépression s’installe immédiatement ou apparaît dans l’année qui suit la naissance. La dépression suite à un deuil. Dans les semaines suivant la perte d’un être cher, les signes de dépression sont fréquents, et cela fait partie du processus de deuil. Cependant, si ces signes de dépression persistent plus de deux mois, ou s’ils sont très marqués, il faut consulter un spécialiste. |
Complications
Il existe plusieurs complications possibles liées à la dépression :
La récidive de dépression : Elle est fréquente puisqu’elle concerne 50 % des personnes ayant vécu une dépression. La prise en charge diminue considérablement ce risque de récidive.
La persistance de symptôme résiduels : il s’agit de cas où la dépression ne se guérit pas entièrement et où même après l’épisode dépressif, persistent des signes de dépression.
Le passage à la dépression chronique
Le risque suicidaire : La dépression est la première cause de suicide : environ 70 % des personnes décédant par suicide souffraient d’une dépression. Les hommes dépressifs de plus de 70 ans sont les personnes les plus à risque de se suicider. Les idées de suicide appelées parfois « idées noires » sont un des signes de dépression. Même si la plupart des personnes ayant des idées de suicide ne font pas de tentative, c’est un signe d’alarme. Les personnes dépressives pensent au suicide pour arrêter une souffrance qui leur paraît insupportable.
Les troubles associés à la dépression : La dépression a des liens physiques ou psychologiques avec d’autres problèmes de santé :
Anxiété, Dépendance : Alcoolisme ; abus de substances telles que le cannabis, l’ecstasy, la cocaïne ; dépendance à certains médicaments comme les somnifères ou les tranquillisants…
Augmentation du risque de certaines maladies : maladies cardiovasculaires et de diabète. En effet, la dépression est associée à un risque plus élevé de problèmes cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux. Par ailleurs, le fait de souffrir de dépression pourrait accélérer légèrement l’apparition du diabète chez les personnes déjà à risque. Les chercheurs soutiennent que les personnes dépressives sont aussi moins portées à faire de l’exercice et à bien manger. De plus, certains médicaments peuvent accroître l’appétit et occasionner un gain de poids. Tous ces facteurs augmentent le risque de diabète de type 2.
Peut-on guérir de la dépression ?
Oui. On en guérit. 90% des cas peuvent être guéris ou à défaut équilibrés. Si la maladie est bien diagnostiquée, elle se traite facilement et assez rapidement. Non traitée, elle peut s’aggraver et même conduire au suicide.
Le traitement peut aller de la prise d’antidépresseurs à la psychothérapie, c’est-à-dire le traitement par l’entretien, l’éducation du patient à connaitre sa maladie et son traitement.
Cependant certaines personnes estiment que les médicaments coûtent cher et, par conséquent, ne terminent pas toujours le traitement.
Il y a aussi certains non-dits dans les familles qu’il faut parfois extérioriser pour pouvoir traiter la dépression. A cela s’ajoute le dysfonctionnement communicationnel dans le couple qu’il faut veiller à corriger.
DCPM/Ministère de la Santé
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