Agression d’Adja Divine : Célestin Badolo s’adresse au ministère de la promotion de la femme
Dans cette lettre ouverte, Célestin Badolo s’adresse au ministère de la promotion de la femme après l’agression de l’artiste Adja Divine le 23 mai 2017.
Madame la ministre, il a été donné au monde entier de voir une dame mise à nue, lynchée au motif qu’elle serait voleuse d’enfants. Il a fallu l’intervention musclée de la gendarmerie nationale pour lui sauver la vie. Je voudrais dans cette adresse et en cette femme, rendre hommage à toutes les femmes du Faso.
Elles sont nombreuses et muettes celles qui chaque jour comme cette pauvre dont on a présenté la nudité dans la rue et sur les ondes, à souffrir dans les maisons sous le joug d’une société criminelle dite moderne qui n’a plus que faire de la dignité humaine.
Oui elles sont nombreuses et anonymes ces pauvres dames qui reçoivent de plus violents coups aussi moraux que physiques sur elles chaque jour et qui malheureusement en meurent. Les raisons pour lesquelles elles souffrent le martyr sont aussi multiples que farfelues malgré nos lois et institutions qui se veulent protectrices. Mais aucune loi n’est aussi bonne pour protéger une société si la volonté des acteurs n’y agit.
Alors madame la ministre, vos efforts en faveur de la société burkinabè en passant par la femme seront vains si à cette occasion vous n’agissez pas. En votre autorité nous voulons toucher toutes les associations de promotion de la femme, c’est maintenant ou jamais. Il faut mettre les textes en application, il faut porter plainte, il faut poursuivre devant l’autorité compétente ceux qui pense pouvoir impunément fouler aux pieds les règles de la République. Il faut le faire car pour rien n’au monde on ne saurait s’adonner à de telles pratiques à ce siècle où toutes les lèvres sont marquées du sceau de la protection de la femme.
Pour ce faire, nous dénonçons deux (02) groupes de personnes et les enquêtes peuvent permettre de situer les responsabilités. Ce sont d’abord tous ceux qui ont été à l’origine et dans l’action du lynchage de la dame, et la RTB pour avoir diffusé ces images. Au premier groupe, nous reprochons d’une part de se rendre justice alors que les voix de recours existent contre cette dame qu’ils accusent et d’autre part, de porter atteinte à l’intégrité physique et morale de cette dernière.
Au second groupe (la RTB et tous autres organes qui auraient diffusé ces images de la nudité de la femme), nous reprochons de porter atteinte à l’intégrité morale de la victime et aux mœurs publiques car pour informer les populations de cette affaire, ils (les organes de télé) n’avaient nullement pas besoin de diffuser l’image de cette femme nue et impuissante. Quelle déontologie !
« En Afrique, les droits de l’homme sont abondamment proclamés, insuffisamment protégés et constamment violés », écrivait le Professeur René Digni Segui en 2001. Quinze (15) ans après, cette assertion semble toujours vraie. Nos politiques en faveur de la femme ne sont que vanité si la cause de la femme reste juste un argument pour mobiliser des ressources financières et que sur le terrain, elles ont laissées à elles-mêmes alors que tous les moyens existent pour les protéger.
Au-delà de la corvée d’eau qu’elles endurent contrairement à nos promesses, au-delà de toutes les difficultés qu’elles endurent (sans appui de nos politiques) quand elles portent une grossesse ; cet acte de lynchage est une atteinte à l’ordre public et sous aucun prétexte votre département ne saurait s’y soustraire. Cela y va de l’intérêt de tous.
Célestin Badolo
Activiste de la démocratie et de la bonne gouvernance
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