L’ANEB dénonce « une clochardisation continue de l’étudiant burkinabè »

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Ceci est un message de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) à l’occasion de la rentrée universitaire.

Camarades étudiantes et étudiants,

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Le 2 octobre 2017, les différents instituts et Unités de Formation de Recherche(UFR) des universités publiques de la ville de Ouagadougou ont repris les activités académiques et pédagogiques. A cette occasion, le Comité Exécutif (CE) de l’ANEB-Ouaga souhaite une bonne rentrée à tous les étudiants et leur adresse ses encouragements. Aux militants et sympathisants, le CE vous félicite pour votre engagement et votre constance dans la défense ferme des intérêts des étudiants.

Camarades étudiantes et étudiants,

Cette reprise s’effectue dans un contexte marqué par la faillite du système éducatif suite à l’application sans état d’âme des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS). Ainsi, l’école burkinabè est dans un état de destruction sans précédent. La crise structurelle du système éducatif qui n’épargne aucun des ordres d’enseignement est cependant particulièrement aigue au niveau des universités publiques de la ville de Ouagadougou.

En effet, au plan académique, les retards et le chevauchement des années académiques, avec comme résultat des années académiques sans tête ni queue se poursuivent dans les différentes UFR en dépit des mesures de « blanchiment technique ». L’application du système Licence Master Doctorat (LMD) a créé un vrai chaos à l’Université Ouaga1 Pr Joseph Ki Zerbo. Quatre années académiques 2013-2014, 2014-2015, 2015-2016, 2016-2017 cohabitent à l’Université Ouaga1 Pr Joseph ki Zerbo. Les bacheliers de 2011 orientés à l’UFR SVT n’ont toujours pas obtenu une licence en 2017 !

Les problèmes d’infrastructures se posent avec acuité. Le nombre de places assises dans les amphithéâtres est largement dépassé et l’Université Ouaga2 n’a pas de site propre, obligeant les étudiants à squatter des locaux inadaptés (SIAO, salles CAMILIEN, salles EFEC) pour suivre des cours.

Le phénomène de la fuite des milliers d’étudiants hors de nos universités dû aux conditions de vie et d’étude insupportables, taux d’échecs élevés, impossibilité de poursuivre après la licence ; se renforce année après année… L’inadéquation des diplômes avec le marché de l’emploi est devenue un problème chronique.

Le cas le plus récent concerne le diplôme de Licence ST option mathématiques rejeté lors du concours lancé par l’Institut de Formation et de recherche démographique (IFORD) en février 2017 au motif que la Licence Mathématiques de l’UFR SEA n’est pas recevable.  

Sur le plan social, on assiste à une clochardisation continue de l’étudiant burkinabè. En effet, les repas au restaurant universitaire sont devenus hypothétiques du fait du contingentement des plats. De ce fait, bon nombre d’étudiants désertent les cours à partir de 10h en vue de s’assurer un repas au restaurant universitaire. En plus, les plats servis sont de piètre qualité. Les bourses sont insuffisantes et le taux de l’aide est largement dépassé par le coût de la vie.

Cette situation des allocations et Œuvres sociales est exacerbée par les retards académiques qui entrainent leur blocage. Les étudiants sont en effet contraints d’attendre 18 à 24 mois en moyenne dans certaines UFR pour obtenir un simple relevé de note afin de renouveler leurs allocations sociales.

Le logement demeure un casse-tête chinois pour les étudiants avec un faible taux (6%) d’étudiants logés. Les plus chanceux en cité universitaire sont des potentiels sans domicile fixe du fait des fermetures punitives des cités universitaires à la moindre occasion par les autorités de la IVème république. Malgré ces conditions de vie déjà difficiles, le Centre national des œuvres universitaires (CENOU) nourrit le secret espoir d’augmenter le coût des prestations sociales (tickets de restauration, lits, transports…).   

Sur le plan des libertés, il existe toujours des textes liberticides régissant les franchises et libertés académiques et qui permettent aux autorités de faire intervenir les forces répressives sur les campus à tout moment. C’est le cas avec le décret n°2000-560/PRES/PM/MESSRS/SECU du 12 décembre 2000 relatif aux franchises académiques. L’adoption en conseil des ministres, du décret liberticide n°2012-646/PRES/PM/MESS du 24 juillet 2012 portant régime disciplinaire applicable aux étudiants et aux candidats aux examens et concours organisés par les universités publiques du Burkina Faso, a ouvert la voie à toute sorte d’abus et de sanctions arbitraires sur nos campus comme ce fut le cas avec l’exclusion de quatorze (14) de nos camarades de l’université de Koudougou en 2012.

Camarades étudiantes et étudiants,

Les 27, 28 et 29 juillet 2017 se sont tenu « les Concertations sur la résorption des retards et des chevauchements des années académiques dans les Instituts publiques d’enseignement supérieur du Burkina Faso » organisées par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MESRSI). Mais cette rencontre s’est révélée être une de plus. Elle n’a pas permis de trouver les solutions « miracles » annoncées par ses organisateurs.

Camarades étudiantes et étudiants,                                                                        

Face à cette faillite du système éducatif et à la destruction progressive de notre avenir, aucune organisation sérieuse ne peut rester silencieuse. Toutes les structures associatives notamment à caractère syndical sur les campus sont fortement interpelées. Les structures syndicales des étudiants devront continuer le travail déjà entamé pour une unité d’action sur le campus, et sur cette base grouper massivement les étudiants autour de leurs préoccupations essentielles pour une amélioration de leurs conditions de vie et d’étude. L’expérience du mouvement étudiant a démontré que l’unité dans la lutte crée de meilleures conditions pour la défense ferme des intérêts des étudiants. En témoigne les luttes menées sous la houlette du Collectif des Organisations Démocratiques des Etudiants (CODE) au cours des années académiques 1991-1992, 1992-1993, celles menées en octobre-novembre 2015  qui ont enregistré des acquis et renforcé la conviction chez les étudiants que l’unité d’action des structures syndicales est salvatrice.                 

C’est pourquoi, le Comité Exécutif de l’ANEB, lance un appel à tous les acteurs et les structures de défense des intérêts des étudiants des universités de la ville de Ouagadougou à un front large pour l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants. Par ailleurs, l’ANEB interpelle les autorités politiques et universitaires à se pencher diligemment sur les problèmes des universités de la ville de Ouagadougou ; appelle l’ensemble des étudiants à se mobiliser avec elle pour l’amélioration de leurs conditions de vie et d’étude.

En avant pour une école démocratique et populaire en faveur des enfants du peuple !

Pain et liberté pour le Peuple !

Le Comité Exécutif

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