Diabré : « 2018 sera-t-il mieux ? L’Opposition politique le souhaite de tout cœur »

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Le Chef de file de l’opposition politique Zéphirin Diabré a fait sa déclaration de fin d’année dont voici l’intégralité.

Très chers compatriotes,

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Filles et fils du Pays des hommes intègres,

Frères et sœurs de la Diaspora,

Frères africains et amis étrangers vivant au Burkina Faso,

Peuple du Burkina Faso,

L’Opposition politique  est heureuse de vous souhaiter une très  bonne et  très heureuse année 2018.

A chacune et à chacun d’entre vous, à vos familles, à vos amis, à vos  connaissances et à vos collègues de travail, nous souhaitons une nouvelle année porteuse de santé, de longévité, de succès, et de prospérité.

A notre cher pays, le Burkina, nous souhaitons une année de sécurité,  de concorde, de paix et de progrès mieux partagé.  

L’Opposition politique a une pensée toute particulière pour nos compatriotes de la diaspora, eux qui, de Paris à Abidjan, de Rome à Libreville, de Dakar à New York, portent au plus haut le flambeau du Burkina  sur la scène mondiale.  

Enfin, A tous ceux qui, venus d’autres pays, ont choisi de vivre et lutter avec nous, nous disons, soyez comme chez vous, et nous souhaitons une bonne année 2018.

2017 a été une année très difficile pour  les Burkinabè !

A cause de la gestion chaotique du pouvoir du MPP, notre pays est devenu un pays « yada yada » où tout va à reculons !

Ainsi que le révèlent les dernières enquêtes d’opinion, notre pays est dirigé par un gouvernement paresseux et incompétent en qui vous ne faites nullement confiance pour régler vos problèmes, et qui du reste n’a rien fait pour régler vos problèmes.

 2017 aura  encore été une année d’attaques terroristes tous azimuts, dont la plus meurtrière aura été celle du café Aziz. Ces attaques sont devenues si fréquentes qu’elles ne semblent plus étonner personne. Face à ces actes barbares et ignobles, nos premières pensées sont pour les victimes. Que Dieu, dans son immense bonté, accorde le repos à ces  êtres chers arrachés si brutalement à leurs familles, et console les cœurs meurtris.

C’est le lieu pour l’Opposition politique de saluer le courage, le professionnalisme  et le sens élevé du sacrifice de nos forces de défense et de sécurité, qui veillent sur la nation au péril de leur vie.

A tous nos valeureux officiers, sous officiers et soldats qui sillonnent actuellement les pistes désertiques du sahel, dans la nuit noire, la poussière et le froid, nous disons avec admiration et humilité: Bonne et heureuse année 2018 !

Très chers compatriotes,

Toute notre histoire a démontré que le Burkinabé est un homme de  bravoure, un homme de  courage

L’opposition politique sait très bien, que nos  forces de défense et de sécurité travaillent dans des conditions très difficiles, et qu’elles consentent d’énormes sacrifices pour assurer notre quiétude à tous.

Nos officiers et nos  soldats sont à l’image de nos parents et grands parents qui ont laissé des souvenirs glorieux  sur les champs de bataille d’Europe et  d’Indochine. L’Opposition politique sait que notre armée peut vaincre n’importe quel ennemi. Les récentes victoires obtenues sur les forces de la terreur en témoignent.

Mais nous avons un problème ! Et ce problème, disons le tout net, c’est  la manière dont les  secteurs de la Défense et de la Sécurité sont  gérés aujourd’hui.

Nous ne gagnerons jamais cette guerre asymétrique si notre Défense et notre sécurité  continuent  à  être   gérées avec légèreté, et improvisation. Pour gagner cette guerre, nous avons besoin de compétence, de vision et de crédibilité à la tète de ces secteurs. Or, ceux qui gèrent aujourd’hui  ces départements ne sont pas à la hauteur des enjeux.

 L’opposition politique a déjà demandé au Président Kaboré le départ du ministre Simon Compaoré. Nous insistons, car pour nous, il n’a ni les compétences, ni la stature, ni la crédibilité pour mener ce combat. Notre jugement est le même pour ce qui concerne le secteur de la défense nationale. Et cette opinion rencontre celle de l’écrasante majorité des burkinabé.

Si les attaques terroristes sont imputables aux ennemis de la nation, l’organisation de la riposte relève du devoir de l’Etat.

Il est donc plus qu’ urgent que  des mesures énergiques soient prises, pour  redonner confiance à nos troupes, les galvaniser et engager l’assaut final contre les forces du mal !

Il est également crucial que nos compatriotes, y compris les agents de l’Etat,  qui vivent au plus prés les angoisses, les dangers et les répercussions néfastes du terrorisme, dans les régions les plus exposées, soient assurés de la solidarité active de la Nation.

Très Chers compatriotes,

Le front social n’a jamais été aussi bouillant qu’en 2017. L’année qui s’achève aura été marquée par des grèves à répétions dans les secteurs public et privé. Ces derniers jours, c’est le secteur de l’éducation qui vit  une crise grave.

L’Opposition politique  est pleinement solidaire de tous les travailleurs Burkinabé qui luttent pour de meilleures conditions de vie. Cette solidarité est un devoir pour nous, car nos militants et sympathisants sont avant tout des citoyens et des travailleurs qui font face aux mêmes difficultés que l’ensemble de leurs compatriotes.

Un travailleur ne va en grève par plaisir. Il le fait parce qu’il n’a pas le choix.

C’est pourquoi nous interpellons vigoureusement nos autorités. Au lieu de passer leur temps à voir la main des opposants derrière les conflits sociaux, elles devraient plutôt accorder une oreille plus attentive aux doléances des travailleurs, et œuvrer dans le cadre d’un dialogue franc, à satisfaire  leurs  aspirations à de meilleures conditions de vie et de travail. C’est pour cela que le peuple les a élues !

C’est le lieu pour l’’Opposition de reconnaitre  et de saluer l’ardeur au travail  des Burkinabè. Nous rendons hommage à l’enseignant qui combat les mitrailleuses de l’obscurantisme, armé de  son stylo, de  sa craie et de sa foi en l’avenir du pays.

 Nous encourageons les efforts de l’agent de santé, sans matériel et sans infrastructures adéquates, qui lutte pour sauver des vies. Nous  saluons  la bravoure du paysan, qui remue la terre et en cueille les fruits pour tous, malgré une pluie qui se fait rare.

Nous sommes reconnaissants aux  ouvriers, aux  commerçants, aux  élèves et étudiants, aux particuliers, pour les efforts qu’ils déploient quotidiennement  en faveur de la construction du Burkina Faso.

Nous saluons l’engagement de notre secteur privé, ces hommes qui entreprennent, qui construisent, qui créent et développent des entreprises, et qui offrent ainsi du travail à notre jeunesse et des salaires à leurs  employés pour faire vivre leurs familles.

2017 n’a malheureusement pas apporté une amélioration au sort des  centaines de milliers de jeunes plongés dans le chômage, ces travailleurs qui ont perdu leur emploi du fait de la fermeture d’usines ou de la perte de leur outil de travail.

L’éléphant PNDES tant annoncé   depuis Paris est arrivé au Burkina  avec tous les pieds cassés. Comme vous, nous entendons chaque jour siffler les milliards. Comme vous, nous ne voyons pas un seul franc !

L’Opposition invite instamment le pouvoir à se mettre réellement au travail en 2018, pour relancer véritablement  l’économie, réveiller notre industrie, afin d’offrir des emplois décents à notre brave jeunesse, et  permettre aux ménages de faire face à la vie chère.

Vous le reconnaitrez avec nous,  la gouvernance qui nous été servie en 2017 laisse à désirer.

Le MPP a poursuivi sa politisation de la fonction publique, en privilégiant la nomination de ses militants incompétents, toute chose qui a considérablement diminué la réactivité de notre administration et sa capacité à concevoir et mettre en œuvre les projets de développement.

L’autorité de l’Etat a continué  de se dégrader et l’incivisme des faibles, nourri par l’impunité des puissants, continue de plus belle. Le Burkina est devenu comme un pays laisse-guidon dont on ne sait pas où il va, et dont on se demande parfois s’il est même dirigé.

En 2017, la mauvaise gestion de la chose publique et la corruption ont  connu des jours heureux, alimentés par le laxisme dans les nominations, et  par la distribution des marchés de gré à gré que le vote de loi sur les PPP a autorisé. Des hommes d’affaires proches du MPP se sont enrichis, pendant que les hommes d’affaires honnêtes continuent de pleurer. Et notre économie  est prise en otage par un clan de nouveaux riches créés de toutes pièces par le pouvoir actuel, et qu’il enrichit à chaque conseil de ministres.

Malgré les discours officiels qui célèbrent son indépendance, la justice de notre pays donne l’image d’une institution  manipulée  et  instrumentalisée au profit de la stratégie électorale du MPP pour 2020.

Or, la justice doit dire le droit, en toute indépendance. Elle ne doit pas servir d’instrument de règlement de compte politiques, ou de moyen de neutralisation des adversaires politiques.

Enfin plus que jamais, le Burkina Faso reste un pays divisé. Les burkinabé espéraient qu’en 2017, le Président du Faso allait  engager des initiatives fortes en faveur de la  réconciliation nationale. Rien n’a été fait !

Les peuples avancent quand ils sont capables de solder leur passé quel qu’il soit. L’Opposition politique a toujours réaffirmé son attachement au tryptique Vérité-Justice- Réconciliation, étant entendu  que notre justice doit être dépolitisée, juste, et être équitable pour tous.

Mais par-dessus tout, l’impératif de réconciliation est aujourd’hui plus fort que jamais. Nous sommes convaincus que seul un peuple réconcilié peut affronter sereinement les défis de la vie. Sans réconciliation nationale, il nous sera difficile de surmonter nos difficultés actuelles et encore moins de bâtir un avenir prospère pour nos enfants.

Dans un contexte de forte déprime, nos sportifs ont réussi à nous donner le sourire. L’Opposition politique est fière de nos sportifs  de toutes les catégories, qui ont bataillé avec patriotisme pour arracher des victoires, particulièrement  à la CAN 2017, aux Jeux de la Francophonie à Abidjan et au Tour du Faso. Aux artistes et autres professionnels de la culture qui ont bercé 2017 de leurs mélodies, de leurs touches et de leurs créativités, nous exprimons notre profond respect et nos vœux de succès.

Très chers compatriotes,

Il vous est surement arrivé, en 2017, de vous poser cette question : « Qu’est-ce qui arrive à notre pays ? »Votre inquiétude est légitime. Parce que votre déception est générale !

2018 sera-t-il mieux ? L’Opposition politique le souhaite de tout cœur, car l’opposition ne peut pas être contre ce qui est bon pour le Burkina.

Mais à vrai dire, sur la base de ce que nous avons déjà vu, nous sommes sceptiques comme vous tous. Nous sommes sceptiques parce que nos dirigeants ne nous semblent pas capables de relever le défi. Nous souhaitons vivement que le moment venu, le pouvoir nous démontre, preuve à l’appui,  que nous avons eu tort d’être sceptiques.

Malgré nos  divergences, nous  ne perdons jamais  de vue que nous sommes des Burkinabè, des frères et sœurs d’un même  pays que nous voulons voir progresser et  rayonner à travers le monde.

Dans tous les cas, la  véritable responsabilité d’améliorer la situation de notre pays incombe d’abord au Président du Faso et à son parti, le MPP, et leurs alliés politiques,  car c’est à eux que les Burkinabè ont confié la gestion du pays. Ils doivent retrousser leurs manches et attaquer de front les problèmes, au lieu de passer le temps à accuser l’ancien régime, oubliant que tous les projets qu’ils  inaugurent actuellement en grande pompe, ont été initiés par ce dernier.

C’est pour cela que l’opposition exhorte le  Président du Faso :

  • A s’investir pleinement et entièrement dans la lutte contre le terrorisme, en changeant radicalement la méthode de gestion de nos questions de Défense et de Sécurité
  • A instruire son Gouvernement pour engager un dialogue sincère avec les organisations syndicales pour négocier une paix sociale véritable,
  • A renouer avec l’esprit de l’insurrection, en gérant le pays conformément aux valeurs et aspirations qui ont conduit notre pays au soulèvement populaire des 30 et 31 Octobre 2014,
  • A œuvrer sincèrement pour la réconciliation nationale, afin de raffermir la cohésion nationale et permettre à notre pays de mieux affronter les défis qui l’assaillent.

Tout comme elle l’a fait en 2017, fidèle à sa mission, l’Opposition s’engage en 2018 à continuer de jouer pleinement son rôle de contre pouvoir, en se faisant l’écho de vos attentes, de vos déceptions et de vous souffrances, et en communiant d’esprit et d’action avec toutes les forces de changement de notre pays.

En particulier, l’opposition apportera sa contribution pleine et entière à la résolution de  l’épineuse question de la réconciliation nationale, car elle est convaincue que c’est le chemin de l’avenir du Burkina Faso.

Mais notre action en tant qu’opposition républicaine n’aura  de sens que si la majorité politique croit vraiment aux vertus de  la démocratie, et accepte le partage des rôles qu’elle implique. Or, tel n’est pas le cas. Nous sommes en face d’un nouveau ancien pouvoir pour qui la seule démocratie qui vaille, c’est celle qui garantit ses intérêts et assure son hégémonie, quelque  en soient  les méthodes. Déjà, depuis Juin 2016, ce pouvoir a enterré les rencontres  Majorité /Opposition qui offraient  un cadre où s’exprimaient nos accords et nos désaccords sur les questions touchant à la vie du pays. Récemment encore, il n’a pas hésité, à débaucher des députés félons pour se fabriquer une opposition docile alors qu’il dispose déjà d’une majorité confortable au sein de l’Assemblée nationale. Cette méthode de prostitution politique n’honore pas notre démocratie. Elle est aux antipodes des valeurs autour desquelles notre peuple s’est insurgé.

Mais plus fondamentalement, ces manières de faire posent des questions sérieuses sur le sens des rapports  entre l’Opposition et la Majorité qui nous gouverne et sur les limites de notre système démocratique. Elles  nous interpellent tous, en tant que démocrates et citoyens, et nous imposent de  tirer les enseignements qui s’imposent, pour le salut du Burkina, notre patrie à tous.

Très chers compatriotes,

Filles et fils du Pays des hommes intègres,

Frères et sœurs de la Diaspora,

Frères africains et amis étrangers vivant au Burkina Faso,

Peuple du Burkina Faso,

Très Bonne et très heureuse année 2018! 

Que Dieu bénisse et protège notre grand pays, le Burkina Faso !

Ouagadougou, le 31 décembre 2017

Le Chef de file de l’Opposition politique,

Zéphirin DIABRE

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