8-Mars 2021 au Burkina Faso : Des femmes gendarmes à l’assaut du terrain
Célébrée chaque année, la journée du 8-Mars est considérée comme dédiée à la lutte pour la liberté des femmes. Au Burkina Faso, cette journée est célébrée dans plusieurs régions, à travers des formations, des conférences et des rencontres avec les autorités du pays sur la contribution de la femme dans le développement. Elle est également une journée pour leur permettre de s’exprimer davantage. Pour cette année 2021, nous mettons en exergue la contribution du personnel féminin de la Gendarmerie nationale dans la lutte contre le terrorisme. Deux dames lèvent un coin de voile sur le métier de femme gendarme.
Dans la lutte contre le terrorisme, les femmes sont déployées dans les zones à risque comme les hommes. Contrairement à ce que certains font croire, elles sont engagées aux côtés des hommes, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Une rencontre avec deux femmes de la Gendarmerie nationale de Paspanga a permis de mettre en lumière la contribution de l’autre moitié du ciel dans la lutte contre le terrorisme.
L’adjudant Aline Désiré Kaboré est titulaire d’un Bac A5 et est en service à la Brigade Territoriale de la gendarmerie de Ouagadougou. Avec 14 ans de service, elle est de la 1ere promotion des élèves sous-officiers de la gendarmerie/35e promotion élèves sous-officiers de la gendarmerie nationale.
« J’ai été recrutée en 2007, je suis sortie en 2009. Après ma sortie, j’ai passé une année à l’escadron mobile de Ouagadougou. Après, on m’a affectée à Bobo-Dioulasso où j’ai fait 4 ans à la Brigade territoriale, 5 ans à la brigade de recherche et je suis à ma 3e année à la Brigade territoriale de gendarmerie de Ouagadougou », rapporte-elle.
L’adjudant Aline Désiré Kaboré a une très bonne collaboration avec le personnel masculin et bénéficie du soutien de sa famille. Selon elle, aucune difficulté rencontrée ne lui a fait regretter son choix. Par contre, lorsqu’elle n’arrive pas à participer aux activités familiales, elle se fait des remords.
« Si tu es femme, tu ne sais pas ce que tu veux, tu ne connais pas tes valeurs, l’armée n’est pas ta place »
« Ça ne manque pas. C’est le métier des armes. C’est fréquent. C’est très fréquent même d’ailleurs. Mais il faut vraiment la compréhension des parents et savoir s’excuser aussi à chaque fois que l’évènement se passe », se justifie-t-elle.
En ce qui concerne la fête du 8-Mars, le personnel féminin de la gendarmerie nationale est heureuse de la célébrer. Au cours de cette journée, certaines seront de service et d’autres de repos. Ainsi, le personnel féminin commémore cette journée à travers notamment des dons aux malades et visites aux personnes âgées. Avec la situation sécuritaire, ces actions ne sont plus mises en œuvre.
L’adjudant Aline Désiré Kaboré conseille ses sœurs à se battre pour réussir et à mériter leur place. « Quand on est femme, ce n’est pas facile. Donc l’armée n’est pas facile et c’est un métier d’amour, de respect et d’intégrité. Si tu es femme, tu ne sais pas ce que tu veux, tu ne connais pas tes valeurs, l’armée n’est pas ta place », conseille-t-elle en souhaitant heureuse fête à toutes les femmes.
Dans le déploiement sur les terrains à risque, l’armée ne fait pas de distinction de sexe. Parmi celles qui sont déployées avec les hommes, se trouvent des combattantes, des spécialistes dans le domaine de la logistique et dans d’autres spécialités.
Défendre et soigner, le MDC Abadjan A. Bonannée témoigne
Le Marechal des Logis chef (MDC) Abadjan A. Bonannée a été déployée plusieurs fois sur le terrain de combat. Elle est de la 37e promotion d’élèves sous-officiers de la gendarmerie nationale et infirmière à la direction du service de santé de la gendarmerie. Elle est titulaire d’un Bac D et recrutée en décembre 2009. Après deux ans de formation à l’école des sous-officiers de la gendarmerie, elle a rejoint le terrain.
Combattante, le Marechal des Logis chef Abadjan A. Bonannée a, de ce fait, une particularité. Celle de se défendre, tout faire comme les autres, venir en aide aux blessés et leur apporter un soutien psychologique. Dans l’exercice de ses fonctions, elle a bénéficié d’une formation avec Patrice Goumbri, expert des Nations-Unies en gestion de stress et premier secours psychologique.
Outre celle-ci, elle a participé à une formation lors de sa mission au Soudan. Laquelle a porté sur l’intégration du personnel féminin dans les unités combattantes pour la prise en charge des femmes et des enfants dans les lieux de crise. Le MDC Abadjan a été déployée en 2017 à Oursi, en 2019 à Arbinda et à Toéni et encore à Arbinda en 2020.
Bien qu’il y ait une bonne collaboration entre le personnel masculin et elle, le premier déploiement du MDC Bonannée n’a pas été simple, car dit-elle, elle était la seule femme parmi une centaine d’hommes. « Très vite, je me suis adaptée parce qu’avant tout, nous sommes des frères. Et en partant sur ce terrain de combat, on s’est mis en tête qu’on doit revenir comme on est parti au nombre. On se soutient avec une bonne collaboration », relate-t-elle.
L’infirmière Abadjan a 12 ans de service. Elle a été décorée de la médaille commémorative avec agrafe Soudan. Elle a ainsi emboité les pas de son père qui est de l’armée et a accompli son désir de porter le béret.
La contribution au développement du pays est l’une des satisfactions du MDC Bonannée. Bénéficiant du soutien de son mari et de sa famille, elle ne regrette en aucun cas son choix. « Mon époux arrive à me comprendre. Dieu merci, il est du corps aussi. Il me soutient comme il peut », confie-t-elle.
« Quand on finit le service, on enlève cette peau de gendarme et on devient une épouse »
Il est souvent commun de se demander comment se passe la vie de femme gendarme. Arrive-t-elle à se départir de son métier dans son couple ? Le MDC Abadjan A. Bonannée rassure sur cette question.
« Avant toute chose, nous sommes des femmes. Le service, c’est le service. Et quand on finit le service, on enlève cette peau de gendarme et on devient une épouse comme toute autre femme dans nos foyers », affirme-t-elle.
Le MDC Bonannée passe le temps avec sa famille lors de ses jours de repos. Le 8-Mars, selon elle, est une journée dédiée à la femme afin de lui permettre de s’exprimer et faire valoir ses valeurs. Elle conseille ses sœurs à embrasser le métier s’il s’agit de leur rêve, tout en évitant de penser qu’elles seront mal vues par la société. « On s’adapte à tout », conclut-elle.
Le personnel féminin assure donc les mêmes fonctions que le personnel masculin. En ce qui concerne l’encouragement des déploiements des femmes dans les zones de combats, les deux dames du personnel de la gendarmerie nationale de Paspanga se laissent à l’appréciation de leurs supérieurs, au regard des résultats engrangés.
Alice Suglimani THIOMBIANO
Burkina 24
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