« Ces trois hommes forts de la Guinée, du Mali et du Burkina sont de la même promotion » (Hamado Dipama)

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L’Afrique n’est pas une cuisine dans laquelle les autres continents viennent se servir et laisser l’Afrique mourir de faim. C’est ce que pense Hamado Dipama, Burkinabè Vivant en Allemagne et panafricaniste. Pour lui, le Coup d’Etat perpétré par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la Restauration (MPSR), le 24 janvier 2022 ayant renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, constitue un recul du processus démocratique engagé au Burkina Faso. Hamado Dipama propose que la junte au Burkina Faso et ailleurs ait recours à l’aide extérieure pour des situations ponctuelles. Lisez plutôt !

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Burkina 24 : Présentez-vous ?

Hamado Dipama (HD) : Je suis Hamado Dipama, burkinabè résidant à Munich. Je suis dans le mouvement panafricanisme et membre du Conseil des étrangers de la ville de Munich au niveau régional et l’un des 5 délégués au niveau national. 

Burkina 24 : Que pensez-vous du coup d’Etat qui a renversé le régime de Roch Marc Christian Kaboré ?

HD : Etant Burkinabè vivant à l’étranger, nous notons que tout s’est passé à ma présence car je suis en vacances actuellement et ma première analyse est de dire que cela est un recul du processus démocratique qui était engagé dans notre pays. 

C’est un coup encore, dans ce pas positif que nous avons fait depuis 2014 et après 2014. Nous pouvons dire qu’il y a eu quelques avancées et je parle bien du processus démocratique. C’est bien vrai qu’il y a certaines choses qui ne marchent pas ou qui n’ont pas marché au niveau du gouvernement. A mon avis l’on pouvait régler cela d’une autre façon d’autant plus que le gouvernement de Roch était à son dernier mandat.

Nous sommes obligés d’accepter la situation telle qu’elle se présente et nous sommes tenus d’accompagner la junte pour le meilleur de notre pays. J’ai écouté le discours du président du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration, Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Nous avons beaucoup d’attentes parce que c’est une situation qui nous a surpris. Et cette surprise là, nous croyons qu’elle peut emmener le Burkina dans un élan positif. C’est vraiment dommage que nous en sommes arrivés là car comme je l’ai dit un peu plus haut c’est un recul du processus démocratique

Burkina 24 : Vous avez dit que nous pouvions régler cela autrement. A quoi faites-vous allusion ?

HD : D’abord il faut dire que Roch n’est pas sur le champ de bataille, ce sont eux les militaires, la police, la gendarmerie qui y sont. Le lieutenant-colonel Damiba qui vient de faire ce coup d’Etat a été nommé en décembre et d’ailleurs dans cette région et je pense qu’il y a une certaine responsabilité qu’il devrait accomplir.

Maintenant, pourquoi cela n’a pas marché, pourquoi sont-ils au pouvoir et voici des questions auxquelles je ne peux pas répondre. C’est la raison pour laquelle, j’observe en tant que citoyen qui aime son pays, son continent et qui vit en dehors de mon continent et cela ne veut pas dire que ce qui se passe ici ne me préoccupe pas. Nous pensons jour et nuit sur la situation de notre pays et du continent, raison pour laquelle j’observe ou j’ai des analyses critiques sur la situation.

Burkina 24 : Quelles sont vos attentes ?

HD : Je souhaite qu’il respecte tout ce qu’il a dit car j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt son discours. Je souhaite qu’il restaure l’intégrité territoriale et j’espère qu’étant chef d’’Etat il pourra relever ce défi parce que nous pensons qu’il pouvait le faire en étant commandant sur le terrain de bataille. Il faut que la France-Afrique prenne fin. 

Burkina 24 : Pensez vous que les coups-d’Etats peuvent sortir l’Afrique du néocolonialisme ?

Je pense que oui. Si la junte du Burkina veut faire la même chose que le Mali pour changer la donne, c’est-à-dire chercher de nouvelles alliances et mettre une fin à cette politique France-Afrique, je pense qu’ils peuvent nous sortir de façon positive de ce néocolonialisme que nous vivons toujours.

La population criait sur ça mais malgré tout, le gouvernement sortant n’a pas réagi et nous ne savons pas pourquoi. Il n’est pas difficile d’écouter son peuple ou sa jeunesse de répondre à leurs aspirations et qui veut un changement radical de ses rapports France-Afrique. Ailleurs, nous savons que des militaires essaient de répondre à ces attentes là, donc je me dis que ceux-là peuvent aussi faire la même chose. Maintenant s’ils ne réussissent pas cela, alors ma première préoccupation reste.

Burkina 24 : La CEDEAO qui vient de suspendre le Burkina Faso, comment appréciez-vous cela ?

HD : Je pense que la CEDEAO ne pouvait pas faire autre que cela. Et j’attendais cela car c’était prévisible. Mais est-ce que la décision de la CEDEAO a beaucoup d’importance ? Je ne pense pas. Même s’il peut y avoir des situations négatives pour les pays suspendus comme le Burkina Faso mais pas grand-chose. En réalité, ces institutions ne répondent même pas aux attentes du peuple africain.

Où est la CEDEAO quand nos frères et sœurs meurent dans le désert parce qu’ils veulent aller en Europe ? Qu’est-ce que la CEDEAO fait ou est-ce qu’il y a eu une concertation pour parler de cette situation ? Nos frères et sœurs meurent dans la mer parce qu’ils fuient la misère de leur pays. Est-ce qu’il y a eu des sessions même extraordinaires de la CEDEAO pour se pencher sur ces situations ? 

Au temps de Mouammar Kadhafi, qu’est-ce que l’Union africaine a fait concernant la situation de la Libye ? Ils sont là et réagissent seulement que sur des situations pareilles comme au Burkina et au Mali et autres, pour sanctionner. Alors qu’ils doivent être là pour le bien-être de notre continent. C’est une décision qui ne m’a pas surpris. 

Burkina 24 : Pensez-vous que la CEDEAO fait la promotion de la démocratie ?

HD : Comment nous définissons la démocratie ? Est-ce que la démocratie c’est seulement avoir un président élu et c’est tout. Non, je crois que la démocratie est plus que ça. Pour moi, la démocratie c’est quand les aspirations du peuple sont prises en compte et respectées.

Si la CEDEAO, pour promouvoir la démocratie, ne voit seulement qu’un seul côté, c’est-à-dire le fait d’élire un président, c’est que c’est insuffisant. Non, pour moi, la démocratie est plus que ça. La démocratie est si les aspirations du peuple sont prises en compte et respectées, pas seulement les urnes.

Burkina 24 : Pensez-vous que c’est un printemps des généraux qui a commencé en Afrique ?

Non je ne pense pas et j’ose croire que cela ne va pas arriver. Normalement nos présidents en Afrique devraient pouvoir nous faire sortir de notre situation désolante. Maintenant s’ils ne sont pas capables de le faire et si ce sont les militaires qui vont nous sauver, alors cela doit continuer et je me dis tout ce qui s’est passé dans ces trois pays doit pouvoir donner des leçons à certains présidents de corriger leurs façons de voir les choses.

D’être vraiment panafricain de voir les aspirations et respecter cela. Maintenant s’ils ne veulent pas comprendre ce message donné par ces trois pays alors cela sera un printemps des militaires.

Je suis sûr qu’il y aura d’autres pays qui vont suivre et vous voyez que c’est une même génération qui monte au pouvoir. Selon mes informations, ces trois hommes forts de la Guinée, du Mali et du Burkina sont de la même promotion. Nous connaissons d’autres de leur promotion qui sont dans d’autres pays qui ne sont pas encore touchés par une situation pareille et cela n’est pas à écarter. Si ces présidents ne prennent pas conscience et ne changent pas leurs tirs, alors je pense que ça sera le printemps des militaires. 

L’Afrique ne peut pas continuer à être la cuisine des autres et nous ne pouvons pas continuer ainsi. Parce que c’est chez nous il y a à manger et c’est nous qui mourrons de faim et cette cuisine arrive à nourrir d’autres continents ailleurs. Cela ne peut pas continuer.

Burkina 24 : Des voix s’élèvent pour appeler la Russie à l’aide alors que vous parlez de panafricanisme, est-ce que ce n’est pas du copier coller ?

HD : En tant que panafricaniste, j’aurai voulu que nous puissions prendre notre destin en main sans l’aide extérieure. Mais peut-être qu’il faut aussi être réaliste. Car vu les essais dans certains pays qui n’ont pas abouti et peut-être que tactiquement il n’est pas mal de chercher de nouvelles alliances d’essayer un peu d’équilibrer sans aide extérieure pendant que ceux-là sont déjà là.

C’est-à-dire d’aller étape par étape.  Maintenant si nous ne pouvons pas pallier la situation avec notre petite force, là il faut peut-être essayer avec une puissance comme la Russie. Si elle nous aide, je pense que la France aura des difficultés à faire ce qu’elle veut faire, ce qu’elle fait ou ce qu’elle veut faire et après cela il faut les écarter un à un. 

Je pense que ceux-là qui font appel à la Russie, c’est une situation ponctuelle et on leur fait appel pour une situation ponctuelle alors que les autres, eux, sont là depuis et encore pour beaucoup s’éterniser. Faire appel à l’extérieur pour des situations ponctuelles, je pense que c’est bon. Et il faut que nous tentions de devenir un continent et des pays souverains capables de nous défendre nous-mêmes.

Wakiyatou KOBRE (Stagiaire)

Burkina 24

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