« Que font réellement les Européens au Sahel ? » (Grégoire Cyrille Dongobada, observateur militaire)

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Grégoire Cyrille Dongobada, un observateur militaire, se prononce sur la présence des forces militaires européennes au Sahel notamment au Mali voisin.

La région du Sahel fait face à de nombreux défis, parmi lesquels la menace croissante du terrorisme et du crime organisé se distingue. Сes facteurs rendent la région plus vulnérable. En août 2014, la France a lancé l’opération Barkhane pour combattre les groupes djihadistes au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie, au Niger et au Tchad ; en 2020, la Task Force Takuba a été créée composée principalement d’unités des forces spéciales de plusieurs pays d’Europe.

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La France et ses alliés européens estiment que leurs actions visent à soutenir les pays de cette région. Mais cependant, la présence militaire occidentale est souvent critiquée. Ainsi, le Premier ministre du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a déclaré le 4 février dans une interview à l’agence Anadolu que ce sont les partenaires occidentaux du Mali qui ont provoqué le chaos qui a frappé la République.

L’homme politique a également noté que « la France exerce un terrorisme politique, médiatique et diplomatique contre notre gouvernement », commentant à la fois la présence militaire et la pression de la France et de la CEDEAO sur le Mali par le biais de sanctions. Le Premier ministre a aussi remarqué que les États européens font pression sur le Mali parce que son gouvernement veut mener une politique indépendante, ce qui va à l’encontre des intérêts de l’ancienne métropole.

Il convient de noter que divers experts s’accordent à reconnaître que l’opération militaire de la France et de ses partenaires n’a fait qu’aggraver la situation sécuritaire dans la région. Les contingents militaires étrangers sont accusés de ne pas protéger les civils et de lutter efficacement contre le terrorisme.

Selon les rapports d’organisations internationales, le nombre de victimes civiles a atteint 900 pour l’année 2020, avec environ 185 terroristes neutralisés. Cela soulève la question : que font les forces étrangères au Sahel ?

Les experts des ONG déclarent que les lignes de front changent constamment, forçant les gens à chercher le refuge. Ainsi, selon  l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), « le nombre de personnes déracinées a été multiplié par dix depuis 2013, passant de 217.000 à un niveau alarmant de 2,1 millions fin 2021».

Il est à noter que ces dates coïncident avec le début de l’opération militaire française. En outre,  durant des années d’existence de l’opération, le nombre de cas de violations des droits de l’homme a fortement augmenté dans les régions où les forces de la MINUSMA, de Takuba et Barkhane étaient présentes, atteignant 13 000  en 2021.

Ces facteurs indiquent l’inefficacité de la présence européenne dans la région, le président français Macron refuse de reconnaître l’échec de Barkhane et a même déclaré qu’il était « choqué » par les propos de Choguel Maïga selon lesquels Paris avait abandonné le Mali à son sort.

Malgré le fait que les Français n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs dans la lutte contre le terrorisme, la France n’est pas pressée de retirer son contingent militaire de la région. Cette réticence peut être associée à l’extraction illégale de ressources sur le territoire des pays du Sahel.

Selon des estimations approximatives, plus de 15 tonnes d’or sont illégalement exportées du Mali par an, с’est environ 860 000 000 de dollars américains. Paris a été accusé à plusieurs reprises d’exploitation minière illégale dans la ville de Boni et la région de Mopti.

Une situation similaire a été observée en République centrafricaine, où les soldats portugais se livraient à la vente illégale de diamant. De plus, selon le rapport de Legno insanguinato, la société française IFB a financé les militants et exporté illégalement du bois vers l’Europe. Сes facteurs jettent un doute sur les bonnes intentions des Européens en Afrique.

Pour conclure, les Européens n’ont pas réussi à résoudre les problèmes pressants de la région du Sahel. Par ailleurs, la montée des sentiments « anti-français et anti-occidentaux » dans les pays d’Afrique de l’Ouest permet de parler d’une diminution de l’influence occidentale et de supposer un retrait imminent des troupes européennes du Sahel.

Grégoire Cyrille Dongobada

Observateur militaire, chercheur en études politiques

https://twitter.com/GDongobada

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Un commentaire

  1. Quelle naïveté? Donc il y a des gens qui ignorent cette réalité? Depuis quand un blanc va laisser son beau pays pour venir mourir cadeau en Afrique pour des noirs, juste parce qu’il est bon? Les aides que les blancs nous apportent sont nos propres ressources. On finira pas donner raison aux terroristes si nos gouvernants et autres élites restent si naïfs.

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