CMA de Pouytenga : Des agents du bloc opératoire dévoilent leur mode de racket
Le procès contre les onze agents de santé du district sanitaire de Pouytenga s’est ouvert le mardi 31 mai 2022 au Tribunal de grande instance de Koupéla. L’ouverture de ce procès a dévoilé un système de racket savamment orchestré contre des patients, rapporte l’AIB.
Sur les onze prévenus, seuls huit ont été entendus. Ils sont accusés, entres autres, d’avoir soutiré des sommes d’argent à des patients devant subir des interventions chirurgicales et avoir vendu des médicaments. Tour à tour, les prévenus sont passés à la barre pour se défendre.
O.A, infirmière diplômée d’Etat service au district sanitaire de Pouytenga était la première à comparaitre. Elle a reconnu les faits qui lui sont reprochés. « Pour les patients qui viennent à notre niveau sans passer à la caisse, nous percevons 300 francs CFA pour la prise de tension et 1000 francs pour la mise en observation», a-t-elle relaté.
A la demande du président du tribunal à savoir si ces actes sont autorisés, O. A. a répondu par la négative et évoque « une tentative satanique ».
La seconde à comparaitre est T.E. « Nous avons fait cette pratique en trois séances. Si c’est la prise de tension, je ne peux pas dire non. Mais l’achat des produits pharmaceutiques et la mise en observation, je n’aime pas faire ça. Monsieur le président, l’argent qu’on se partageait, je gardais ça pour reverser à la quête au niveau de notre église parce que ma conscience me grondait. Ma religion ne me permet pas de le faire», s’est-elle défendue.
La troisième personne à comparaitre était T.O, attaché en chirurgie au District sanitaire de Pouytenga depuis 2014. «Quand nous recevons un patient à notre niveau, si son cas n’est pas urgent, on le programme pour l’intervention. Par contre pour les situations urgentes, nous avons mis en place un système pour les prendre en charge automatiquement. Nous avons un kit de produits au bloc que nous proposons aux patients dont les cas sont urgents. C’est une initiative que le groupe du bloc opératoire à mise en place dans le but d’aider les patients.
Pour une intervention, le patient doit verser la somme de 60 000F dont 11 000 francs pour l’intervention et 49 000 francs pour les produits et consommables que nous avons utilisés », a-t-il expliqué.
Ce fut le tour de l’attaché en anesthésie, Y. N. d’expliquer ces manœuvres devant les juridictions. Il a fait savoir que dans les cas urgents il percevait la somme de 60 000F qui était méconnue de la hiérarchie. « Notre supérieur hiérarchique n’est pas informé de cette initiative. C’est du fait que certains patients sont à cours d’argent et à la demande d’autres que nous leur proposons cela », a-t-il souligné.
Le sixième à comparaitre était B. B. attaché en chirurgie au CMA de Pouytenga. Lui, il a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés. « Je viens de prendre service à Pouytenga il y a à peine trois mois de cela. Je n’ai jamais pris de l’argent avec un patient pour effectuer une intervention. C’est ici que je viens de découvrir que le kit qui se trouve au bloc opératoire est né de la volonté du personnel du bloc », a-t-il laissé entendre.
Egalement, l’attaché en chirurgie Z. T. a expliqué à son tour ce qu’il sait de cette affaire. « Nous étions huit à mettre cette initiative en place courant 2020-2021. L’objectif était vraiment d’aider ceux qui étaient dans l’urgence. Moi personnellement j’ai pris une somme de 60 000francs avec un patient mais rien n’est resté sur moi », a-t-il révélé.
La dernière personne à comparaitre fut M. G. attaché en anesthésie au district sanitaire de Pouytenga. Il dit n’avoir jamais été associé à cette initiative. « Je suis au bloc opératoire depuis 2018. Je ne suis pas informé de ces actions. Au regard de mon ancienneté, il y a certaines pratiques qui ne m’intéressent pas. Je n’ai jamais assisté à une réunion pour la mise en place de ce système de fonctionnement», a-t-il affirmé.
En rappel, pour des raisons de sécurité, le procès a été suspendu pour reprendre le mardi 14 juin 2022. Les six agents qui étaient détenus ont été mis en liberté provisoire.
Source : Agence d’information du Burkina
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