«Lutter contre le terrorisme ne dispense pas l’État de son obligation de respecter les droits humains» (Ali Sanou, SG du MBDHP)

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Le Centre national de presse Norbert Zongo a tenu son premier club de presse de l’année ce vendredi 17 février 2023 sur le thème «Problématique de la stigmatisation et des exécutions extra judiciaires dans la lutte contre le terrorisme : État des lieux, comment y remédier ?». Pour ce premier numéro, le comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo a jeté son dévolu sur le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) pour traiter de cette thématique. 

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Ali Sanou, secrétaire général du MBDHP a rappelé à l’entame de sa communication que depuis 2015 avec le début des premières attaques terroristes au Burkina Faso jusqu’à ce jour, les droits humains sont violés.

À côté de la violation des droits humains, Ali Sanou a affirmé qu’on assiste de plus en plus à la montée d’un sentiment de stigmatisation au sein de certaines communautés.

«Et ce sentiment qui se développe de plus en plus met à mal l’unité nationale, la cohésion sociale. Et justement, il est alimenté par la prolifération des exécutions sommaires et extra judiciaires ainsi que des disparitions forcées qui sont dénoncées par beaucoup d’acteurs nationaux», a-t-il mentionné.

Subdivisant sa communication en trois angles, le secrétaire général du MBDHP a, en premier lieu noté que le terrorisme est d’abord et avant «une atteinte aux droits humains». En second lieu, Ali Sanou a indiqué que l’État a des responsabilités dans la lutte contre le terrorisme et dans la protection des «civils désarmés». En dernière position, il parle des exécutions sommaires et extra judiciaires qui selon lui, sont des facteurs d’aggravation du sentiment de stigmatisation.

Sur la première partie de sa communication, le «terrorisme, une atteinte aux droits humains», Ali Sanou a déploré le fait que l’action des défenseurs des droits humains n’est pas comprise par l’opinion publique. «Malheureusement, certains vont jusqu’à nous taxer de défenseurs des terroristes. Comment peut-on défendre, le droit à la vie et puis défendre des groupes armés terroristes ?», s’est-il questionné en soulignant que le terrorisme vise à détruire les droits de l’homme et l’État de droit.

«Les terroristes s’attaquent aux valeurs et aux principes cardinaux des droits humains tels que le respect de la dignité de la vie humaine, la protection de la population civile, la tolérance entre les peuples (…)», a-t-il éclairé.

Pour Ali, le terrorisme est la négation des droits de l’homme. «Aucun défenseur des droits humains, c’est bon de le préciser, ne saurait donc défendre le terrorisme encore moins défendre les auteurs d’actes terroristes», a-t-il soutenu.

Les responsabilités de l’État dans la lutte contre le terrorisme

S’agissant du 2e volet de sa communication, «les responsabilités de l’État dans la lutte contre le terrorisme», Ali Sanou a confié que l’État est chargé de garantir l’effectivité des droits humains.

Ali Sanou, secrétaire général du MBDHP

«On dit généralement que l’État a trois niveaux de responsabilité en matière des droits humains. Le premier c’est de respecter les droits humains c’est-à-dire l’État lui-même ne doit pas mener des actions qui violent les droits humains.

L’État a l’obligation également de protéger les droits humains c’est-à-dire l’État doit non seulement respecter mais il doit prendre des mesures pour que des tiers ne violent pas les droits humains (…). La dernière obligation de l’État c’est de réaliser les droits humains c’est-à-dire l’État doit prendre des actions positives pour permettre aux citoyens de pouvoir jouir et d’exercer leur liberté fondamentale», a-t-il détaillé.

Partant de ces obligations, le secrétaire général du MBDHP a indiqué que l’État a l’obligation de protéger les populations civiles contre les attaques terroristes en prenant des mesures efficaces pour non seulement prévenir les attaques mais aussi poursuivre les auteurs.

L’utilisation de la «force létale»

Rebondissant sur le 3e point de sa communication, Ali Sanou a confié que l’utilisation de la «force létale» peut être félicitée quand elle est utilisée de manière professionnelle. Il a poursuivi que l’État en prenant des mesures pour protéger les populations civiles doit veiller à ce que les «civils désarmés» ne soient pas victimes de son action anti-terroriste.

«C’est-à-dire lorsqu’il (l’État) mène des actions de lutte contre le terrorisme s’il y a un traitement pour les combattants, il y a un traitement pour les civils désarmés. Ceux-ci ne doivent pas être victimes de son action anti-terroriste. Et cela permet de nouer une relation de confiance entre l’État et les populations, et de faire de ces populations, les alliés objectifs dans la lutte contre le terrorisme. Aucune armée au monde des plus puissantes aux moins puissantes ne peut faire l’économie du soutien populaire pour gagner une guerre. Le soutien populaire est un élément important qui peut être décisif », a-t-il affirmé.

À propos, il a fait entendre que les exécutions sommaires et extra judiciaires portent atteinte à cette obligation de l’État. «Lutter contre le terrorisme ne dispense pas l’État de son obligation de respecter les droits humains. Au nom de la lutte anti-terroriste, on ne peut pas et on ne doit pas tout se permettre. N’oublions pas qu’il y a un droit de la guerre qui existe et quand on viole ce droit de la guerre, on peut être poursuivi pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité », a-t-il averti.

Ali Sanou a fini son exposé en rappelant qu’au nom de la lutte contre le terrorisme, on ne peut pas se permettre de commettre des cas de privation arbitraire de droit à la vie tels que des exécutions sommaires et extra judiciaires et les disparitions forcées.

Willy SAGBE

Burkina24 

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Un commentaire

  1. « Au nom de la lutte anti-terroriste, on ne peut pas et on ne doit pas tout se permettre. N’oublions pas qu’il y a un droit de la guerre qui existe et quand on viole ce droit de la guerre, on peut être poursuivi pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité »
    Allez-y enseigner vos cours de droits aux terroristes aussi. Ils ont beaucoup besoin de ça. Sinon, c’est la loi de Talion qui sera appliquée.

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